Lao-Tseu a dit : "Un grand Etat s'agenouille devant un petit Etat. Passif, il le vainc. Un petit Etat s'agenouille devant un grand Etat. Passif, il est vaincu." Ce philosophe chinois du Ve siècle avant Jésus Christ, tenu pour le fondateur de la pensée taoïste, avait déjà compris que les Etats importants ont un grand pouvoir sur les Etats plus modestes, et qu'il était dans leur nature d'en profiter. Aujourd'hui en effet, les grandes puissances mondiales, même si elles n'ont plus pour principal dessein d'étendre leur territoire en contrôlant les entités les plus faibles, ont le pouvoir de dicter aux Etats moins importants la conduite qu'ils doivent adopter pour pouvoir entrer et être intégrés dans la communauté mondiale.
Pour pouvoir aujourd'hui être considéré comme l'un des leurs et exister officiellement sur la scène internationale, un Etat doit être reconnu par les autres. Pour cela, il est sensé satisfaire à certaines conditions pour acquérir une existence juridique, qui va au-delà de l'existence de fait. Car la formation d'un Etat est d'abord une réalité factuelle puisqu'il lui suffit en principe de réunir les trois critères constitutifs de population, de territoire et de gouvernement (...)
[...] D'où il apparaît que la reconnaissance peut être accordée par une puissance même sans existence d'un Etat de fait. Et si l'Etat de fait n'est pas une condition contraignante, alors qu'il apparaît qu'il doit être un préalable à la reconnaissance, qu'il est essentiel, primordial et même nécessaire, alors aucune condition n'est assez forte pour contraindre les Etats dans leur choix de reconnaissance ou de non-reconnaissance. Tout ceci illustre parfaitement le fait que la reconnaissance est l'expression unilatérale de la volonté d'un Etat, guidé principalement par ses intérêts politiques (comme pour le cas d'Israël), de reconnaître comme valide et opposable à son égard une certaine situation juridique, volonté qui s'exprimera alors quelles qu'en soient les conditions. [...]
[...] De plus, pour pouvoir acquérir une certaine effectivité avant d'exister juridiquement sur la scène internationale, le pays constitué doit s'insérer dans les relations internationales. S'entend par là le fait d'entretenir des rapports et de maintenir des échanges avec les autres acteurs internationaux, comme s'il était un Etat reconnu au même titre que les autres. L'implication dans les rapports interétatiques est un critère de grande importance qui démontre la bonne volonté du nouvel Etat, et son intention de s'intégrer au sein de la communauté. [...]
[...] Mais n'est-ce pas là le propre du droit international que d'être tourné par les Etats dans un sens qui leur est toujours favorable ? [...]
[...] L'exigence première de l'effectivité de l'Etat Pour qu'un Etat, bien avant qu'il n'existe juridiquement, possède une réalité factuelle, il doit d'abord réunir certaines conditions de fait essentielles. En effet, il ne peut être une entité étatique s'il ne comprend pas un territoire, une population et un gouvernement. Le territoire délimite la zone de souveraineté de l'Etat, là où peut s'exercer sa puissance de manière discrétionnaire sans qu'aucun autre pays n'ait à se prononcer sur sa politique. Il lui faut également une population demeurant dans les limites du territoire et à laquelle vont s'appliquer les décisions politiques prises et mises en œuvre par l'entité créée de fait. [...]
[...] Ainsi, il est évident que, du fait que la reconnaissance n'est jamais impossible ou obligatoire, elle ne peut en aucun cas être conditionnée. Ainsi, malgré l'affirmation de Milan Petrovic, professeur à la faculté de Droit de Nis (Serbie Centrale), selon laquelle un Etat est soumis à des limites du droit international et à certaines règles juridiques de la civilisation concrète il convient tout à fait d'affirmer que, même si certains le souhaitent, la reconnaissance n'est pas conditionnée, sinon par des conditions contournables, malléables et adaptables par les Etats qui vont les orienter dans un sens qui leur soit toujours favorable. [...]
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