Le Président de la République : usages et genèses d'une institution. Sous la direction de Bernard Lacroix et Jacques Lagroye

Extraits

[...] Dans le second texte présenté, la parole présidentielle n'est pas abordée directement mais au travers de la notion de charisme d'institution, qui fait du Président de la République l'acteur habilité à " parler pour la généralité des relations sociales B. François revient sur le processus de concurrence qui existe entre les acteurs politiques pour s'ériger en interprète légitime du texte constitutionnel. Cet enjeu que constitue l'habilitation à avoir un droit de parole sur le texte constitutionnel, s'est posé dès la mise en place de la Vème République et s'est révélée principalement lorsqu'il a fallu songer à la succession de son fondateur, le Général De Gaulle. [...]

[...] Lehingue concernant les interventions institutionnelles du chef de l'Etat. S'il remarque que les discours présidentiels sont désormais délivrés de nombreuses contraintes de forme, l'auteur insiste sur le fait que ces paroles sont policées et limitées par sa position statutaire. En substance, le contenu de ces discours ne peut être aussi percutant que l'affirment certains observateurs politiques, mais fortement stéréotypé puisque le président de la République doit se conformer à son rôle de porte- parole unique du groupe social le plus large qui puisse exister, la Nation. [...]

[...] Le Président de la République: usages et genèses d'une institution. Sous la direction de Bernard Lacroix et Jacques Lagroye Commentaire Le défi principal de cet ouvrage, Le Président de la République, regroupant douze articles d'universitaires sous la direction de Bernard Lacroix et de Jacques Lagroye, est de nous présenter l'institution présidentielle hors du cadre juridique stricto-sensus, mais en mettant en avant des éléments plus implicites qui participent à la définition du poste et du rôle du chef de l'Etat. C'est dans cette démarche " politiste " que s'inscrivent les trois chapitres choisis, ayant pour particularité commune de s'intéresser aux relations qu'entretiennent le discours, et plus largement la parole avec la représentation institutionnelle et sociologique du Président de la République. [...]

[...] Patrick Lehingue prend comme point de départ de son analyse la codification constitutionnelle du discours présidentiel. Après avoir constaté que seuls trois articles du texte d'octobre 1958 traitaient de ce sujet (et ce de manière très synthétique), l'auteur tente d'expliquer ce " mutisme du droit " en le comparant à la réglementation antérieure. Outre le fait de retrouver deux constantes à ce sujet dans l'histoire constitutionnelle française, (la parcimonie et la relation avec les organes institutionnels), ce judicieux retour en arrière permet de mieux évaluer tous les enjeux politiques qui déterminent la codification du droit ou devoir de parole du chef de l'Etat. [...]

[...] Mais chacun de ces auteurs met en avant le rapport entre ce " marché discursif " particulier et la définition du rôle et du poste présidentiel. Ainsi, P. Braud n'hésite pas à affirmer que les discours des présidentiables crédibles pèsent " dans la modulation ou la consolidation des représentations relatives à l'institution présidentielle En interprétant par exemple, l'utilisation du " je " ou du " nous on peut y voir l'expression de ce qu'il appelle le " paradoxe démocratique de la représentation " qui touche de plein fouet l'institution présidentielle : il s'agit d'apparaître à la fois doté de facultés et de qualités exceptionnelles dignes de la tâche qu'on prétend assumer tout en se montrant proche des gens et apte à comprendre leurs aspirations. [...]