L'Etat n'a pas toujours existé, et si l'on pense parfois le contraire, c'est parce que l'on confond l'Etat (proprement dit) et les formes indéterminées d'organisation du pouvoir ou de l'autorité. Pourtant une société nomade, un fief médiéval, une cité comme Athènes au 6e siècle avant J.C., sont des communautés hiérarchisées réglées par un principe d'autorité, mais ce ne sont pas des Etats proprement dit (au sens moderne). Lorsque le juriste Georges Burdeau parle de l'Etat qui a été " inventé " (en l'occurrence pour ne pas obéir aux hommes) il pense à l' " Etat " au sens strict et moderne de ce terme. L'Etat au sens strict est en effet une idée moderne, et l'Etat conçu cette fois en tant que réalité historique a émergé tardivement dans l'histoire de l'humanité. Les premières " cités-Etats " font leur apparition en Mésopotamie environ 3000 ans avant Jésus-Christ, en même temps que l'écriture. En effet l'invention de l'écriture a permis à ces communautés de sortir d'une économie de subsistance et de monopoliser la mémoire de la société au profit des hommes de pouvoir. Mais les cités-Etats étaient encore des communautés traditionnelles et soudées. En ce sens, elles ne correspondent pas à la définition de l'Etat au sens où nous l'entendons aujourd'hui, et on peut dire qu'il a été " inventé " par les hommes. L'Etat moderne est une construction artificielle qui a été mise en place progressivement en Occident à partir du XIIIe siècle et a été théorisé par les juristes et les théoriciens contractualistes (Hobbes, Locke, Rousseau) surtout à partir du XVIe siècle. L'idée d'un Etat inventé par les hommes pour ne pas obéir aux hommes ne peut être comprise que dans cette acception d'un Etat artificiel et " procédurier ", c'est-à-dire d'une " machine " mise en place par les hommes pour se protéger d'eux-mêmes. Car les peuples ont subi pendant des siècles le pouvoir arbitraire des maîtres, princes ou de despotes investis d'une autorité traditionnelle, avant d'avoir l'idée de demander à l'Etat, au sens républicain de ce terme, de les protéger des abus du pouvoir et du despotisme. La formule de Georges Burdeau renvoie à une théorie moderne et juridique de l'Etat. On remarque aussitôt qu'elle semble décrire ou suggérer un idéal, un modèle plutôt qu'une réalité.
[...] D'autres moyens contenus dans la constitution assurent cette stabilité et une certaine discipline qui va donner naissance au fait majoritaire (voir troisième point infra). - L'élection présidentielle au suffrage universel direct, depuis 1962, légitime le président de la République et en font le chef de la majorité présidentielle (celle qui l'a élu) ainsi que de celle parlementaire (celle qui le soutien au Parlement). Pour cette dernière des mécanismes assurent la prééminence du président de la République. - Les mécanismes de rationalisation du parlementarisme contribuent à l'établissement et au maintien du phénomène majoritaire. [...]
[...] De cette "grisaille politique", seulement deux personnalités se démarquent, celles de Pinay et de. Pierre Mendès-France. Pinay d'abord (avec son Gouvernement de centre-droit) marque la IVe République en 1952 par le succès de sa politique financière qui permet de vaincre l'inflation. Pierre Mendès-France ensuite, Radical, reste dans les mémoires pour son règlement efficace de la question indochinoise avec les Accords de Genève signés en 1954 et des problèmes de la Tunisie et du Maroc. Pris de court sur la question algérienne, la confiance lui est refusée en 1955. [...]
[...] Autant aux yeux des historiens de la révolution la Déclaration des droits de l'homme a pu passer pour un bavardage sans prise sur l'événement, autant, pour les historiens des idées, elle a pu représenter un simple contrecoup de l'événement révolutionnaire, dont l'histoire intellectuelle déborderait largement sa production au jour. Retenir comme date inaugurale le 26 août 1789, c'est donc opérer un double choix : celui de la consistance d'un texte face aux événements, celui de l'autonomie au moins relative de ce texte par rapport à tous les autres qui ont été produits, dans des situations différentes, auparavant. Bref, il s'agit de le détacher de son contexte comme de ses antécédents. [...]
[...] Quant à la nation, il s'agit d'un être abstrait qui, par définition, n'a pas de volonté. Il n'y a pas non plus de représentant, le député étant indépendant vis-à-vis de ses électeurs qui n'ont rien à lui transmettre de toute façon. En revanche, il y a un organe, l'Assemblée, qui va vouloir pour la nation, qui va déterminer la volonté de la nation, cette dernière ne pouvant s'exprimer que par l'Assemblée. Ce que Carré de Malberg démontre ici, c'est que la théorie de l'organe, présentée à son époque comme de création allemande, est en réalité en germe dans la pensée des constituants de 1789, et en particulier chez Sieyès, dont il cite le fameux mot : Le peuple ou la nation ne peut avoir qu'une voix, celle de la Législature nationale. [...]
[...] Le jugement de l'affaire Dreyfus est cassé, Dreyfus est libéré et une nouvelle majorité se constitue autour d'un modéré Waldeck-Rousseau (modérés de gauche, radicaux et socialistes) appelé le Bloc des gauches qui se constituent sur le thème de la défense républicaine. Le Bloc des gauches va poursuivre les ligues, va agir pour la laïcité. Les crises de la République sont révélatrices des tensions. III/ La république entre éclipse et fragilité (entre 1940 et 1958) Documents de travail Azéma (Jean-Pierre), De Munich à la Libération 1938-1944, Nouvelle Histoire de la France contemporaine, t.14, Points Seuil Rioux (Jean-Pierre), La France de la Quatrième République, Nouvelle Histoire de la France contemporaine, t.15 et 16, Points Seuil, 1980-1983. [...]
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