Le bicéphalisme de l'exécutif est une tradition en France, c'est pourquoi il s'est imposé aux constituants de 1958. Pourtant, le terme de « Premier ministre » affiche une rupture avec les « Présidents du Conseil » des troisième et quatrième Républiques. Dans cette guerre des mots, le Général de Gaulle refuse de qualifier le Premier ministre de « chef du gouvernement ». Il perdra la bataille lexicale, mais imposera sa vision puisque sous la cinquième République, hors cohabitation, c'est bien le Président qui gouverne.
[...] Le Premier ministre est celui qui concilie ces-dernières avec la réalité politique du pays. II/ mais il est perpétuellement en sursis, car il est politiquement faible. Qu'on le compare à ses homologues européens ou au Président de la République, le Premier ministre français reste relativement faible. On verra d'abord qu'il est fondamentalement subordonné au chef de l'Etat. Puis on abordera la question de la cohabitation pour montrer qu'elle ne suffit pas à réhabiliter la fonction primo-ministérielle. La dyarchie déséquilibrée. L'exécutif français fonctionne sur le déséquilibre. [...]
[...] En fait, un tel cas n'a eu lieu qu'une seule fois sous la cinquième République. En 1962, le Parlement a voté une motion de censure contre le gouvernement Pompidou qui avait mené la réforme constitutionnelle pour l'élection directe du Président. Michel Rocard et Pierre Bérégovoy ont eu plus de chance puisqu'ils sont restés en poste respectivement à 5 et à 3 voix près en 1990 et 1992. Le caractère exceptionnel de la mise en œuvre de la responsabilité s'explique par l'affirmation du fait majoritaire depuis 1958 et par la difficulté de mise en œuvre des procédures de l'article 49. [...]
[...] Celui-ci se justifie au quotidien à travers ce qu'on appelle les arbitrages du Premier ministre ou encore les bleus de Matignon Sous forme de notes ou de mises au point verbales, ces décisions s'imposent aux membres du gouvernement et font partie du fonctionnement normal de l'Etat. Chaque jour, le Premier ministre rassemble plusieurs ministres à Matignon pour coordonner leur action. Certains d'entre eux ont la chance d'être assez proches du Président pour faire valoir leur point de vue en deuxième instance mais celui-ci évite normalement de contrarier trop souvent son Premier ministre dont il a besoin pour maintenir l'équilibre gouvernemental. C'est principalement au moment de l'élaboration du budget que naissent les tensions entre ministères, il faut alors beaucoup de doigté pour maintenir la cohésion gouvernementale. [...]
[...] Le Premier ministre est bien un acteur clé de l'Etat mais sa marge de manœuvre est sans cesse limitée par la progression du présidentialisme. Quand le fait majoritaire est avéré, là le bicéphalisme penche en faveur du Président, on peut même estimer qu'il disparait puisque le Premier ministre n'a pas assez de pouvoir pour constituer une tête de l'exécutif au même titre que le chef de l'Etat. L'exception cohabitationniste. Si l'on considère que la Constitution de la cinquième République établit une dyarchie de l'exécutif, on peut dire que la cohabitation est la seule situation qui la respecte. [...]
[...] Il impose la quasi-totalité des ministres et même les chefs de cabinets habituellement laissés à l'appréciation du chef du gouvernement. Claude Guéant prend aussi une place prépondérante en tant que secrétaire générale de l'Elysée, on lui permet même d'annoncer des réformes. Les nombreux conseillers spéciaux et les comités des sages ne rendent de comptes qu'au Président alors même qu'ils empiètent sur les attributions ministérielles. Enfin, on distingue ce qu'Olivier Duhamel appelle un G7 de ministres particulièrement liés à Nicolas Sarkozy et qui débat des questions politiques les plus chaudes en l'absence du Premier ministre. [...]
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