Charles Louis David, "Après le 11 septembre : le déluge"

Extraits

[...] La multiplication des acteurs belligérants et leur distribution dans toutes les couches des sociétés rendent définitivement caduc le concept de victoire en tant que succès durable. Aucune mesure étatique, même la plus intrusive et la plus répressive qui soit, ne peut supprimer la violence et le crime, et a fortiori la violence hyperbolique et les actes de guerre impromptus. Les conflits modernes excluent toute victoire par définition périssable et incertaine, mais font bel et bien risquer des défaites qui seraient synonymes de dégénérescence durable. [...]

[...] Le fragile échafaudage des conventions et des traités visant à limiter les horreurs de la guerre et l'usage d'armes dévastatrices n'a jamais été accepté par l'ensemble des États, mais il a surtout pour faiblesse rédhibitoire de ne pas concerner les structures non étatiques, qui l'ignorent. Comme exemples parmis les plus frappant, que la secte Aoum a produit et engagé du gaz Sarin, ou encore que le réseau Al-Qaïda possédait de l'uranium enrichi, alors que des spores d'anthrax ont tué et déclenché une psychose aux États-Unis. La guerre comme poursuite d'une politique sous une autre forme n'est que l'exception d'un processus globalement irrationnel, sans règle et capable de s'auto-alimenter. [...]

[...] En conséquence, l'idée d'amener la paix par le commerce et la démocratie semble bien rester une utopie. B - Une conception terroriste évolutive au rythme de la complexification des moyens nécessaires à sa mise en œuvre. "Frappant furent les attentats terroristes, encore plus frappant est de constater qu'ils ont été conçus et exécutés au cœur de l'Occident et en profitant pleinement des extraordinaires opportunités qu'offre désormais cette interdépendance planétaire : Déplacements faciles d'un pays à l'autre, utilisation de moyens de communication multiples, entraînement en Allemagne et aux États-Unis, blanchiment d'argent et comptes bancaires dissimulés aux quatre coins du monde, bref l'alliance de la technologie la plus moderne et du fanatisme le plus archaïque En effet, la plus brutale des convictions s'allie aux moyens mis à disposition par le monde qui l'entoure et, en conséquence, en fait un monstre incroyablement dangereux. [...]

[...] II - Son corollaire: la mutation des conflits armés traditionnels. Si une telle mutation entraîne invariablement un processus d'obsolescence des techniques militaires habituelles de règlement des conflits armés ( A il n'en reste pas moins que la forme singulière que les conflits ont maintenant pris provoquent jusqu'à l'impuissance des mécanismes prévu par l'ONU dans une telle situation ( B A - Un processus d'obsolescence des techniques militaires habituelles en cas de conflit armé. "L'opération militaire qui se dessine en Afghanistan sera sans précédent, et il vaut mieux qu'elle ne répète pas les erreurs du passé. [...]

[...] Par conséquent, cette première approche constitue belle et bien une "première illusion" "La seconde illusion, ou devrais-je dire comme Norman Angell il y a soixante-quinze ans, la grande illusion est celle que l'Occident a souvent nourrie : amener la paix par le commerce et par la démocratie. Il est assez vrai de dire que plus les pays commercent et sont démocratiques moins ils risquent de se combattre par les armes. Pour autant, le commerce et la démocratie n'éliminent pas tous les problèmes de sécurité. [ . ] Ce ne sont pas la démocratie et le commerce qui engendrent la sécurité mais bien l'inverse." Norman Angell publia un livre en 1910, La Grande Illusion, pour prouver que la guerre était futile. [...]