On est face à la question de la guerre juste, la question du droit et de la violence donc. Est-ce qu'on peut faire régner le droit par la violence ? Est-ce qu'on peut mettre la violence au service du droit ?
En droit interne, l'Etat est le seul investi de la violence, la violence légitime. Le droit interne existe, il est sanctionné et si besoin est, ce sera par la violence, par la force.
Cette question se pose aussi dans la société internationale. Est-ce que la guerre juste existe ? Si oui, quels sont les critères ?
La guerre juste s'agit d'une réflexion qui a eu à une certaine époque la faveur des internationalistes, c'est une question de théologie aussi. Et cette question a disparu. On ne parlait plus de guerre juste depuis l'avènement du positivisme. Depuis la création de l'organisation des Nations Unies, à partir du moment où les Etats ont renoncé à leur compétence de guerre (mise en place de la sécurité collective), cette question a disparu. Il y a dix ans, on voit réapparaître avec force les théories de la guerre juste. Il y a une résurgence après au moins un siècle.
[...] Mais il y a des guerres soi-disant justes qui quelque part servent les intérêts des puissants. Si une guerre est autorisée par le Conseil de sécurité, on n'a pas à s'interroger sur la justice de la guerre. Ce Conseil est l'autorité compétente pour décider de la guerre. Il faut un vote des 9 membres du Conseil, dont les 5 permanents. La guerre en Irak n'est pas une guerre d'ingérence humanitaire, déjà, c'est une guerre contre le terrorisme. Pour les États-Unis, c'est une guerre juste contre le mal. [...]
[...] Mais l'intervention au Kosovo sans autorisation est illicite. Certains disent qu'il y a une base juridique à la licéité de l'intervention. C'est un raisonnement qui peut sembler étonnant, car si on raisonne de la sorte, toute intervention est donc licite. Il n'y avait pas d'autorisation pour le Kosovo, car la Russie s'abstient, mais si le Conseil veut condamner, il ne pourra pas, car il y aura des États qui vont s'y opposer. On a essayé de ressusciter la théorie de la guerre juste. [...]
[...] En 1999, les États européens sont face à une politique d'exaction faits par la Serbie face à une population albanaise au Kosovo. L'OTAN a décidé d'intervenir. On est dans une situation où on s'était habituée à la normalité, le droit s'appliquait aux questions de sécurité des États, le Conseil de sécurité fonctionnait et soudain, le Conseil est bloqué, la Russie n'autorise pas une intervention. C'est là que réapparaissent les thèses de la guerre juste. On va republier les théologiens espagnols. Et Antonio Cassesez qui présidera la Chambre d'appel du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. [...]
[...] Celui qui fait la guerre ne hait pas la personne. La guerre est un rapport d'États à États, mais pas de personnes à personnes. On hait les œuvres de ses ennemis, mais pas ses ennemis. Et le pardon n'empêche pas la punition. On peut aimer les individus même si on les tue. L'explication est moins embarrassée que chez Vitoria qui renvoie à la conscience. Les choses sont plus claires pour Suarez. On va punir des actes contraires au droit tout en aimant les personnes. [...]
[...] La question n'est pas traitée. La théorie de la guerre juste va disparaître du panorama. Cette question de la justice de la guerre va s'estomper, car on va prendre conscience qu'il est assez difficile que la guerre ne soit juste que d'un côté. Si la guerre n'est juste que d'un côté, rien ne garantit que la force soit du côté du droit. Selon les internationales, la guerre peut être juste des 2 côtés si chacun est convaincu de sa cause. [...]
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