Pour Paul Valéry, l'homme ne cesse d'osciller entre ordre et désordre : le premier l'ennuie, le second l'effraie. Tout ordre est fragile, précaire. Lorsqu'il se met en place, porté par le vent de l'histoire ou tout simplement par une puissance hégémonique.
« Guerre, de tout est père, et de tout roi ; les uns, elle les désigne comme dieux, les autres comme hommes ; des uns, elle fait des esclaves, des autres des hommes libres » ; « Nul homme n'est assez dénué de raison pour préférer la guerre à la paix ; en temps de paix, les fils ensevelissent leurs pères ; en temps de guerre, les pères ensevelissent leurs fils ».
Mieux que de longs discours, ces citations de Héraclite et Hérodote résument parfaitement la problématique de la guerre. Phénomène fondamental des relations internationales, la guerre suscite les opinions les plus contrastées et les plus passionnées : d'un côté l'opposition est permanente entre le constat empirique de l'omniprésence de la guerre et l'incompréhension normativité de cette ubiquité ; de l'autre les observateurs annonçant qui le « bel avenir de la guerre » (P. Delmas) qui « l'obsolescence des guerres » (J. Mueller).
La vie de la société internationale a toujours oscillé entre la pacification et la violence. Alors que le dernier quart du XXe siècle voyait disparaître la colonisation, l'apartheid et la guerre froide, le début du XXIe est toujours marqué par la violence internationale, que traduit l'existence d'une trentaine de conflits armés, internationaux ou non, médiatisés ou non. La « communauté internationale » a tenté d'apporter des réponses préventives et répressives à ces phénomènes de violence, qu'il faut d'abord tenter de cerner.
[...] La société civile, via les ONG, serait le vecteur essentiel de l'éthique, parce qu'elle impose la problématique des droits de l'homme aux Etats et propage l'idée démocratique par des canaux transnationaux. Mais le droit ou le devoir d'ingérence correspond à un débat exclusivement franco-français dans le cadre d'une récupération politique et médiatique qui ignore ou rejette le principe de non ingérence dans les affaires intérieures des Etats, et les Nations unies envisagent un système plus respectueux du droit avec la responsabilité de protéger (II). [...]
[...] Par ailleurs, il convient de respecter les quatre principes de précautions suivants : - le principe de bonne intention : le but primordial de l'intervention doit être de faire cesser ou d'éviter des souffrances humaines. Pour satisfaire au mieux le principe de bonne intention, les opérations doivent avoir un caractère multilatéral, et bénéficier du soutien manifeste de l'opinion publique de la région et des victimes concernées ; - le principe de dernier recours : une intervention militaire ne saurait être justifiée que lorsque chaque option non militaire de prévention ou de règlement pacifique de la crise a été explorée, étant entendu que l'on e des motifs raisonnables de penser que de mesures moins radicales n'auraient pas produit le résultat escompté ; - le principe de proportionnalité des moyens : par son ampleur, sa durée et son intensité, l'intervention militaire envisagée doit correspondre au minimum nécessaire pour atteindre l'objectif de protection humaine défini. [...]
[...] Il ne s'agit donc pas de trouver des substituts au Conseil de sécurité en tant que source de l'autorité mais de veiller à ce qu'il fonctionne mieux qu'il ne l'a fait jusqu'à présent. L'autorisation du Conseil de sécurité doit être, dans tous les cas, sollicitée avant d'entreprendre toute action d'intervention militaire. Ceux qui préconisent une intervention doivent demander officiellement l'autorisation de l'entreprendre. Le Conseil doit alors procéder à une vérification suffisamment approfondie des faits ou de la situation sur le terrain susceptibles de justifier une intervention militaire. [...]
[...] L'illégalité du droit d'ingérence ne peut être contournée par l'invocation de légitimités diverses car ces références lancinantes à la légitimité ne font que masquer grossièrement et vainement l'illégalité de telles immixtions. Loin d'être purement sémantique, le débat autour des concepts d'initiative, d'assistance et d'ingérence, a finalement le mérite de rappeler, d'abord qu'il n'y a à ce jour aucune remise en cause institutionnalisée du principe de non ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat ; enfin, pour porter secours aux victimes par delà les frontières ; il n'y a que l'initiative humanitaire, seul droit conventionnel autorisant tout organisme humanitaire à proposer ses services dans le cadre des conflits armés, et l'assistance humanitaire qui n'est qu'un droit résolutoire des Etats et des ONG à proposer leurs services en corrélation avec le devoir (ou plutôt la possibilité) de l'Etat concerné de l'accueillir favorablement lors de catastrophes naturelles et situations d'urgence du même ordre. [...]
[...] Pour autant, il est abusif de conclure à un droit et encore moins à un devoir d'ingérence humanitaire. Mais à lire les pères fondateurs de ce concept, le droit de Genève semblerait inadéquat ou inexistant : au droit international humanitaire, contraignant, ratifié par tous les Etats, doté d'un organe indépendant (le CICR) pour le faire respecter, le diffuser, le faire évoluer, doit-on préférer la voie de résolutions onusiennes, adoptées au gré de majorités éphémères, avec leur prudence diplomatique, leurs clauses restrictives, ou celle de l'humanitaire d'Etats avec leurs pulsions hégémoniques ? [...]
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