A un relatif désintérêt pour l'Afrique sub-saharienne au sortir de la guerre froide a succédé, depuis le début de la décennie 2000, un réinvestissement notable de la part des puissances extérieures au continent.
Les Etats-Unis, la Chine ou l'Inde y déploient une activité croissante.
Les causes en sont diverses : la richesse en matières premières et en énergie intéresse, tandis que l'instabilité du continent inquiète.
Si l'Afrique sub-saharienne est une terre de contrastes que l'on ne saurait qualifier de façon univoque, elle est aussi un espace de conflits, traversé d'un arc de crise sur une ligne allant du Soudan et de la Corne de l'Afrique au Congo et affecté, dans sa partie occidentale, par une instabilité chronique. En 2003, 20 % de la population du continent et 15 Etats sur 54 étaient touchés par la guerre.
Les causes de ces conflits sont évidemment multiples. Les facteurs culturels, religieux, politiques, militaires, économiques s'entremêlent sur fond de crise de l'Etat.
Les conséquences de ces crises dépassent le simple cadre des Etats : l'entrave au développement, le risque sécuritaire régional, les trafics criminels internationaux, les risques sanitaires majeurs, affectent le continent et au delà, les régions voisines. L'indifférence n'est pas permise et une intervention extérieure peut être nécessaire, parfois sous la forme ultime de l'intervention militaire.
Une intervention militaire extérieure ne règle jamais durablement un conflit. Vécue comme une forme violente d'intrusion, elle peut être un germe d'instabilité supplémentaire. Elle reste le dernier recours en cas de risque majeur pour les populations civiles et de menace pour la stabilité régionale, suscités par de nouvelles formes de conflit, apparues après la fin de la guerre froide, qui les avait précédemment contenus. Surtout, son cadre est devenu particulièrement malaisé dans des contextes où les questions de sécurité intérieure se mêlent aux enjeux de sécurité régionale sans qu'une « agression extérieure classique » soit caractérisée.
Après les événements de Somalie, qui ont conduit à une position de retrait durable des Etats-Unis sur le plan militaire, et la tragédie rwandaise qui a entraîné une révision des positions françaises, les années récentes ont vu la multiplication des opérations de maintien de la paix et l'intervention française en Côte d'Ivoire succéder à l'intervention britannique en Sierra Leone.
A la différence du Royaume-Uni, la France a maintenu une présence très importante en Afrique, mais elle avait renoncé à intervenir seule militairement sur le continent africain, dans le même temps où elle redéfinissait le cadre général de ses relations autour de nouveaux axes politiques : banalisation des relations avec les anciennes colonies, multilatéralisme et partenariat franco-africain.
La France, y compris dans le champ de ses partenariats historiques, n'entend plus être le « gendarme de l'Afrique ».
Sur le plan militaire, cette nouvelle approche a connu sa première application à Abidjan, en 1999, lorsque la France a décidé de ne pas intervenir après le coup d'Etat contre le président Konan Bédié.
Le renoncement par la France de son rôle de Gendarme du Monde, nous conduit à nous poser deux questions fondamentales. Une intervention militaire en Afrique est-elle encore possible et souhaitable ? Qui peut intervenir militairement en Afrique ?
Répondre à ses questions passe par l'étude du dispositif militaire français en Afrique (I), avant d'étudier le rôle de l'ONU en tant que force de maintien de la paix en Afrique (II)
[...] Elles se sont également ouvertes davantage vers le pays d'accueil. Les autorités françaises recherchent la meilleure insertion possible dans l'environnement du pays d'accueil, par le développement des actions civilo-militaires de missions de service public (lutte contre les incendies, sauvetage en mer ) et, plus récemment, par le recours aux bases pour le soutien opérationnel au programme RECAMP[2]. Dans un avenir proche, les forces pré positionnées devraient être amenées à soutenir le développement des organisations sous-régionales. Outre les opérations de maintien de la paix des Nations unies, dans lesquelles la France n'est représentée que par des effectifs très limités, notre pays est présent au Tchad (opération Épervier dans les conditions précédemment évoquées), mais surtout en Côte d'Ivoire, depuis près de quatre ans avec la force Licorne, qui mobilise en moyenne environ hommes. [...]
[...] Qui peut intervenir militairement en Afrique ? Répondre à ses questions passe par l'étude du dispositif militaire français en Afrique avant d'étudier le rôle de l'ONU en tant que force de maintien de la paix en Afrique (II). Le chant du cygne de la présence militaire française en Afrique La France maintient pour une présence militaire importante en Afrique mais celle-ci est appelée à s'effacer pour de multiples raisons La présence militaire française en Afrique : Une présence importante Avec militaires présents sur le continent, ce qui représente un tiers des effectifs français déployés hors du territoire métropolitain, la France est très présente en Afrique sub-saharienne. [...]
[...] La terminologie de ces accords est variable, les accords de défense impliquent une garantie française en cas d'agression. Trois types de mise en œuvre peuvent être envisagés : le rétablissement de la situation interne, la résistance aux mouvements de rébellion soutenus de l'extérieur ou la défense contre un agresseur étatique. Certains accords, conclus par la France au début des années 1960, avec la Côte d'Ivoire, le Gabon ou encore le Tchad sont relatifs au maintien de l'ordre. A l'évidence, une intervention française dans ce domaine peut difficilement être envisagée aujourd'hui. [...]
[...] Dès lors, le maintien de bases militaires, liées à ces accords, est en débat. Pour justifier sa pérennisation, il doit contribuer au renouvellement du partenariat de sécurité de la France avec les Etats africains. Une révision à terme est certainement souhaitable ; elle supposerait cependant que des relais efficaces aient pu être mis en place pour assurer des garanties de sécurité régionale, ce qui n'est à l'évidence pas encore le cas. Les raisons de l'effacement progressif de la présence militaire française Le constat d'une nécessaire rénovation des relations de la France avec le continent africain se traduit parfois par la tentation de la rupture et du désengagement. [...]
[...] Le bilan tiré des opérations de maintien de la paix est mitigé. Forces tampons, elles ne permettent pas d'imposer une solution politique. Forces composites, elles n'ont qu'un degré d'implication limité dans les phases les plus aiguës des crises. Forces d'interposition, elles deviennent parfois un des éléments de la crise. En 2000, un panel de haut niveau[3] avait examiné, à la demande du Secrétaire général, les réformes nécessaires à une meilleure efficacité des opérations de maintien de la paix. La nécessité d'un déploiement plus rapide, de moyens de renseignement accrus, des capacités de dissuasion face aux éléments les plus violents et de mandats mieux définis ont été évoqués Ce bilan est à rapporter aux moyens financiers et organisationnels mis à la disposition des OMP, qui sont limités. [...]
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