La situation de monolithisme qui avait jusqu'en 1986 été celle de la France, venait de prendre fin et avec elle, une entente au sein de l'exécutif caractérisée par l'hégémonie présidentielle, pour faire place à une situation inédite de « cohabitation » plutôt tendue. C'est à cause de ces tensions que Jacques Chirac parle en ces termes des lectures constitutionnelles concernant l'entente au sein de l'exécutif : il se déclare d'une part en accord avec les lectures théoriques faites jusqu'à présent (I), mais déplorant les déséquilibres excessifs en faveur du président, souhaite un retour à l'usage gaullien du début de la Ve République (II) (...)
[...] Interview de Jacques Chirac à Valeurs actuelles novembre 1986 Il faut distinguer l'ordre des principes et celui de la pratique. Sur le plan des principes, j'ai toujours défendu l'idée que l'exercice du pouvoir variait selon que le chef de l'Etat et sa majorité étaient ou n'étaient pas en harmonie. Quand le président de la République appartient à la même famille politique que sa majorité, il en est, par nature le chef. Et par voie de conséquence, ses pouvoirs politiques excèdent ses pouvoirs constitutionnels. [...]
[...] Si en revanche, la coexistence se poursuit, il y a logiquement partage. Voilà pour le principe. Dans la pratique, je suis partisan de revenir à l'équilibre que nous avons connu au début de la Ve République. Le général de Gaulle exerçait les responsabilités touchant à l'essentiel, les affaires étrangères et la défense ; dans les autres domaines, il laissait une très grande liberté à son gouvernement. Ce n'est que peut à peu que le reste du pouvoir s'est transféré à l'Elysée, j'ai toujours considéré qu'il y avait eu là un excès. [...]
[...] Derrière ces critiques et ces souhaits que faut-il deviner : une proposition de réviser la Constitution, de la rétablir dans sa rigueur originelle ? Ou ne serait-il pas plutôt un rappel à l'ordre masqué et très diplomatique afin que chacun reprenne au sein de l'exécutif sa place définie par la Constitution ? Il semble que la seconde hypothèse soit la plus crédible, car président de la République Jacques Chirac aura la même approche présidentialiste des institutions. Il aura cependant une pratique de la cohabitation plus conciliante avec Lionel Jospin qu'il ne l'a connue avec François Mitterrand. [...]
[...] Jacques Chirac ne remet pas ce système en cause. Au contraire, il l'approuve J'ai toujours défendu que l'exercice du pouvoir variait car, lorsque la situation de monolithisme se retourne, on revient à une situation qui permet une lecture stricte de la Constitution. La situation de coexistence ou de cohabitation. Jacques Chirac utilise le terme de coexistence pour évoquer la cohabitation. Ce terme qui s'est depuis imposé n'est pas utilisé par le premier ministre, mais il renvoie aux mêmes caractéristiques que la cohabitation. [...]
[...] C'est cette autonomie du gouvernement que Jacques Chirac revendique et que représentant d'un point de vue général il souhaite pour son propre cas, car dans cette situation de la première cohabitation, la coexistence n'est pas spécifique, si bien qu'il en est amené à critiquer, les utilisations outrancières de supériorité dont bénéficie le président et auxquels il s'est heurté tout en se déclarant en faveur de la pratique gaullienne des débuts de la Ve République. II) Le nécessaire retour à l'équilibre des débuts de la Ve République. [...]
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