En indiquant sobrement à l'article 7 de la Charte des Nations Unies que l'ONU comporte, d'une part des organes principaux (au nombre de 6) et d'autre part des organes subsidiaires, les rédacteurs de 1945 n'imaginaient certainement pas à quel point cette configuration institutionnelle allait subir des transformations profondes et entraîner tout à la fois des déséquilibres et une hypertrophie des structures de l'organisation. La suprématie des organes interétatiques (Assemblée générale, Conseil de sécurité ou même Conseil économique et social) n'a certes jamais été entamée, mais elle est aujourd'hui largement marquée par l'emprise qu'exerce un nombre restreint d'Etats, à travers les moyens juridiques (procédure au sein du Conseil de sécurité), militaires, politiques et financiers.
Sous cet aspect, l'Assemblée générale a beau faire toujours figure, plus de six décennies après la création de l'ONU, de dépositaire de la légitimité conférée aux Etats membres (entre autres, par le biais de la consécration du principe d'égalité et de souveraineté des Etats), elle doit de plus en plus composer avec d'autres organes (principaux et subsidiaires) et subir la dure loi des rapports de force qui sous-tendent les relations internationales. Le tableau ne serait pas complet si on n'ajoutait pas que les organes administratifs (le Secrétariat en particulier) sont parfois en mesure, à travers la multiplicité des tâches incombant aux Nations Unies, de peser sur les décisions des Etats, et que les organes juridictionnels, pourtant créés par les organes interétatiques, vont dans les faits afficher une autonomie que requiert la mission qui leur est confiée.
[...] Au fil des ans et des situations conflictuelles auxquelles l'ONU a été confrontée, la fonction de Secrétaire général est devenue éminemment politique et son élection ne pouvait ainsi échapper à de multiples considérations, mêlant tout à la fois la personnalité des candidats à ce poste, et surtout, des enjeux politiques et stratégiques tout particulièrement pour les cinq membres permanents du Conseil de sécurité. De ce point de vue, l'élection du Ministre des Affaires étrangères de Corée du Sud, Ban Ki moon, s'inscrit dans la continuité de la désignation des secrétaires généraux de l'Organisation depuis 1946, tant en ce qui concerne le rôle prépondérant du collège des membres permanents du Conseil de sécurité, que l'interférence des facteurs politiques dans le choix final. [...]
[...] Cette révision ponctuelle (et limitée) de la composition du Conseil est intervenue à la suite d'un vote de l'Assemblée générale (le 17 décembre 1963) et selon les modalités prévues par l'article 108 de la Charte (ratification par les 2/3 des membres de l'organisation, y compris par les membres permanents du Conseil de sécurité). Une semblable stabilité institutionnelle n'avait pas eu lieu au temps de la SDN où le nombre des membres permanents a été très fluctuant. En revanche, le problème du veto ne se posait pas au sein d'un organe appelé à délibérer à l'unanimité. Le second effet de la vision qu'ont toujours eue les USA de leur rôle au sein de l'ONU, c'est d'avoir rendu difficile tout élargissement ultérieur du Conseil de sécurité. [...]
[...] Si certaines institutions internationales à l'image de l'Organisation internationale du travail (OIT) ont adopté un mécanisme de large consultation pour la nomination du chef du secrétariat, tel n'est toujours pas le cas à l'ONU. Les termes laconiques de l'article 97 de la Charte n'ont guère autorisé à ce jour la moindre entorse à l'emprise politique du Conseil de sécurité sur la procédure de nomination du secrétaire général. La transparence récemment introduite dans les débats du Conseil (votes indicatifs permettant de mieux évaluer les chances des candidats et d'affiner le profil du prochain Secrétaire général) n'a guère entamé la primauté des cinq membres permanents. [...]
[...] C'est en son sein que les antagonismes Est-Ouest et Nord-Sud ont été le plus exacerbés. Le face à face américano-soviétique, arbitré épisodiquement par les pays en développement, n'a pas empêché pour autant l'Assemblée générale d'être un lieu de débat sur les grandes questions internationales, notamment sur le désarmement (Traité de non-prolifération de 1968 qui d'une certaine manière, consacré le monopole de la possession de l'arme nucléaire des cinq membres permanents) et d'avoir initié la conclusion de grands traités internationaux qui constituent aujourd'hui la principale source du droit international (relations diplomatiques et consulaires de 61 et 63 ; droit des traités 1969 ; droit de la mer, 1982). [...]
[...] Leur mission, dont la durée est très variable (de quelques semaines à plusieurs années) est étroitement liée au développement exponentiel des activités de l'ONU, notamment à l'ampleur et au plus grand nombre d'opérations de maintien de la paix, dont les effectifs sont évalués désormais à près d'une centaine de milliers de personnes (des militaires comme des civils). C'est bel et bien un Secrétariat étoffé, actif sur la scène internationale et présent dans les nombreux domaines où les Nations Unies sont impliquées, que le Sud Coréen Ban Ki moon dirige depuis le 1er janvier 2007. [...]
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