La coopération renforcée est « un mal nécessaire ». La formule est un peu facile mais il faut avouer que l'expression illustre bien le paradoxe du mécanisme de coopération renforcée. On comprend tout de suite le danger qu'il peut y avoir au sein de l'Union Européenne (UE) à autoriser un groupe d'Etats membres à aller de l'avant, en laissant de côté les autres. L'idée est d'ailleurs longtemps restée taboue au profit d'un avancement uniforme au même rythme. Ce n'est que lors de l'élaboration du Traité d'Amsterdam qu'a été imaginé un système qui permettrait à certains Etats membres d'aller un peu plus vite tout en restant dans le cadre de l'Union et donc sous son contrôle. L'idée est simple bien que controversée : ce groupe d'Etats pionniers servirait de levier et entraînerait les autres Etats membres à plus ou moins long terme. A l'évidence, les problèmes liés aux coopérations renforcées sont importants et il existe surtout un risque d'Europe à deux vitesses, voire plus. Mais ses avantages sont multiples : avec maintenant vingt-sept Etats membres et bientôt plus, il va devenir de plus en plus difficile de tomber d'accord sur tout et certains domaines ne pourraient se développer efficacement à cause de quelques Etats récalcitrants. On pourrait même arriver à des situations de déséquilibre très important entre différents domaines liés, ce qui pourrait mettre en péril la cohérence de l'action de l'Union. Pouvoir développer une politique en passant outre ces obstructions serait alors une bonne solution , d'autant plus que cela peut avoir un effet dissuasif et peser sur les négociations. Ce fut notamment le cas lors des discussions sur le mandat d'arrêt européen. En effet, l'Italie s'était opposée fermement à l'adoption de la décision-cadre sur le mandat d'arrêt européen. La presse avait fait écho de l'agacement des autres Etats membres et avait émis la possibilité d'engager une coopération renforcée sur ce point, alors même que rien d'officiel n'avait été lancé. Quelques temps après, l'Italie cédait et la possibilité de se voir écartée de la mise en oeuvre de ce projet important a sûrement influé sur ce revirement. Une pression similaire s'était exercée sur l'Espagne au moment de la discussion sur la Société Européenne. Le mécanisme de coopération renforcée permet aussi d'éviter le développement de coopération entre Etats membres en dehors des Traités sur des domaines de compétence de l'Union. Ce genre de coopérations entraîne un morcellement de l'action européenne et ce manque de cohérence peut lui porter préjudice. En effet, malgré les avantages du mécanisme de coopération renforcée, les Etats membres, avant et après sa création, lui préfèrent les coopérations intergouvernementales en dehors de l'Union qui prennent ensuite la forme de Traités internationaux. Ce fut le choix effectué pour mettre en oeuvre notamment la monnaie unique et l'ouverture des frontières dans l'espace Schengen. En effet, il ne faut pas oublier de replacer le mécanisme de coopération renforcée des Traités de l'UE dans sa problématique globale : la différenciation, qui signifie plus largement que tous les pays membres de l'Union ne marche pas au même pas. Ce concept englobe alors le mécanisme dont il est question dans cette étude mais aussi les accords externes à l'Union comme ceux cités précédemment, ainsi que les opting-in et les opting-out (ou clauses d'exemption). Ces derniers permettent à un Etat de choisir de ne pas se voir appliquer certaines dispositions des Traités ou bien de bénéficier d'un aménagement particulier. Le pays exemplaire en la matière est le Royaume-Uni qui multiplie les opting-out dans différents domaines, notamment récemment, sur la Charte des droits fondamentaux . Nous ne traiterons ici que du mécanisme de coopération renforcée tel qu'il est présenté dans les Traités sur la Communauté Européenne et sur l'Union Européenne et modifié par le Traité établissant une Constitution pour l'Europe et le Traité de Lisbonne . Ce mécanisme a été instauré par le Traité d'Amsterdam pour répondre au besoin de différenciation entre les pays de l'Union, son but était d'encadrer ce besoin pour qu'il reste sous le contrôle de l'Union.
[...] Le système de frein / accélérateur dans l'Espace de liberté, sécurité et justice II. Des obstacles persistants A. Des inconvénients toujours présents 1. Des conditions toujours assez strictes 2. Des incertitudes non résolues B. La facilité inégalée d'une coopération intergouvernementale 1. La marque de la supranationalité dans le mécanisme de coopération renforcée 2. [...]
[...] Quels avantages concrets au mécanisme de coopération renforcée ? La coopération renforcée est un mal nécessaire La formule est un peu facile, mais il faut avouer que l'expression illustre bien le paradoxe du mécanisme de coopération renforcée. On comprend tout de suite le danger qu'il peut y avoir au sein de l'Union Européenne à autoriser un groupe d'Etats membres à aller de l'avant, en laissant de côté les autres. L'idée est d'ailleurs longtemps restée taboue au profit d'un avancement uniforme au même rythme. [...]
[...] La Commission pouvait donc apprécier si la coopération renforcée remplissait les conditions établies et si elle ne desservait pas les intérêts de l'Union. Ensuite, si la Commission a fait une proposition au Conseil, celui- ci prend la décision d'autorisation à la majorité qualifiée (après avis conforme du Parlement Européen, voir II. B). La procédure de frein d'urgence permettait à un Etat membre d'invoquer des raisons de politique nationale importante au cours des discussions devant le Conseil, il n'était alors pas procédé au vote, mais le Conseil pouvait décider d'un recours au Conseil Européen qui lui voterait à l'unanimité. [...]
[...] On l'a vu, le mécanisme de coopération renforcée a des avantages pour l'Union : une meilleure cohérence, un plus grand contrôle, une meilleure visibilité, etc. Mais quels en sont les avantages pour les Etats participants ? Tout d'abord, il n'y a pas d'avantage financier. En effet, selon l'article 280-G du TFUE, le coût des coopérations renforcées est à la charge des Etats participants sauf si le Conseil en décide autrement à l'unanimité de tous ses membres. A moins donc d'une décision du Conseil ce qui est fort peu probable, car cela amènerait les Etats non participants à payer pour ce qui ne bénéficie qu'aux Etats participants les Etats n'ont pas d'incitation financière à engager une coopération renforcée, ce qui aurait pu être un avantage très intéressant pour eux. [...]
[...] Protocole sur l'application de la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne à la Pologne et au Royaume-Uni, annexé au Traité de Lisbonne. Les autres cas de différenciation seront traités par le rapport de notre collègue Katerina Uzunova. Article 43 du Traité sur l'Union Européenne (version consolidée par le Traité de Nice). Article 3 du Traité sur l'UE (TUE) : parmi les compétences exclusives de l'UE : politique commerciale, union douanière Notons ici un paradoxe : on retrouve parmi ces compétences exclusives la politique monétaire mais uniquement pour les Etats Membres ayant adoptés l'Euro. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture