Longtemps, la place que tient l'Islam dans l'histoire européenne ainsi que le débat relatif à son intégration progressive dans la construction de la référence « Europe » ont été interrogés. Nous allons aujourd'hui plus concrètement nous intéresser aux conséquences juridiques puis politiques de l'émergence de cet islam européen. Autrement dit, comment s'effectue l'intégration juridique de l'Islam en Europe et quelles implications en découlent pour les musulmans mais également pour la démocratie européenne ?
[...] Consacré par l'arrêt Eglise métropolitaine de Bessarabie c. Moldova 2000, cela signifie en premier lieu qu'il ne peut pas y avoir, sur le plan organique, d'identification entre l'instance étatique et l'instance religieuse ; ensuite que l'Etat ne peut pas officiellement adopter ou privilégier telle ou telle confession ; enfin la législation étatique et ses règlements ne peuvent découler directement et automatiquement de la norme religieuse. Ainsi, on affirme le principe de neutralité et d'impartialité de l'Etat ; autrement dit l'Islam européen se caractérise notamment par le renoncement à un Etat théocratique et à l'application de la Sharia dans son intégralité. [...]
[...] Conclusion Ainsi, nous avons donc vu tout au long de notre exposé que l'Islam en Europe s'est remarquablement bien intégré à l'ordre public européen à tel point que l'on peut parler aujourd'hui d'un islam européen reconnaissant le principe de laïcité et de neutralité de l'Etat. Toutefois, ces avancées juridico-institutionnelles ne doivent pas masquer les difficultés persistantes auxquelles sont confrontés les Musulmans d'Europe et le projet européiste lui-même dans la quête corrélée de leur identité respective. Ces difficultés soulignent ainsi le caractère paradoxal de l'intégration de l'Islam en Europe. En somme, la route est encore longue sur le chemin de la reconnaissance politique de l'Islam comme composante de l'Europe d'aujourd'hui et de demain. [...]
[...] Dans les trois pays (exception Thrace occidentale), l'Islam se voit reconnaître un statut associatif et une collaboration avec l'Etat. Les communautés sont reconnues comme des associations de droit privé et peuvent obtenir le statut d'institutions charitables. Cette reconnaissance officielle leur permet de percevoir des fonds publics pour les activités à caractère social, mais elle ne leur permet pas de bénéficier de financements publics pour l'exercice du culte. - Le deuxième modèle est celui où l'Etat est neutre mais reconnaît les différentes religions. C'est le modèle le plus répandu en Europe. [...]
[...] Toutefois, cette intégration juridique européenne ne trouve pas un écho uniforme chez l'ensemble des Etats européens. Pour réguler l'expression du culte musulman sur leurs territoires, les Etats de l'Union ont ainsi adopté des stratégies nationales qui aboutissent à différents modes d'institutionnalisation. L'Islam va donc devoir s'adapter non pas à un mais aux différents statuts juridiques qui lui sont proposés par les pays européens où elle se déploie. On peut distinguer trois modèles majeurs : - En premier lieu, les statuts juridiques réservés à l'islam dans les pays de religion d'Etat que sont notamment le RU, la Grèce, et le Danemark. [...]
[...] On retrouve notamment ce modèle en l'Espagne, aux Pays-Bas, en Autriche et en Suède, c'est à dire des pays ayant une minorité musulmane significative, comprise entre et 1,5 million de pratiquants et qui constitue près de de la population. Toutefois, il convient de souligner l'absence notable de l'Allemagne et de l'Italie qui n'ont toujours pas reconnu officiellement l'Islam, malgré une communauté musulmane importante. - Le dernier modèle est celui de la République laïque française qui ne reconnaît statutairement aucune religion. [...]
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