Ce thème illustre un invraisemblable paradoxe : les Etats-Unis, première puissance économique du monde, nation de tant de libertés, pays du rêve américain qui pourtant tue ses criminels, parfois même parmi les plus jeunes, alors que de plus en plus de pays ont supprimé ce châtiment, ou tendent vers son abolition.
[...] La peine de mort est devenue un argument politique à part entière. Par ailleurs, depuis l'échec aux élections présidentielles en 1988 de Mickael Dukakis qui s'était déclaré opposé à la peine de mort, face à George Bush, tous les éventuels candidats démocrates par la suite se sont proclamés en accord avec le principe de la peine capitale. Toutefois, on peut noter une rare exception à ce principe en la personne de Mario Cuomo, gouverneur de New York de 1983 à 1995, qui est un farouche opposant à la peine de mort. [...]
[...] Il n'a jamais pu établir que la peine de mort avait un quelconque effet dissuasif. Dans le courant des années soixante et soixante-dix, d'autres études corroborent la thèse de Sellin et affirment que la peine de mort ne dissuade absolument pas les éventuels meurtriers. Pour autant, le nombre des condamnations à mort reste constant avec une moyenne par an d'environ 374 condamnations, entre 1960 et 1970. En 1975, l'économiste Isaac Ehrlich bouleverse l'état de la recherche concernant l'effet dissuasif de la peine capitale. [...]
[...] C'est peut-être la raison qui pousse certains hommes politiques vers des prises de position véritablement radicales. En effet, le gouverneur du Nouveau Mexique, Gary Johnson fait campagne en faveur de l'exécution des enfants. Ce dernier a déclaré au cours d'une conférence de presse qu'il était favorable à la peine capitale pour les mineurs dès l'âge de treize ans. Le sort de la peine de mort se joue le plus souvent sur le plan local, mais au niveau national, son rôle n'est pas des moindres. [...]
[...] Néanmoins, le plébiscite de la population en faveur de la peine capitale entretient sa pratique, multipliant les exécutions ordonnées par les Etats et plus précisément les gouverneurs et les procureurs. En effet, la corrélation entre la politique et l'opinion publique au sujet de la peine de mort est tout à fait colossale, et ce par le fait de différents facteurs que nous allons étudier. B. Comment le débat sur la peine de mort intervient dans le processus électoral La magistrature américaine est particulièrement liée au pouvoir politique. Dans les Etats le gouverneur, le procureur (district attorney) ainsi que les juges sont élus. [...]
[...] Dans ces conditions la peine de mort ne peut vraisemblablement pas avoir d'effet dissuasif pour les criminels de moins de dix-huit ans. Aussi peu nombreux soient-ils, comment et pourquoi quelques jeunes criminels américains cheminent-ils vers les “couloirs de la mort” ? [...]
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