Divorce, répudiation, Montesquieu, égalité homme femme, société patriarcale, conditions des femmes, adultère, mariage, puissance de l'homme, indissolubilité du mariage, christianisme, Antiquité
« Entre les lois que fit Romulus, il y en a une qui paraît très dure ; c'est celle qui, en défendant aux femmes de quitter leurs maris, autorise les maris à répudier leurs femmes quand elles ont empoisonné leurs enfants, qu'elles ont de fausses clefs, ou qu'elle se sont rendues coupables d'adultère. » (Dictionnaire des antiquités de Daremberg & Saglio - Plutarque, "Vie Des Hommes Illustres - Romulus" - XXIX), telle serait la première loi décidée par Romulus.
Cette règle découle de la condition des femmes dans la société patriarcale de la Rome archaïque ; celles-ci étaient placées sous l'autorité et la protection de leur mari, la manus, avant de s'unir dans les liens du mariage.
Cependant, cet état d'esprit a évolué au fil des siècles comme en témoigne Charles-Louis de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu, dans le Chapitre 15 du Livre XVI d'une de ses oeuvres majeures De l'Esprit Des Lois publié en 1748.
[...] Néanmoins, Montesquieu insiste sur le caractère différent de l'usage de ce droit par l'homme ou la femme : la répudiation n'est qu'un triste remède (l.9) pour la femme. En effet, la femme n'a qu'un seul mari, tandis que l'homme possède plusieurs femmes. Dans les climats où les femmes vivent sous un esclavage domestique, il semble que la loi doive permettre aux femmes la répudiation, & aux maris seulement le divorce. (l. 15-16). En effet, une femme répudiée peinerait à retrouver un homme ; qui lui en revanche, n'aurait aucun mal à trouver de nouvelles femmes. [...]
[...] Pour conclure, dans son Chapitre 15 du livre XVI de l'Esprit des Lois, Montesquieu se livre à une critique de la répudiation, acte inégalitaire entre l'homme et la femme. Au-delà de l'octroi de ce droit de répudier à la femme, le philosophe plaide en faveur du divorce, acte de dissolution du mariage plus respectueux de la volonté des deux parties et permettant une égalité entre les sexes. Ce n'est que 44 ans après la publication de cet ouvrage que le divorce est autorisé en France par la loi du 20 septembre 1792 avant d'être interdit de nouveau à l'occasion de la Restauration par une loi de 1816. [...]
[...] Le divorce, le respect de la volonté des deux parties Il y a cette différence entre le divorce & la répudiation, que le divorce se fait par un consentement mutuel à l'occasion d'une incompatibilité mutuelle [ . ] (l. Dès la première phrase du chapitre 15, Montesquieu prend parti pour le divorce en l'opposant à la répudiation et en insistant sur l'aspect mutuel et consenti de l'acte. Montesquieu plaide en faveur du divorce au XVIIIe siècle. L'interdiction du divorce date du XVIe siècle car l'Église prônait l'indissolubilité du mariage qui est un sacrement. [...]
[...] Sous la pression du Concile de Trente, le divorce est interdit en 1563. À l'époque, il était possible de considérer qu'autoriser le divorce reviendrait à transformer l'adultère en union légitime. [ . ] le divorce semble être une affaire de conseil (l. 28-29). Montesquieu oppose l'acte irréfléchi, irrationnel de la répudiation au divorce, plus réfléchi, plus respectueux des deux parties notamment de la femme dont la volonté est également prise en compte. Le divorce a ordinairement une grande utilité politique ; & quant à l'utilité civile, il est établi pour le mari & pour la femme, & n'est pas toujours favorable aux enfans. [...]
[...] Il est possible de conclure en un acte irréfléchi voire irrationnel de la part de l'homme qui ne prendrait pas la mesure des effets que cela peut produire pour son épouse. Montesquieu évoque deux lois, celle des Maldives et celle du Mexique. La première permet de reprendre une femme répudiée tandis que la seconde défendoit de se réunir, sous peine de la vie. (l.23) et autorise le divorce. Il affirme que la loi du Mexique est la plus sensée car elle songeoit à l'éternité du mariage (l.24) alors que celle des Maldives semble se jouer également du mariage & de la répudiation. (l. [...]
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