Toute étude sur les secondes chambres semble devoir, en premier lieu, justifier son existence en répondant à deux critiques, fortes mais heureusement non définitives. La première critique consiste à dénier au concept de "seconde chambre" sa pertinence, son pouvoir explicatif quant aux caractéristiques et au comportement de ces assemblées, au vu notamment de leur extraordinaire hétérogénéité. La seconde critique affirme l'inutilité d'une telle étude, les secondes chambres ne jouant plus aujourd'hui qu'un rôle résiduel dans les démocraties modernes.
[...] Elle est cependant générale et incite, dès lors, à réfléchir sur l'avenir des secondes chambres au sein de nos démocraties. . mais fondamentalement ancrée dans les démocraties occidentales Une persistance à double face Il serait peu honnête de nier que la persistance des secondes chambres doit beaucoup aux pesanteurs institutionnelles et politiques qui freinent les évolutions spontanées. La suppression (ou la réforme brutale) des secondes chambres, si tant est qu'elle soit réellement souhaitée, se heurterait en effet à de forts obstacles constitutionnels. [...]
[...] Il semble être, pour certains, une incitation directe soit à supprimer des secondes chambres devenues inutiles soit à les modifier de façon profonde. Ces projets de réforme, que l'on qualifierait volontiers d'anachroniques en France, ont repris toute leur actualité avec la victoire travailliste de Tony Blair le 1er juin 1997. Des propositions de réformes contre les deuxièmes chambres Il est rare qu'un mouvement politique significatif ne demande la suppression totale de la seconde chambre, c'est-à-dire le passage du bicamérisme au monocamérisme. [...]
[...] Cette difficulté se retrouve pour tous les pays dont la seconde chambre n'a pas, à l'instar de l'Angleterre et des Etats-Unis, fonctionné de façon continue depuis sa création. On peut toutefois la surmonter en considérant, non pas le moment historique d'une hypothétique " genèse " mais la période à laquelle est créée, recréée ou modifiée la seconde chambre d'un Etat. Ce point de vue est plus instructif parce qu'il permet de dégager des éléments de convergence entre les différentes " histoires " nationales. [...]
[...] En dehors de ces trois cas, la Chambre des Lords jouit de prérogatives identiques à celles de la Chambre des Communes. Le cas français obéit à un objectif similaire, c'est-à-dire qui soit in fine inégalitaire. Ainsi, si la Commission Mixte Paritaire n'arrive pas à concilier le point de vue des deux assemblées, le Gouvernement peut permettre à l'Assemblée Nationale d'adopter seule le projet. Dans les Etats fédéraux, la logique est radicalement différente. On distingue couramment deux grandes catégories de lois. [...]
[...] Au delà de ces aspects purement institutionnels, le facteur habitude pèse fortement en faveur du maintien des secondes chambres. L'explication sociologique est aisée : les secondes chambres, souvent critiquées, peuvent servir de refuge - certains diraient de "sinécures" - aux ténors politiques sur le déclin ou aux hommes politiques que le suffrage direct ne permettraient pas de distinguer. Dans la lignée (en l'espèce opportuniste) de Victor Hugo, ceux-ci se font élire, presque en catimini, membres de la seconde chambre. Ils découvrent alors, comme par enchantement et après des années d'aveuglement coupable, que celle-ci accomplit un travail remarquable Si ces facteurs institutionnels et politiques devaient être évoqués, ils ne constituent absolument pas la raison ultime de la persistance des secondes chambres. [...]
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