La place tenue par l'Eglise et son droit dans le monde médiéval, l'ampleur de la législation tant conciliaire que pontificale, et la constitution de facultés de droit dans les universités sont autant de conditions favorables au développement d'une doctrine canonique s'exprimant dans l'enseignement universitaire et dans d'innombrables écrits. Les travaux des canonistes passent de petites explications de mots à de grandes œuvres de synthèse appelées « Sommes ». Le XIIIe siècle connaît la production de grandes Sommes, notamment au sujet des Décrétales de Grégoire IX, par les plus célèbres canonistes de l'époque, tels que Bernard de Parme et Hostiensis. Hostiensis –ou Henri de Suse– a connu la carrière-type de ces clercs du XIIIe siècle dont l'ascension découle de leur formation universitaire et de leurs compétences juridiques. Né à Suse peu avant 1200, il étudie le droit canon à Bologne, puis il enseigne à Paris où il occupe les fonctions d'archidiacre. Il a peut-être également enseigné à Bologne. Sa Summa Aurea, Somme en or, où tout le droit canonique est explicité, rédigée entre 1239 et 1253, et son commentaire sur les décrétales achevé vers la fin de sa vie, Lectura in quinque libros decretalium, alimentent la réflexion sur la nature de la souveraineté.
Dans la Summa Aurea, commencée au temps de son enseignement parisien, il considère les titres de Grégoire IX et en ajoute un certain nombre. Ce n'est pas une simple compilation mais un commentaire étoffé. Il développe plusieurs chapitres sur des sujets précis, explicitant tout le droit canonique. Dans la préface de la Summa Aurea (Somme aux Titres des Décrétales), Hostiensis montre l'origine fondée des Décrétales de Grégoire IX. Il se base sur les autorités du droit canonique : la Bible, saint Augustin, le Décret de Gratien, les codes du droit romain, afin d'expliciter la succession des différentes lois qui ont régi le genre humain depuis la Création de l'Homme, montrant le primat du droit naturel. Il aborde ensuite la théologie, définissant deux types d'hommes et deux modes de vie : les laïcs préférant le temporel, et les religieux le spirituel, les clercs séculiers formant un mixte des deux. Ce mixte serait aussi la base du Décret de Gratien, première grande compilation canonique, à laquelle en ont succédé huit autres. Grégoire IX voulant remettre de l'ordre a fait rassembler le nécessaire dans un ouvrage abrogeant les autres compilations
[...] Les Institutes est un manuel d'enseignement du droit en quatre livres, rédigé en 533 sous le règne de Justinien, et inspiré par le commentaire de Gaïus. Quant au Code, c'est un recueil de lois édictées depuis Hadrien. Ces trois ouvrages ajoutés aux Novelles[7] forment le Corpus juris civilis composé à l'instigation de l'empereur Justinien. Les références d'Hostiensis au droit romain nous amènent à aborder les rapports qu'entretiennent les canonistes au droit romain. Les rapports au droit romain En effet, les rapports entre droit canon et droit romain n'ont pas toujours été faciles. [...]
[...] Recueil des lois de Justinien et de ses successeurs. Honorius III (1216-1227), d'origine romaine, était âgé de 90 ans lors de son élection. GAUDEMET (Jean), Eglise et cité. Histoire du droit canonique, Paris, Cerf pp.406-407. DDC, V article Droit canonique rédigé par R.Naz, col.1446- 1495. GAUDEMET (Jean), Eglise et cité. Histoire du droit canonique, Paris, Cerf p.396. Premier centre universitaire de droit au Moyen Age. [...]
[...] Pour montrer la complexité du droit canonique, il présente, tel un historique, toutes les lois qui ont régi le genre humain depuis la création de l'homme en commençant par les lois naturelles comme nous l'avons vu précédemment. Puis il retrace les causes du déluge qui intervient tout juste après la découverte du droit des gens, le Déluge étant la conséquence de la colère divine face aux querelles des hommes et ayant pour but de rétablir l'ordre, et par-là même le droit naturel qui n'était pas respecté. [...]
[...] Une décrétale est un texte normatif émanant de la papauté (epistolae decretales). A la base, on distinguait les epistolae decretales qui sont des rescrits, c'est-à-dire des réponses du pape à un évêque ou un juge donnant la solution sur un problème douteux, des décrets qui est ce que le pape constitue de sa propre autorité, en présence de cardinaux, et qu'il met par écrit. La distinction ne survit pas aux premiers décrétistes (ceux qui étudient le droit) : seule décrétale subsiste, on la qualifie de générale ou de spéciale selon la teneur du texte et le destinataire (distinction bolonaise des années 1170 qui se généralise rapidement). [...]
[...] Histoire du droit canonique, Paris, Cerf pp. 560-564. Il existe deux visions du mariage, l'une relevant du droit romain, l'autre du droit canon. Le Corpus juris canonici regroupe le Décret de Gratien, les Décrétales de Grégoire IX, et trois autres recueils de décrétales postérieures : le Sexte, les Clémentines, les Extravagantes. Le Corpus juris civilis fut composé à l'instigation de l'empereur Justinien, il est composé du Code (recueil des lois édictées depuis Hadrien), du Digeste (recueil de textes de juristes et de jurisconsultes), des Institutes (grand manuel de droit), et des Novelles (lois que Justinien et les empereurs byzantins ajoutèrent à la législation déjà existante). [...]
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