Le 27 août 1958, lors de son discours devant le Conseil d'Etat, Michel Debré avait exposé les modalités d'élection du Président de la République et expliqué les motivations du choix.
En effet, la Constitution originale de 1958 prévoit dans son article 6 que « le président de la République est élu pour sept ans, par un collège électoral comprenant les membres du Parlement, des conseils généraux et des assemblées des territoires d'Outre-Mer, ainsi que les représentants élus des conseils municipaux ». Il s'agit donc d'un collège élargi de 80 000 personnes auquel il incombe d'élire le Président en 1958. On avait, dès le début, écarté une élection parlementaire afin de restaurer l'exécutif et dans le respect de la séparation des pouvoirs. Le discours de Debré comporte de nombreux arguments expliquant le rejet d'une élection populaire.
Or, à peine quatre ans plus tard, lors d'une allocution télévisée le 20 septembre 1962, le général de Gaulle annonce la révision de la Constitution sur le point des modalités d'élection du Président. Cette déclaration provoque un véritable Blitzkrieg : le gouvernement est renversé le 4 octobre, l'Assemblée Nationale est dissoute le 9. Le 28 octobre, les Français adoptent le projet de révision par référendum avec 62% des suffrages. En 1965, le premier Président est élu au suffrage universel.
Une dernière modification est apportée en 2000, lorsque la loi constitutionnelle du 2 octobre ramène le mandat du Président de sept à cinq ans.
Il ne s'agit d'ailleurs pas d'analyser les motivations de cette dernière réforme, mais d'analyser à plus près les réformes quant au corps électoral.
Ainsi, on peut affirmer que la réforme de 1962 n'a pas entraîné un bouleversement profond du jeune régime de la Ve République, mais a en effet permis la perpétuation de la nature du régime.
Si le suffrage des notables de la Constitution originale permet de confirmer de Gaulle à la place du chef de l'Etat (I), ses successeurs auront besoin d'une plus grande légitimité pour garantir la puissance présidentielle (II).
[...] Le régime actuel de la Ve République est souvent qualifié de présidentialiste. L'élection du Président au suffrage universel contribue largement à la prééminence présidentielle qui caractérise ce régime du fait de la plus grande légitimité qu'elle garantit. Or, si on peut établir un lien entre ces deux notions, le seul fait du suffrage présidentiel n'est pas suffisant pour mettre en œuvre la surpuissance présidentielle. Dans d'autres régimes parlementaires, le président est élu au suffrage universel sans pour autant entretenir une place prééminente. [...]
[...] Il ne pouvait alors pas accepter que le pouvoir du Président de la République découle du vote des élus parlementaires. Debré donne plusieurs raisons pour lesquelles on a écarté l'élection populaire. Ainsi, on veut éviter que le parti communiste, qui dispose d'un électorat important, ne devienne prépondérant. En plus, un ancien argument dit que la France refuse d'être colonisée par ses propres colonies. Les réflexions sur le suffrage étaient importantes en 1958. D'ailleurs ce n'était pas la modalité de l'élection qui était à l'origine du résultat des élections du Président de la République en décembre 1958. [...]
[...] La signification de l'élection du Président de la République sous la Ve: du suffrage des notables au suffrage des citoyens Le 27 août 1958, lors de son discours devant le Conseil d'Etat, Michel Debré avait exposé les modalités d'élection du Président de la République et expliqué les motivations du choix. En effet, la Constitution originale de 1958 prévoit dans son article 6 que le président de la République est élu pour sept ans, par un collège électoral comprenant les membres du Parlement, des conseils généraux et des assemblées des territoires d'outre-mer, ainsi que les représentants élus des conseils municipaux Il s'agit donc d'un collège élargi de personnes auquel il incombe d'élire le Président en 1958. [...]
[...] Un président ne peut tenir une place suprême dans la vie politique en situation de cohabitation. Ainsi, l'apparition d'une majorité stable et disciplinée dans l'Assemblée Nationale, c'est-à-dire le fait majoritaire, ainsi que la bipolarisation de la vie politique ont largement contribué à la prééminence présidentielle. Ces deux faits politiques sont cependant souvent définis comme des conséquences de la réforme de 1962. Mais cette réforme n'en est pas la seule cause. [...]
[...] Le Président comme seul élu du peuple tout entier La Constitution de la Ve République avait l'ambition de rationaliser le système politique, et donc de mettre en place des institutions stables et efficaces. Elle devra mettre fin à l'instabilité ministérielle, qui avait caractérisé les IIIe et IVe Républiques. Or, de Gaulle s'est rendu compte que le régime établi en 1958 comportait une faille, celle de la faible représentativité du président par rapport aux députés. Si les députés à l'Assemblée nationale sont élus au suffrage universel, le Président est élu par un collège élargi, composé de notables. [...]
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