Acteurs transnationaux, relations transnationales, cadre étatique national
Les relations transnationales désignent toutes les relations sociales qui, par volonté délibérée ou par destination, se déploient sur la scène mondiale au-delà du cadre étatique national et qui se réalisent en échappant au moins partiellement au contrôle ou à l'action médiatrice des Etats . Le terme de « relations transnationales » s'oppose donc ici à celui de « relations internationales », précisément afin de restituer l'idée d'activités développées au-delà du cadre interétatique, et avec des conséquences qui se font sentir au-delà du territoire à partir duquel elles sont engendrées, en transcendant les retenues que pourraient constituer les frontières.
Il convient d'abord d'esquisser une typologie des acteurs transnationaux, en distinguant notamment ceux qui entretiennent une volonté délibérée de jouer un rôle politique sur la scène mondiale, des autres (I). Il faut ensuite analyser leur action à la lumière de leur rapport à l'Etat (II).
[...] Mais on peut également estimer que des passerelles existent entre les deux mondes parallèles Ce dilemme confrontation/coopération s'observe plus largement pour l'ensemble des relations entre Etats et acteurs transnationaux. L'ambiguïté du rapport à l'Etat Entreprise contournant un embargo commercial, groupe religieux s'efforçant d'organiser une manifestation interdite, immigrés passant la frontière clandestinement : la confrontation entre acteurs transnationaux et Etats prend des visages multiples et semble être le mode le plus naturel de leurs relations. Il y a à ceci plusieurs raisons : l'aspiration des acteurs transnationaux à l'autonomie d'action la plus grande possible ne peut qu'entrer en collision avec la logique de souveraineté et la quête de contrôle qui sont celles de l'Etat ; les acteurs privés établissent publiquement, entre plusieurs problèmes, un lien qui embarrasse les politiques étrangères d'Etat (ainsi la dénonciation par Amnesty International de l'Arabie Saoudite, allié des Occidentaux, pour son non-respect des droits de l'homme, ou celle des liens commerciaux avec la Chine) ; Ces mêmes acteurs contribuent à intensifier l'interdépendance qui caractérise la scène mondiale, ce qui complexifie la tâche des politiques étrangères ; Enfin, ils aspirent parfois à remplacer l'Etat dans certains espaces sociaux laissés vacants par ce dernier : la construction de routes ou d'écoles en Colombie par les cartels de drogue, les tâches sociales exercées par le Front Islamique du Salut en Algérie dans les années 1990, suscitent auprès des populations qui en bénéficient autant de sympathie et d'allégeances qui ne vont pas à l'Etat. [...]
[...] Ils n'en constituent pas moins des forces qui remodèlent la politique mondiale par leur circulation : flux économiques et commerciaux, de biens, de capitaux et de services, qui s'intensifient aux mépris des frontières et des douanes ; flux d'information, qui renforcent l'impression de vivre dans un village global A ces flux traditionnels s'ajoutent d'autres types de flux : -flux de modèles politiques qui répandent des modes d'exercice du pouvoir - flux d'individus, de migrants, de travailleurs ou touristes qui, à leur échelle longtemps négligée, contribuent tout autant à transpercer les frontières. Dans cette perspective transnationale en effet, l'individu constitue lui aussi un acteur de la scène mondiale. On mesure là le chemin parcouru par rapport à l'approche réaliste, qui ne considérait que les Etats. L'individu auquel on fait allusion ici, est l'individu anonyme dont la mobilisation importe dans une perspective d'individualisme méthodologique appliquée à une sociologie des relations internationales. [...]
[...] La transnationalité par volonté L'influence croissante des acteurs transnationaux fait l'objet de nombreuses études en sociologie politique des relations internationales. Les plus importants d'entre eux sont dotés de moyens considérables : leurs capacités financières (chiffres d'affaires des grandes multinationales comme Coca Cola ou IBM), leurs moyens en personnels (ONG humanitaire comme MSF), leur capacité de mobilisation (des mouvements religieux comme les Frères Musulmans) sont supérieurs à beaucoup de ministères des affaires étrangères de la planète. Deux facteurs ont contribué à leur essor : les progrès technologiques accompagnant la mondialisation (Internet, communications par satellittes La fin de la Guerre froide (qui soumettaient les acteurs privés au contrôle des gouvernements des superpuissances et de leurs alliés). [...]
[...] Il convient d'abord d'esquisser une typologie des acteurs transnationaux, en distinguant notamment ceux qui entretiennent une volonté délibérée de jouer un rôle politique sur la scène mondiale, des autres Il faut ensuite analyser leur action à la lumière de leur rapport à l'Etat (II). L'essor des relations transnationales On distingue deux types de relations transnationales : par volonté ou par destination La première désigne des activités entretenues à partir d'une stratégie précise, coordonnées par des centres de décisions, et sous- entendues par une véritable volonté politique (ainsi la stratégie mondiale d'une firme multinationale). [...]
[...] Il serait pourtant simpliste d'opposer systématiquement Etats et acteurs transnationaux. Plusieurs degrés de connivence sont même observés entre eux. L'Etat peut d'abord accepter d'être le partenaire de certains acteurs transnationaux. L'Etat peut ensuite aussi (et heureusement ce n'est pas un cas fréquent) fermer les yeux sur des activités transnationales, y compris si elles sont illégales : l'économie informelle, l'immigration clandestine, sont parfois considérées comme des soupapes utiles au fonctionnement de l'économie. Bibliographie Charillon La politique étrangère à l'épreuve du transnational. [...]
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