Depuis la prise de Bagdad par les forces américaines le 9 avril, le musée national, Le Musée archéologique de Bagdad, la Bibliothèque nationale et la bibliothèque islamique, les archives nationales ainsi que d'autres sites culturels ont été pillés ou parfois incendiés. On ne sait pas si les actes de saccage étaient intentionnés on spontanés. Mais on sait bien que les troupes d'occupation en avaient la responsabilité. Une clause de la « Convention sur la protection des biens publics en cas de conflit armé » adopté en 1954 à La Haye par l'Unesco stipule: « Le pays occupant et son armée doivent prendre les mesures indispensables pour protéger les biens culturels d'être endommagés par les actions militaires dans le territoire occupé ». La Convention de La Haye oblige les parties en guerre à protéger le patrimoine culturel du lieu du conflit; mais les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ne l'ont pas signée.
Le décor est planté: un trésor hérité de civilisations anciennes (et pas des moindres): civilisations de Sumer, d'Akkad, de Babylone et d'Assyrie, auxquelles l'humanité doit entre autre l'écriture, le calcul et ses premières villes ; une guerre accompagnée de pillages; une législation internationale cohérente qui prévoit la protection du patrimoine culturel en cas de guerre et d'occupation d'un territoire… Mais d'une inefficacité déplorable; donc, un enrichissement des réseaux de trafic internationaux en tout genre et des collectionneurs privés, en majorité occidentaux; et au final, un appauvrissement du patrimoine de l'humanité (puisque les pièces ne sont pas prêtes à refaire surface); et dans le rôle de l'ennemi, un peuple dont la culture est anéantie, réduite à néant, c'est-à-dire dont l'identité même est niée.
La notion de pillage couvre à la fois les notions de vole et de dégâts. Le pillage culturel est une pratique déjà évoquée dans un des documents les plus anciens du droit de l'Egypte des Pharaons. Il a souvent été inspiré par les religions et le fanatisme. Les Grecs avaient inventé le mot « iconoclaste » (briseur d'image) qui a été remis au goût du jour sous Léon III, empereur Byzantin du VIIème siècle qui interdisait l'iconolâtrie et en France pendant les guerres de religions, par exemple.
Le terme « patrimoine » quant à lui signifie étymologiquement, « ce qui est hérité des pères », ce qui est considéré comme une propriété transmise par les ancêtres. Le patrimoine relève donc tout à la fois de l'héritage, du legs, de la possession, que du domaine de l'identité, d'où l'enjeu primordial qu'il représente dans les processus de domination.
Paradoxalement, l'attention portée au patrimoine durant les dernières décennies a favorisé le commerce illicite. Source de profit, le pillage du patrimoine culturel alimente désormais toute une économie parallèle, spécialement, bien sûr dans les pays instables politiquement et dans les « nouvelles démocraties » d'Europe où on assiste à une véritable hémorragie.
Aussi peut-on s'interroger sur le rôle que joue le patrimoine culturel dans les processus de domination et la protection que lui réserve la communauté internationale.
[...] L'Unesco et la communauté internationale se sont mobilisés pour préserver le patrimoine irakien, ce qui est déjà le signe d'une certaine prise de conscience. Suite aux pillages le directeur général de l'Unesco Koïchiro Matsuura a aussitôt saisi les autorités américaines et britanniques et leur a demandé de prendre immédiatement les mesures de surveillance et de gardiennage des sites archéologiques et institutions culturelles irakiens. L'Unesco a également pris contact avec les pays limitrophes de l'Irak pour éviter "l'exportation illicite de biens culturels irakiens''. [...]
[...] - Stéphane Rosière, Géographie Politique et Géopolitique, Une Grammaire de l'Espace Politique, Ellipses - Dominique Audrerie, Raphaël Souchier et Luc Vilar, Le Patrimoine Mondial, collection Que sais-je ? , PUF 1998. - Stéphane Rosière, Le programme de systématisation du territoire roumain, in Dossier : Roumanie, Pour servir l'histoire d'une libération, Les Temps Modernes, N°522, pp.46-82. - Dir. Serge Cordellier, Le nouvel Etat du Monde : les idées-forces pour comprendre les nouveaux enjeux internationaux, La Découverte - Le courrier de l'UNESCO. Sites Internet www.european-heritage.net www.europa.eu.int www.unesco.org/culture/worldreport www.reseauvoltaire.net www.lemonde-diplomatique.fr Selon George Ortiz, collectionneur suisse. Selon José Alvarez, expert auprès du conseil de l'Europe. [...]
[...] Cependant, il existe un ensemble cohérent de protections juridiques sur le plan international qui s'érigent en garde-fous contre de telles dérives. II Un ensemble de protections juridiques cohérent . Les notions de bien culturel et de patrimoine culturel La notion de bien culturel figure dans plusieurs instruments juridiques internationaux, même si elle ne fait pas l'objet d'une définition précise. Citée pour la 1ère fois dans la Convention Unesco pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé en 1954, la notion de bien culturel a été pleinement reconnue dans la Convention Unesco de 1970 et dans celle du Conseil de l'Europe de 1985, relative au commerce illicite de ces biens. [...]
[...] Le décor est planté : un trésor hérité de civilisations anciennes (et pas des moindres) : civilisations de Sumer, d'Akkad, de Babylone et d'Assyrie, auxquelles l'humanité doit entre autres l'écriture, le calcul et ses premières villes ; une guerre accompagnée de pillages ; une législation internationale cohérente qui prévoit la protection du patrimoine culturel en cas de guerre et d'occupation d'un territoire mais d'une inefficacité déplorable ; donc, un enrichissement des réseaux de trafic internationaux en tout genre et des collectionneurs privés, en majorité occidentaux ; et au final, un appauvrissement du patrimoine de l'humanité (puisque les pièces ne sont pas prêtes à refaire surface) ; et dans le rôle de l'ennemi, un peuple dont la culture est anéantie, réduite à néant, c'est-à-dire dont l'identité même est niée. La notion de pillage couvre à la fois les notions de vole et de dégâts. Le pillage culturel est une pratique déjà évoquée dans un des documents les plus anciens du droit de l'Egypte des Pharaons. Il a souvent été inspiré par les religions et le fanatisme. [...]
[...] L'exemple de la convention internationale Unidroit est également révélateur. Pour qu'elle entre en vigueur, elle doit être ratifiée par les parlements nationaux des Etats-parties pays ont répondu à cette exigence : la Lituanie, le Paraguay, la Roumanie, la Chine et l'Equateur. La GB et les Etats-Unis ne l'ont ni signée, ni ratifiée autres Etats l'ont signée mais pas ratifiée, parmi ceux-ci figurent des pays disposant d'un prestigieux marché de l'art : Italie, Pays-Bas et Suisse. La France était, en 1999, en voie de ratifier cet instrument qui ne cherche nullement à entraver le commerce de l'art comme le prétendent ses détracteurs, notamment, suisses. [...]
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