Remplaçant le GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), l'OMC (Organisation mondiale du commerce), créée le 15 avril 1994 à Marrakech a marqué un tournant capital dans l'extension rapide de la libération des échanges internationaux. En effet, à partir de cette date vont se succéder à un rythme de plus en plus soutenu, rendez- vous, colloques et forums qui, au nom du libéralisme, vont faire en sorte que, parallèlement au démantèlement des barrières douanières pour les produits manufacturés, s'agrandisse le champ de la liberté de circulation, s'agissant d'autres secteurs comme les services ou les biens culturels, et s'organise, au moins en théorie, une véritable politique d'aide au développement du tiers- Monde.
[...] Aujourd'hui, les règles de la mondialisation se sont imposées comme une évidence. En matière de développement, elle est devenue la dynamique majeure des relations internationales, seule parade jugée efficace à la montée des périls nationalistes et guerriers. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la grande majorité des pays a signé l'accord de Marrakech, notamment les pays du Sud qui y ont vu une chance de voir leur situation s'améliorer. Si l'on en juge par les statistiques en effet, les pays pauvres sont impliqués actuellement dans plus des deux tiers des affaires traitées par l'OMC, et ils en tirent régulièrement avantage.
C'est que le monde actuel de l'après guerre froide est particulièrement complexe autant qu'instable, et la majeure partie des gouvernants misent sur la réussite de leur politique étrangère pour combler autant le déficit de leur popularité intérieure que plus fondamentalement la remise en question quasi générale partout dans le monde de la souveraineté étatique.
[...] Depuis l'installation de l'OMC, et parallèlement aux différentes tentatives d'aménagement que les Etats ont pu apporter à un jeu de la concurrence qu'il était impossible de confier aux seules lois du marché, une contestation d'ordre plus global est apparue, qui, grosso modo, oppose les pays les plus riches du monde : Etats-Unis, Royaume Uni, Japon, Canada, France, Italie, Allemagne, réunis depuis 1975 dans le G7, auquel a été associée la Russie en 1998, ainsi que les décideurs les plus importants du monde des affaires qui se réunissent tous les ans à Davos (Suisse) et, face à eux, d'une part les pays les moins avancés réunis dans le cadre de la « Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement » (CNUCED), dans le groupe dit des 77 ; d'autre part différentes ONG qui interviennent dans des domaines aussi variés que la lutte contre la pauvreté, les droits de l'Homme, ou encore la protection de l'environnement.
Aussi voit-on s'organiser petit à petit une riposte protéiforme à l'unification du monde, laquelle par le biais de l'économie, est, en dernière analyse, l'imposition au reste de la planète des standards de vie américains. (...)
[...] Pourtant la réalité est moins évidente. D'une part, en effet, si ce dispositif exige bien de tous les Etats sans exception la même soumission à la même loi internationale, les Etats-Unis, sans lesquels rien n'aurait pu être entrepris en raison même de leur pouvoir hégémonique sur tous leurs partenaires ont procédé dès le début à un véritable chantage sur la communauté internationale, puisqu'ils ont subordonné leur ratification de l'accord instituant l'OMC à la mise sur pied d'un dispositif de surveillance, à savoir que dans le cas où, en cinq ans, deux décisions seraient défavorables aux intérêts américains, ils reconsidéreraient leur appartenance à l'organisation. [...]
[...] Aussi, est-ce en raison de ces dysfonctionnement, qu'un certain nombre d'organisations non gouvernementales critiquent désormais de plus en plus ouvertement l'OMC et tout le système qu'elle a mis en place ; tandis que les Etats s'organisent, et l'on constate par exemple l'Europe tenter de concilier la globalisation et sa propre intégration. La mondialisation, facteur de développement mais aussi d'accroissement des inégalités cherche dans la régionalisation la parade à ses défauts et insuffisances mais elle ne saurait se dispenser d'une réflexion sur l'essence même de l'uniformisation de la planète par les échanges (III). [...]
[...] Lorsqu'elles se focalisent sur le terrain régional comme espace de compromis entre l'homogénéité du marché local et la rationalisation encore embryonnaire au niveau mondial, il s'agit en fait de tirer pleinement parti de l'effet de dimension du marché régional, comme base d'attaque des marchés mondiaux. Cette attitude est purement stratégique, elle ne constitue en rien un renfermement élargi ; bien au contraire. À cet égard le cas de l'Europe est symptomatique. Les grandes entreprises comme Hutchinson dans les années 1996-2000, ont effectué leur croissance externe par l'acquisition de filiales situées d'abord sur le territoire de l'Union (Espagne, Italie, Grande- Bretagne) et dans sa zone d'influence immédiate (Pologne) mais aussi dans la sphère américaine (Etats-Unis, Amérique latine) ou chinoise, par le biais de joint-ventures. [...]
[...] En effet, du côté des Etats, la seule parade au creusement des inégalités et à l'américanisation du monde semble consister à entremêler conférences sur la libéralisation des échanges et forums sur l'aide au développement. C'est ainsi que dans la période récente, à quelques mois d'intervalle, se sont succédées, du 14 au 20 mai 2001 à Bruxelles, la Conférence des Nations unies sur les pays les moins avancés, qui, sous l'égide de la CNUCED a plaidé contre l'ultralibéralisme et pour plus d'équité dans la redistribution des richesses ; puis du 9 au 14 novembre 2001à Doha (Qatar) une conférence de l'OMC, qui, réunissant ses 142 membres, a tenté d'effacer l'échec de la précédente conférence de Seattle (Etats-Unis) de décembre1999 en lançant un nouveau cycle de négociations commerciales ; par la suite, c'est du 31 janvier au 5 février 2002 qu'ont lieu simultanément à New-York, le 32ème forum économique de Davos qui persiste à voir dans le libéralisme l'avenir du monde, et les 50000 participants venus de 110 pays, qui à Porto Alegre (Brésil) militent contre les excès d'une globalisation, jugée ultra- libérale. [...]
[...] Parallèlement au processus de mondialisation, en effet, dans une première direction, le monde tend à se structurer en associations d'Etats regroupées par affinités en zones géographiques relativement homogènes, entraînant dans leur sillage entreprises multinationales et organisations non gouvernementales transnationales. La question qui se pose dès lors est de savoir si ces regroupements, qui divisent le globe en autant de prés carrés, s'inscrivent contre la mondialisation ou à l'intérieur de celle-ci. En fait, si le monde est trop enchevêtré, trop mouvant pour se figer en blocs fermés, la régionalisation semble bien s'inscrire pleinement dans le processus de mondialisation. [...]
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