Les caractères des institutions européennes

Extraits

[...] Comme le signale Michel Virally dans son ouvrage L'Organisation Mondiale (Armand Colin, 1972), le Pacte constitutif de la SDN a figuré sous forme de préambule à tous les traités de paix, et notamment au traité de Versailles. Ce pacte de la SDN est ainsi un pilier du règlement de paix de 1919. Il indique néanmoins que pour les acteurs de ce règlement de paix, la première guerre mondiale n'avait pas démontré la faillite du système des Etats nationaux mais seulement les risques mortels auxquels il était exposé si les Etats ne se soumettaient pas à des règles élémentaires et ne disposaient pas des instruments adéquats pour maîtriser les crises (Michel Virally, L'Organisation Mondiale, page 40). [...]

[...] Elle se fonde en quelque sorte sur l'échelle du fédéralisme international que nous avons évoqué. En partant du principe que la question cruciale est celle de l'étude de l'autonomie des organisations internationales, on peut ainsi distinguer, particulièrement en Europe, deux grandes catégories d'organisations internationales : - les organisations de coopération : ce sont les plus nombreuses. Ce sont celles également au sein desquelles les Etats sont les plus prégnants et par récurrence ce sont celles qui disposent de l'autonomie la plus limitée par rapport à leurs membres. [...]

[...] C'est ainsi que le 05 septembre 1944, soit à peine trois mois après le débarquement, naît le traité créant le Benelux préparé par des hommes d'Etat en exil (P.H. Spaak (Belge), Joseph Bech (Luxembourgeois) Arrêtons nous par exemple sur Paul- Henri Spaak : né en 1899 à Bruxelles, il devient avocat en 1921 tout en poursuivant un engagement politique qui le conduira notamment en 1938 à devenir le premier chef du gouvernement socialiste de Belgique. En 1939, c'est en tant que ministre des affaires étrangères qu'il entre dans la guerre. [...]

[...] Tous trois démocrates-chrétiens convaincus, ont connu, dans les faits, la même guerre. Elus à l'époque de l'accession d'Hitler au pouvoir et du déclenchement des hostilités, ils seront arrêtés (Schuman, De Gaspari) ou inquiété (Adenauer) par les nazis et trouveront refuge auprès de l'Eglise dans des monastères (Schuman, Adenauer) ou au Vatican (De Gaspari). Tous trois seront après guerre à l'origine du renouveau de partis politiques qu'ils nourriront de leurs réflexions de guerre et occuperont des postes gouvernementaux décisifs : en 1950, au moment de sa déclaration, Schuman est ministre des affaires étrangères, De Gaspari est quant à lui chef du gouvernement et Adenauer, chancelier de la République fédérale d'Allemagne (RFA). [...]

[...] Roosevelt arbitrera en faveur de l'institutionnalisation universelle et lancera dès la fin 1942 la réflexion sur les Nations Unies. Il n'empêche qu'en ces temps troublés, de nombreuses personnalités européennes exilées aux Etats-Unis ou pilotant de chez eux des prises de position alimentent la discussion en faveur de la création d'institutions proprement européennes. Et dès 1943, la question de l'organisation de l'Europe face aux prétentions de Joseph Staline devra puiser dans cette discussion les réponses pour parvenir à arrimer une certaine Europe au camp américain ; c'est ce que traduira l'offre du plan Marshall. [...]