Il paraît exagéré et présomptueux de prétendre que le système politique américain est antidémocratique car la démocratie est à la politique ce que la concurrence pure et parfaite est à l'économie : une illusion. Elle supposerait d'une part que tous les citoyens soient capables d'opérer un choix éclairé et rationnel, d'autre part que toute la population prête un égal intérêt à la politique, ce qui est une utopie. Bien des changements seraient cependant nécessaires, tout d'abord pour donner un caractère démocratique à l'élection du président, ensuite pour accroître la légitimité dont il bénéficie par rapport à la population, et enfin pour moderniser les mécanismes électoraux en eux-mêmes
[...] Pour réduire les injustices liées à l'accès aux médias, il faudrait que le temps d'antenne de tous les partis soit égal, et peut-être pourrait-on créer une chaîne de télévision publique qui fonctionnerait pendant la durée de la campagne. Actuellement tout le monde sait que le vainqueur de l'élection sera nécessairement un Républicain ou un Démocrate; l'incertitude quant au résultat de l'élection pourrait être accrue si ces réformes étaient opérées Les disparités entre Etats et les inégalités entre citoyens Une élection suppose, dans un pays démocratique, des règles identiques dans toutes les circonscriptions, aussi bien au niveau de la désignation des candidats que lors de l'élection, or on peut observer une différence entre les systèmes électoraux des Etats fédérés : Certaines élections primaires sont des élections officielles, d'autres sont des élections internes au parti organisées par l'Etat ou par le parti. [...]
[...] Le taux de participation dépend aussi de l'origine sociale, de la race, du revenu et de la mobilité des citoyens, et bien des réformes pourraient être opérées pour encourager la participation de tous en simplifiant la procédure. L'élection a toujours lieu le mardi qui suit le premier lundi de Novembre. Ce n'est pas un jour férié, ce qui pose un problème pour les gens qui travaillent, surtout pour ceux qui occupent des postes subalternes et ne peuvent pas se permettre de s'absenter. Les catégories sociales les plus basses, les gens qui travaillent tôt ou qui ont deux emplois ce qui est très fréquent aux Etats-Unis sont donc défavorisés. [...]
[...] C'est le système du Winner-Take-All »,selon lequel un candidat peut soit gagner tous les grands électeurs d'un Etat (qu'il ait obtenu 51% ou 99% des suffrages), soit n'en gagner aucun (qu'il ait eu ou 49% des voix populaires de cet Etat), qui provoque cette dérive antidémocratique incompréhensive pour la majorité de la population, et qui entache gravement la légitimité du président minoritaire. On pourrait penser que si le choix de la population n'est pas respecté c'est au profit des Etats, auxquels le système accorde plus d'importance qu'aux citoyens. [...]
[...] Les partis recueillent aussi des fonds grâce à d'autres moyens de financement, comme les entreprises et les particuliers, dont les contributions sont plafonnées mais qui contournent les limitations en donnant de l'argent aux candidats sous forme de soft money censé aller au parti et non servir à la campagne (selon certains rapports, les élections 2000 auraient pu coûter jusqu'à 3 milliards de dollars). Ce système favorise encore une fois les grands partis, plus susceptibles d'être élus et donc d'apporter des satisfactions aux lobbies et groupes d'intérêts qui les ont subventionnés pour les remercier. La seule solution paraît être un financement des campagnes totalement public, d'un montant égal pour tous les partis. Les médias, quant à eux, s'intéressent seulement aux candidats qui ont une réelle chance de l'emporter. [...]
[...] Certains qualifient même les deux partis de parti unique bicéphale au vu des candidats M. Bush et M. Gore qui ont chacun adopté les positions traditionnelles de l'autre parti : M. Bush s'inquiète des questions d'éducation et de santé tandis que M. Gore est favorable à la peine de mort et veut augmenter les dépenses militaires. Les tiers partis sont une réaction face à ce plagiat politique. Où réside alors la légitimité du président américain et comment se fait-il que la population garde son calme et sa confiance dans ses gouvernants ? [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture