En Turquie, le port du voile islamique à l'université ne trouve pas d'accommodement. Malgré une forte protestation dans les milieux kémalistes et laïcs, le parlement turc a adopté, jeudi 7 février, un amendement à la Constitution, levant ainsi l'interdiction qui pesait sur le port du voile à l'université.
Une victoire éclatante des milieux conservateurs.
Le texte controversé a été adopté sans difficulté aucune puisque les deux partis majoritaires, l'AKP et le parti de l'extrême-droite nationaliste turque (MHP) sont favorables au projet (...)
[...] Enfin, elle pousse les intellectuels à se poser la question suivante : l'islam est-il soluble dans la démocratie ? Un pays, deux idéologies Depuis 85 ans déjà, i.e. depuis la fondation de la République laïque de Turquie par Mustafa Kemal Atatürk, dans la société, le torchon brûle entre les modernistes, partisans du président Kemal, surnommé “Atatürk”, le “Père des Turcs” et les milieux conservateurs religieux. Prise en étau entre deux idéologies : le kémalisme laïciste et l'islamisme modéré, la Turquie moderne est double. [...]
[...] L'AKP estime donc que l'interdiction du port du voile dans les amphithéâtres turcs porte atteinte à la liberté de conscience et au droit à l'éducation des jeunes femmes refoulées des universités en raison de leur tenue Pour finir, le débat sur le voile et de façon générale, la popularité du parti AKP cristallisent un phénomène bien réel : après des années d'unipartisme, puis de multipartisme contrôlé, le kémalisme se trouve à bout de souffle et en minorité face à un parti certes islamiste modéré, mais qui utilise bien la voie démocratique pour faire adopter ses projets de loi et ses réformes qui risquent fort d'écorner 80 ans de laïcité et de modernité imposées par le haut Bibliographie Articles scientifiques et études universitaires BURDY (Jean-Paul) et MARCOUX (Jean), Histoire et actualité de la laïcité en France et en Turquie», in Cemoti (Cahiers d'étude de la méditerranée orientale et du monde turco-iranien) 19 : Laïcité(s) en France et en Turquie http://cemoti.revues.org/document205.html SADAY (Céline), Naissance et développement de la propagande kémaliste à l'égard de l'Occident, 1923-1938 : analyse de sa structure et de ses supports, mémoire de maîtrise, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris SADAY (Céline), Etude de l'Ankara, édition française de l'Ulus, Ankara, 1934- numéros, mémoire de maîtrise, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris Articles de presse “Importante mobilisation en Turquie contre le voile islamique dans les universités” Le Monde février 2008 Turquie, le Parlement autorise le port du voile à l'université” Le Monde février 2008 Le tchartchaf, littéralement en turc le est un vêtement drapé de couleur sombre destiné à couvrir le corps de la femme de la tête aux pieds. Dans l'Empire Ottoman, le port de ce vêtement était obligatoire pour les jeunes filles dès l'âge de 13 ans lors de sorties en public. [...]
[...] Il mène la vie dure aux coutumes religieuses tenaces de la législation turques, par exemple en décrétant la fermetures des tribunaux islamique où était pratiqué la charia, la loi islamique, ou encore en introduisant le mariage civil au détriment du mariage religieux. La libération de la condition de la femme est une autre tendance remarquable du kémalisme des années 1920 à 1940 : les jupes se racourcissent, le port du tchartchaf[1] est aboli et la femme, qui peut, tout autant que l'homme, être dotée d'un intellect, peut se servir de celle- ci et accéder aux plus hautes fonctions. [...]
[...] Les enjeux L'adoption de ce texte constitue un tournant dans l'Histoire politique et institutionnelle de la Turquie. La question du port du foulard islamique ébranle la laïcité la turca” et heurte de plein fouet la liberté insufflée à la condition de la femme par le pouvoir kémaliste dès les années 1920. Parallèlement, elle redonne de la vigueur à la traditionnelle opposition entre le kémalisme et le conservatisme religieux, qui connaît un renouveau depuis les années 1970 dans la plupart des pays du Proche et du Moyen-Orient. [...]
[...] Le multipartisme, la première brèche à l'islamisme Après la seconde guerre mondiale, le système kémaliste décline et l'autorisation du multipartisme et de la démocratie parlementaire en 1946 ouvre la brèche à la seconde idéologie régnant dans le pays, celle rêvée par les conservateurs religieux tus jusque-là : l'islamisme. En 1950, le Parti Républicain du Peuple i.e. le parti kémaliste perd le pouvoir au profit du Parti Démocrate, voix politique des campagnes, des petites villes et des forces religieuses, toutes opposés à la modernisation autoritaire et à la laïcisation imposée par le kémaliste. [...]
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