Marché du carbone, impact moral des marchés, Michael Sandel, Ce que l’argent ne saurait acheter, l’économie des incitations
Si, dans les années 1960, un célèbre groupe de rock anglais affirmait que l'argent ne pouvait pas acheter l'amour, l'économie a depuis avancé, au point de désormais s'immiscer dans tous les aspects de la société. Que ce soit dans les relations personnelles, la vie de famille, la santé, l'éducation, la politique, la vie civique : les mécanismes économiques de l'équilibre offre-demande se sont généralisés, affectant la société morale.
C'est contre ce constat que s'élève le philosophe politique Michael Sandel, dans son livre What money can't buy.
[...] Est-ce que nous voulons une société où tout est disponible à la vente ? Ou y a-t-il certains biens moraux et civiques que l'argent ne saurait acheter ? Certaines critiques peuvent cependant être émises quant au livre de Sandel. Ainsi, il ne fait que décrire les évènements dans lesquels le marché a pris le pas sur la morale et l'éthique, et ne propose pas de solution. Faut-il légiférer l'économie des incitations ? Quelles sont les valeurs non marchandes que la société doit défendre ? [...]
[...] Un des exemples présents dans le livre pourrait résumer toute la thèse de Sandel. Cela concerne une garderie israélienne qui a répondu au problème des parents en retard à la fin de la journée, en introduisant des amendes pour retard. Résultat : les retards ont augmenté substantiellement. Sandel explique que l'appréhension d'arriver en retard était jusqu'alors causée par des valeurs non monétaires, comme le respect des éducateurs de la garderie et de son enfant ; jusqu'à ce qu'on intériorise les retards par une taxe qui a normalisé le retard. [...]
[...] Un bien public devient alors commercialisé et monétisé. Cette marketisation a deux conséquences qui structurent l'analyse de Sandel : tout d'abord, ce processus est injuste socialement ; ensuite, il corrompt et dégrade les biens ou pratiques ainsi commercialisés. Ainsi, Sandel développe la thèse que dans une société où tout est à vendre, la vie est encore plus difficile pour les plus pauvres : plus l'argent peut acheter de choses, plus la richesse (ou son absence) importe Par exemple, un individu issu d'une famille aisée pourra bénéficier d'un meilleur accès à l'éducation ou à la santé, faire entendre sa voix lors des campagnes électorales en finançant un parti La société de marché peut donc améliorer qualitativement la vie quotidienne des plus aisés, et au contraire abaisser le niveau de vie des plus pauvres : la répartition des revenus et de la richesse pèse alors de plus en plus lourd. [...]
[...] Ce sont des questions auxquelles il faudrait répondre pour remédier à cette marchandisation de la société, critiquée par Sandel. En conclusion, la critique majeure de Sandel est fondée sur l'économie des incitations et de la maximisation totale de l'utilité dans une approche marchande. Sandel ne critique pas l'économie en tant que telle, puisqu'il affirme que pas d'autres mécanismes dans l'organisation de la production et la distribution des biens n'a été aussi efficace pour générer la richesse et la prospérité Il accuse l'emprise de l'économie sur des sphères qui ne lui étaient jusqu'alors pas réservées. [...]
[...] C'est contre ce constat que s'élève le philosophe politique Michael Sandel, dans son livre What money can't buy. Selon lui, le monde occidental a viré d'une économie de marché à une société de marché, que ce soit en termes d'accès à l'éducation et à la justice, ou d'influence politique. Ainsi, il propose par exemple de payer un surplus pour obtenir une meilleure cellule en prison ou pour permettre à son entreprise d'émettre plus de particules polluantes (marché du carbone). Cette critique d'une société de marché tournée vers la croissance et la consommation n'est pas sans rappeler celle formulée par le professeur Serge Latouche. [...]
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