La Cour de Justice fut créée par le traité de Paris en 1951 qui instituait dans le même temps la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier. Par la suite, avec le traité de Rome (1957) qui mettait en place deux nouvelles Communautés (la Communauté Économique Européenne et la Communauté Européenne de l'énergie atomique) fut décidé qu'une Cour unique, la Cour de Justice des Communautés européennes, traiterait les recours formés dans le cadre des trois communautés. C'est dans le cadre de la CEE et du traité de Rome que la Cour est principalement sollicitée, cela est d'autant plus vrai depuis la disparition de la CECA en 2002.
La CJCE à l'aspect d'une juridiction classique : d'après l'article 164 CE elle veille « au respect du droit dans l'interprétation et l'application des traités » mais elle dispose aussi d'un véritable pouvoir judiciaire puisque si un État va à l'encontre d'une décision de la cour il est passible d'une procédure en manquement. Plus qu'une simple juridiction, c'est aussi une institution au même titre que la Commission, le Conseil ou le Parlement et en vertu de l'article 4 CE elle assure « la réalisation des tâches confiées à la communauté ».
Un de ces objectifs est celui d'une « union sans cesse plus étroite entre les peuples d'Europe », c'est-à-dire d'une intégration européenne. Celle-ci passe nécessairement par une intégration juridique et de ce point de vue là on peut comprendre le rôle prédominant exercé par la CJCE. Mais il s'avère également que la Cour a exercé, d'une façon surprenante puisque la tradition européenne des lumières se veut hostile à tout gouvernement des juges, une influence considérable sur les politiques communautaires. Ceci semble outrepasser son rôle.
Dès lors, on peut s'interroger sur la légitimité de l'action de la CJCE dans le domaine politique.
On constate que si le rôle de la CJCE dans l'intégration européenne peut paraître abusif en tant que la cour semble s'être écartée de sa fonction première, les difficultés rencontrées dans l'intégration politique européenne ont légitimé son action.
[...] Permettant ainsi au juge d'en donner une interprétation totalement littérale. Or le Traité européen est très différent de cette conception, il énonce des principes et exprime ses objectifs, il a presque une valeur programmatique. Il met simplement en place un cadre institutionnel qui doit permettre d'atteindre un certain nombre d'objectif définis dans le texte. D'où son caractère déroutant. Et il convient, dans cette optique, de se demander si les positions de la cjce n'était pas nécessaire à l'intégration européenne. II . [...]
[...] La CJCE a eu une lecture téléologique des textes des Traités, c'est-à- dire en fonction de leur finalité. Et elle a considéré que l'intégration impliquait nécessairement l'effet direct et la primauté du droit communautaire qui ne sont définis nulle part dans les Traités et qui conduisent à sa constitutionnalisation L'effet direct En droit international classique, les traités internationaux établissent des obligations à la charge des Etats signataires, c'est à ces derniers de déterminer l'effet que ces normes internationales produisent en droit interne. [...]
[...] Cette initiative a permis d'insuffler dans le débat politique une idée qui est rapidement devenue prédominante. Faire preuve d'innovation, avoir les bonnes idées, ne suffit pourtant pas à les faire triompher. Il est également nécessaire qu'elles soient acceptées par la société et les décideurs politiques. À ce titre, les organes judiciaires peuvent jouer un rôle primordial. B. Par l'autorité dont-elle est porteuse, la CJCE peut inciter à l'action législative et à la recherche du compromis dans le domaine de l'intégration. [...]
[...] Conclusion : Le rôle de la CJCE est donc légitime dans l'intégration politique européenne, face à la paralysie du législateur communautaire dans les années 70 elle s'est retrouvée dans une position difficile. Entre les deux périls de l'abstention pure et simple, qui condamnait tout projet d'intégration, et du gouvernement des juges, la cour a tenté de trouver un juste-milieu. Elle a ainsi dégagé du traité des règles d'ordre général afin de préserver ses valeurs originelles. Dans le même temps elle tentait de dynamiser l'action politique. [...]
[...] Dans ces deux cas, on a affaire à une interprétation large des principes fondamentaux contenus dans le traité ; lesquels sont la liberté de circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux. La Cour de justice n'y a pas vu de simples objectifs mais à la fois des obligations négatives pour les états membres et une source de droit pour les particuliers qui sont autorisés à l'invoquer devant des tribunaux au nom de la primauté du droit communautaire. [...]
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