« L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. » Plus de soixante ans après la naissance de l'Union européenne, cette déclaration du 9 mai 1950 de Robert Schuman semble être aujourd'hui plus vraie que jamais. La construction européenne est faite d'étapes et d'obstacles que l'U.E. a dû franchir, et qui, à chaque fois, ont affirmé sa vocation à perdurer. La crise économique et monétaire qui frappe l'Europe n'est qu'une étape supplémentaire, une des plus difficiles qu'elle n'ait jamais eu à franchir.
L'Union européenne est aujourd'hui à un tournant de son histoire. La crise économique agit comme un signal d'alarme qui met au jour les erreurs de la construction européenne ; elle est l'opportunité pour l'Union de réformer son système pour aller de l'avant et ressortir renforcée de la crise. La crise économique actuelle est alors peut-être l'étape nécessaire à la construction de l'Union pour faire d'elle la puissance mondiale majeure de demain. Si l'ampleur de la crise et ses conséquences sont indéniables, deux possibilités s'offrent alors aujourd'hui à l'U.E. : le déclin ou la réforme.
Le scénario du déclin ne paraît pas envisageable. Remettre en question la totalité du projet européen, un projet unique au monde basé sur la paix, la démocratie et l'avancement d'une Union d'États vouée à devenir une grande puissance internationale, ne peut être possible. Un démantèlement de l'Union reviendrait à créer une Europe divisée entre des Nations marchant seules qui, face à des puissances émergentes qui les dominent, seraient en danger à tous niveaux. Les réactions des différents acteurs internationaux face à la crise actuelle appuie ce point-ci. L'Union européenne, plus solidaire que jamais, met en place les mesures les plus fédérales qu'elle ait jamais prit pour sortir de la crise. Le reste du monde, et plus particulièrement les États-Unis et la Chine, accumulent les prêts et les rachats de dettes européennes pour aider l'Union à endiguer la crise. Imaginons un instant la mort de l'U.E. et celle de l'euro : la dépendance du reste du monde à l'Union engendrerait une crise globale sans précédent qui serait fatale à tous les États.
L'Union européenne n'a donc aujourd'hui pour seul choix que de progresser et d'avancer dans sa construction jusqu'à l'aboutissement de son modèle. Cet aboutissement devra se faire à tous niveaux pour, dans le futur, permettre à l'Union européenne de mieux surmonter les défis qui se poseront à elle. En 2040, comment l'Union européenne aura parvenu à surmonter les nouveaux défis de demain ?
Il est toujours difficile de s'aventurer à prévoir une situation future. Nous relèverons les tendances lourdes et les grands défis qui se posent à la lumière du présent (I) pour mieux profiler la possible Union européenne de 2040 (II) (...)
[...] Une Union économique aboutie 1. Un système économique et monétaire réformé pour une coopération plus sûre Comme nous l'avons démontré en première partie, il est certain que l'Europe de demain sera dotée d'un système économique réformé. Les mesures qui sont aujourd'hui adoptées ou du moins anticipées pour la période post-crise révèlent les grandes lignes du futur modèle économique européen (entres autres, exemple du projet de la Commission Europe 2020 5). Il s'agit de doter l'Europe d'un système économique plus renforcé et plus réglementé pour mieux se prémunir, ou le cas échéant, pour mieux gérer les éventuelles crises financières dont l'Union ne sera pas à l'abri d'ici 2040. [...]
[...] Aujourd'hui, l'intégration de nouveaux États est déjà envisagée par l'U.E. : Croatie, Macédoine, Albanie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Serbie, et Kosovo sont candidats ou candidats potentiels. L'admission de ces États n'est qu'une question de temps qui dépend de leur achèvement des critères exigés par l'U.E. De plus, l'Islande, la Suisse et la Norvège pourraient elles aussi entrer dans l'Union, mais se pose pour elles la question de la volonté de leurs peuples. Deux autres intégrations plausibles doivent attirer notre attention : la question de l'intégration de la Turquie et de la Russie. [...]
[...] Selon l'ONU, l'Union européenne sera à musulmane en 2040, contre aujourd'hui (avec l'adhésion possible de la Turquie). Nous pouvons alors nous interroger sur la possibilité d'unir une population européenne tant diversifiée autour d'une histoire, d'une culture et de valeurs propres aux peuples européens qui, depuis près de 2000 ans, ont été construites par le christianisme. B. Le renouvellement du modèle économique européen 1. La crise économique, signal d'alarme d'une réforme nécessaire du modèle économique européen L'Union européenne est aujourd'hui à un tournant de son histoire. [...]
[...] La fondation d'une Union politique présente sur la scène internationale 1. La nécessité d'une politique étrangère et de défense commune La construction européenne des cinquante dernières années est allée de progrès en progrès, révélant une coopération communautaire de plus en plus aboutie et présente dans quasiment tous les domaines. Aujourd'hui, seul le domaine de la politique étrangère et de la défense ne fait pas l'objet d'une coopération communautaire. Chères aux États membres, les souverainetés nationales demeurent préservées exclusivement dans ce domaine, faisant ainsi échouer les différentes tentatives de doter l'U.E. [...]
[...] Les sondages illustrent ce point : en des Allemands déclarent ne pas avoir confiance en l'U.E. et 43% des sondés affirment vouloir une intégration européenne plus lente En France, les résultats sont similaires : 64% des sondés n'ont pas confiance en l'Union européenne tandis que pensent que l'Union menace l'identité française.2 Ces chiffres sont d'autant plus alarmants qu'ils concernent les deux principaux États fondateurs de l'Union Face au métissage de l'Europe, la difficulté de la construction d'une identité européenne Le projet européen s'est construit autour d'une histoire, d'une culture, de valeurs et de buts communs aux peuples européens. [...]
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