« Si vous fermez les yeux aujourd'hui sur cet acte unilatéral et illégal, qui vous dit qu'une partie de votre propre pays ne proclamera pas un jour à son tour son indépendance de la même manière illégale ? Êtes-vous conscients du précédent que cela représente et des conséquences catastrophiques qu'il pourrait avoir ? » C'est en ces termes que s'est exprimé le Président Tadic au sein des Nations unies, suite à la déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo, ayant vu différents membres du Conseil de Sécurité le reconnaitre en tant qu'entité indépendante. À cette occasion, le Président de la Serbie considère que par cet acte les États ayant reconnu le Kosovo ouvrent en quelque sorte la « boîte de pandore ». En effet, ces derniers pourraient, comme le Kosovo et la Serbie, connaître le même désir de déclarer leur indépendance.
Le 17 février 2008, par une déclaration, le Kosovo déclarait unilatéralement son indépendance. C'est-à-dire que par cet acte le Kosovo entendait exercer par lui-même l'ensemble des compétences internes et externes sans subordination à un autre État ou à une autorité internationale, tout en continuant à observer le respect du droit international. Il en découle dès lors qu'il s'identifie comme un État. Néanmoins, il est à noter que cet « État », terme dont se réclame le Kosovo, a depuis son origine connu une évolution historique quelque peu mouvementée, sur laquelle il apparaît nécessaire de revenir afin de situer au mieux le contexte entourant cette déclaration d'indépendance. En effet, cette région constitue pour les Serbes « le cœur mythique et historique de leur nation » , du fait que le 28 juin 1389, sur le « champ des merles » , se déroula la bataille de Kosovo Polje, qui vit la Serbie tomber sous la tutelle ottomane. Il considère donc le Kosovo comme leur terre sainte, qu'il faut conserver, car y porter atteinte ce serait fouler l'identité même des Serbes. Par suite, ayant donc appartenu successivement à de nombreux États, ce n'est qu'à partir du XXe siècle qu'il forme une partie intégrante de la Serbie au sein de la RSFY. Mais le refus des communautés yougoslaves de vivre ensemble a eu des conséquences désastreuses et, comme le souligne à juste titre le professeur Kherad, la tragédie yougoslave illustre bien la vision de René-Jean Dupuy, tenant au fait que « la nation rénanienne est dans la détresse. Nombreuses sont, à travers les États, les communautés qui ne veulent plus vivre ensemble, mais entre elles ».
La guerre du Kosovo apparaît comme illustrant cette idée, ainsi que le souligne le professeur Austin, « Le cas du Kosovo c'est le problème le plus difficile laissé par la désintégration de la Yougoslavie, et c'est pour ça qu'on l'a gardé pour la fin » . En effet, le Kosovo a été au centre de nombreux conflits. Ces derniers ne sont que le résultat de tensions présentes depuis 1987 entre les populations slaves, illyriennes et albanaises. En avril 1987, Slobodan Milosevic est élu président du présidium du comité central de la ligue des communistes de Serbie. S'opposant aux discriminations pratiquées par les autorités albanophones du Kosovo, dont les minorités serbes présentes sur ce territoire furent victimes , il va rompre avec une tradition, qui avait été initiée par Tito consistant au rejet de toute idée nationaliste au sein de la Yougoslavie pour préserver une cohabitation indispensable à l'équilibre de toute une région.
Ces problématiques se justifient au regard de la situation actuelle du Kosovo, au lendemain de cette déclaration unilatérale d'indépendance. De même la question de la reconnaissance pratiquée par différents États, qui est sujette à débat entre ces derniers. Enfin, le problème d'autres minorités pourrait se poser dans d'autres États, créant ainsi un morcellement territorial sans précédent.
[...] Le Monde diplomatique février 2008. Jean-Arnault Dérens, Rêves dangereux d'une Grande Albanie Le Monde diplomatique, juillet 2006 ; p Traités et textes officiels - Convention: Charte des Nations unies du 26 juin 1945. - Résolutions : Résolution 1514 de l'Assemblée générale des Nations unies, en date du 14 décembre 1960, relative à la déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux peuples et pays coloniaux. Résolution 1541 de l'Assemblée générale, en date du 15 décembre 1960, relative aux Principes qui doivent guider les États membres pour déterminer si l'obligation de communiquer des renseignements, prévue à l'alinéa e de l'Article 73 de la Charte, leur est applicable ou non. [...]
[...] Sur ce chef, il faut rappeler que la C.I.J, à plusieurs reprises, a admis l'existence d'une obligation de ne pas reconnaître une entité créée en méconnaissance ou en violation des règles du droit international. Ce qui implique dans le cas du Kosovo, comme nous avons pu le voir que l'indépendance était à la base issue d'une conduite sécessionniste. Ce procédé n'étant pas reconnu par le droit international. Il suit que le Kosovo a donc acquis son indépendance à travers des actes contraires aux règles internationales et en violation de celles-ci. [...]
[...] Ce discours nationaliste pèche par un oubli majeur : celui des autres communautés nationales qui vivent, aux côtés des Albanais, dans les régions considérées En revanche, les Serbes de Bosnie-Herzégovine pourraient profiter cette indépendance unilatérale pour réclamer, à leur tour, le droit à l'autodétermination. Sachant que la Bosnie ne parvient pas à sortir d'une interminable crise politique, l'indépendance du Kosovo a pour conséquence d'accentuer encore plus les conflits internes à cette république. Dans d'autres régions du globe, il apparaît qu'il pourrait exister des zones où des peuples aspirent aux mêmes droits. Le cas de la France, de la Catalogne, de Taïwan et du Tibet semble pouvoir retenir notre attention du fait de leur situation particulière. [...]
[...] François-Georges Dreyfus, Le Kosovo, les Balkans et l'Europe Géostratégiques, juillet 2008, p Marcelo G. Kohen, op. cit., p Déclaration du ministre des affaires étrangères sur la déclaration d'indépendance du Kosovo [...]
[...] [105] Kosovo-Ossétie : cherchez la différence [...]
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