En étudiant l'histoire du régime français durant cette période, Jean-Marie Donegani et Marc Sadoun, auteurs de La Vème République, Naissance et Mort, incitent à se demander dans quelle mesure cette république existe-t-elle toujours aujourd'hui, malgré les transformations radicales qu'elle a subies
[...] Malgré l'avènement d'un «régime ultra-présidentiel», Valéry Giscard d'Estaing se présente comme un pédagogue qui interprète et convainc, attaché au pluralisme et dont la conception des rapports entre la politique et la société est radicalement opposée à celle du Général de Gaulle. En effet le premier la qualifie d'ascendante, représentative et pluraliste, alors que le second la présentait comme étant descendante incarnative et unitaire. Pourtant Jean-Marie Donegani et Marc Sadoun avaient précédemment affirmé que le Général de Gaulle concevait la démocratie comme ascendante, dans la mesure où le politique doit décider de ses orientations en fonction de la réalité et des faits. Cependant, il demeure bien le décideur qui conduit l'Etat et influence la Société. [...]
[...] En effet, élu par une majorité, le Président de la République ne peut plus répondre à l'image de l'incarnation de l'unité. La conjonction de la bipolarisation du système et de la dynamique majoritaire affirme la suprématie de la représentation, favorisée par les circonstances sociales et économiques ainsi que par l'affrontement d'idéologies opposées . Le Chef de l'Etat s'appuie alors sur ce canal sans toutefois renier le précédent. Les moyens d'expression du pouvoir incarnatif, principalement le référendum et la dissolution, ne sont plus utilisés de façon effective. [...]
[...] Cette réflexion est essentiellement centrée autour de la place du chef de l'Etat dans l'équilibre institutionnel et qui s'avère variable au cours des différents septennats. Pour une telle étude, les deux auteurs mettent en exergue le jeu institutionnel et politique qui s'installe autour des deux canaux d'expression offerts par la Constitution aux citoyens et correspondant à deux conceptions opposées du pouvoir politique. Tout d'abord, le circuit incarnatif induit une relation directe entre le Chef de l'Etat et le pays, c'est-à-dire les citoyens. Le Président de la République symbolise alors l'unité de la France, l'expression de la volonté générale et de l'ordre. [...]
[...] A l'ère des sondages, on assiste à l'avènement de la démocratie d'opinion, dans laquelle la Vème République ne semble plus avoir lieu d'être. Conçu pour que la politique soit le moteur de la vie sociale, principalement par le biais de la volonté du Chef de l'Etat, ce régime, ne correspond plus à la réalité actuelle. Toutefois, plutôt que de parler de mort de la Vème République, ne peut- on, par cette évolution, mettre en évidence l'extraordinaire malléabilité de ce régime. [...]
[...] Quant aux deux périodes de cohabitation, elles correspondent certainement à la pratique la plus éloignée de celle de l'esprit de la Constitution telle qu'elle a été conçue par ses fondateurs. Pourtant, elle permet de voir fonctionner le véritable équilibre institutionnel, avec la coordination obligatoire entre les différents pouvoirs. Chacun doit rester dans les limites fixées par le texte. Le Président qui décide de rester doit accepter de demeurer dans son domaine réservé même si François Mitterrand a su montrer que, au nom de ses fonctions d'arbitre et de garant du respect de la Constitution, il devait pouvoir s'opposer à certaines actions du Premier Ministre. [...]
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