Arrêt du 24 mai 1975, arrêt Société des Cafés Jacques Vabre, arrêt Jacques Vabre, administration des douanes, droit national, droit européen, traité de Rome, CEE Communauté économique européenne, article 55 de la Constitution, principe de primauté, contrôle de conventionalité, principe de primauté au sein de l'UE, arrêt Costa contre ENEL, arrêt Nicolo
Le litige opposait la société Jacques Vabre à l'administration des douanes. Cette dernière réclamait le paiement de droits de douane sur des produits importés, en application d'une loi française. Or, la société contestait cette demande en faisant valoir que la loi française était incompatible avec les règles du Traité de Rome relatives à l'interdiction des mesures d'effet équivalent à des restrictions douanières entre les États membres de la Communauté économique européenne (CEE).
[...] Or, la société contestait cette demande en faisant valoir que la loi française était incompatible avec les règles du Traité de Rome relatives à l'interdiction des mesures d'effet équivalent à des restrictions douanières entre les États membres de la Communauté économique européenne (CEE). Les juges devaient donc trancher la question suivante : en cas de conflit entre une loi nationale et un traité, la loi française devait-elle primer, ou les juges devaient-ils appliquer les règles du traité ? C'était une question cruciale pour déterminer la place des normes internationales dans l'ordre juridique interne. B. [...]
[...] L'élargissement des compétences du juge ordinaire Avec cette décision, la Cour de cassation reconnaît aux juges ordinaires le pouvoir d'écarter une loi contraire à un traité international, sans attendre une intervention législative ou constitutionnelle. Cela marque un renversement par rapport à une approche antérieure plus restrictive, où le juge se considérait lié par la loi interne, même en cas de conflit avec un traité. Ce contrôle direct, souvent appelé "contrôle de conventionalité", confère au juge un rôle central dans l'application des engagements internationaux de la France. [...]
[...] La Cour en tire la conséquence logique que, dans un tel conflit, les juges doivent écarter la loi contraire. Par cette décision, la Cour de cassation adopte une interprétation autonome de ses pouvoirs. Contrairement à sa position antérieure, qui réservait au législateur ou à une instance supérieure (comme le Conseil constitutionnel) le soin d'assurer la primauté des traités, la Cour affirme ici que les juges ordinaires ont la capacité et le devoir de contrôler la compatibilité des lois nationales avec les traités. [...]
[...] Le Conseil d'État, initialement réticent à reconnaître la primauté des traités sur les lois postérieures, a fini par s'aligner avec son arrêt Nicolo de 1989. L'arrêt Jacques Vabre a ainsi contribué à harmoniser la jurisprudence française avec les principes du droit communautaire. En outre, cette décision renforce l'effectivité des normes européennes en France, en garantissant qu'elles prévaudront sur des lois internes susceptibles de leur être contraires. Cette évolution favorise une meilleure intégration juridique et économique au sein de l'Union européenne. [...]
[...] En affirmant la primauté des traités internationaux sur les lois nationales contraires, la Cour de cassation a renforcé le rôle des juges dans l'application des normes internationales et assuré une meilleure intégration du droit communautaire dans l'ordre juridique interne. Cette décision a permis d'affirmer un principe fondamental pour l'ordre juridique français, tout en modernisant le rôle des juges face à la hiérarchie des normes. Elle reste aujourd'hui une référence incontournable pour comprendre les rapports entre droit interne et droit international, et marque un tournant dans l'intégration du droit européen en France. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture