Les constituants américains de 1787, inspirés par les théories de Montesquieu, ont eu le souci, dans leur rédaction, de limiter les pouvoirs, afin de garantir la protection des libertés individuelles et des droits des États fédérés face au pouvoir fédéral. Il en a découlé un régime de séparation stricte des pouvoirs dans lequel la division des compétences s'accompagne d'un système de contrôle mutuel. Cependant, pour éviter la paralysie du régime, cette réduction des pouvoir suppose également leur collaboration. C'est cet aspect du régime présidentiel américain qu'a choisi d'analyser J-P. Lassale dans le premier numéro de janvier 2001 des Documents d'études sur les institutions des États-Unis. En étudiant les relations entre le Président et le Congrès, J-P. Lassale constate que ces deux organes sont en réalité des «associés rivaux, condamnés à vivre ensemble». En effet, si la Constitution semble instituer une rivalité entre les deux pouvoirs principaux, exécutif et législatif, la pratique et la logique les poussent obligatoirement à s'associer, sous peine d'un blocage systématique du régime. Néanmoins, si cette collaboration est essentielle, voire indispensable, la «situation potentiellement conflictuelle» créée par la Constitution n'en demeure pas moins vraie ni même sans conséquences, puisqu'à la domination de l'un des deux pouvoirs paraît se succéder celle de l'autre.
Comment deux comportements aussi paradoxaux peuvent-ils coexister entre le législatif et l'exécutif sans que le système ne devienne instable ? C'est la question qui se pose et il conviendra d'étudier tout d'abord les différents éléments pouvant rendre conflictuelle la relation entre le Président et le Congrès des États-Unis, avant de voir ceux qui rendent indispensable la collaboration entre les deux organes.
[...] Pourtant, selon les circonstances, cette négociation peut se montrer contrainte ou plus spontanée. A. Une collaboration "forcée" Si la collaboration entre le pouvoir exécutif et le législatif est obligatoire pour la survie su système, celle-ci ne se fait néanmoins pas sans heurts, tant du point de vue de la pratique que du point de vue constitutionnel. Le budget et l'importance de l'opinion publique Dans la logique de la Constitution, la question budgétaire a tout pour rendre les relations entre le Président et le Congrès conflictuelles. [...]
[...] Ainsi, l'autorisation de ratifier le traité de Versailles en 1919 fut refusée par le Séant alors que le Président Thomas W. Wilson avait largement inspiré sa rédaction. Le contrôle de l'exécutif Du fait de la séparation des pouvoirs entre le Congrès et la présidence, et du fait que la responsabilité politique de l'exécutif ne peut être engagée devant les parlementaires, le contrôle de la présidence passe alors par des commissions de surveillance (Watchdogs Committees), qui enquêtent sur les interventions de l'exécutif dans un domaine déterminé. [...]
[...] Cependant, la collaboration entre le Président et le Congrès n'est pas systématiquement contraignante, mais peut se faire de manière plus volontaire et spontanée. B. Une coopération volontaire Même si le régime présidentiel instaure une séparation des pouvoirs, il existe un dialogue permanent entre la présidence et le Congrès, dialogue facilité en période de concordance des majorités présidentielle et parlementaire mais pas forcément problématique en période de "cohabitation". L'initiative des lois D'un point de vue constitutionnel, l'initiative des lois appartient exclusivement au Congrès. [...]
[...] Une concurrence organisée séparation des pouvoirs qu'implique le régime présidentiel», comme le rappelle J-P Lassale, existe en ce sens que le Président et le Congrès sont statutairement indépendants l'un de l'autre. En effet, le Président, pas plus que ses "ministres", ne sont responsables politiquement devant le Congrès, qui ne peut les renverser puisque la procédure de destitution ne concerne que la responsabilité pénale. Réciproquement, le Congrès est à l'abri de toute dissolution de la part du Président. Tirant tous deux leur légitimité de la population, puisque élus au suffrage universel, chacun a la possibilité d'adopter une position parfaitement antagoniste à celle de l'autre. [...]
[...] Dans les trois cas, le Congrès s'est imposé comme un véritable adversaire de l'exécutif. Pourtant, si la Constitution pousse le Congrès et le Président à un certain antagonisme, voire parfois à une domination de l'un sur l'autre, la pratique les incite également à «une négociation permanente sous peine de paralysie». II. Une association indispensable au fonctionnement du régime Selon l'expression de J-P. Lassale, le Président et le Congrès sont «condamnés à vivre ensemble», en ce sens que la Constitution «les incite ( ) à une négociation permanente sous peine de paralysie». [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture