« Un mode de scrutin malsain », c'est ainsi que Thomas Philippon qualifie le scrutin majoritaire dans un article du monde daté du 22 mai 2002. D'autres le comparent volontiers à une sorte de caricature, un « miroir brisé ou déformant de la réalité politique ».
Le mode de scrutin désigne les règles techniques destinées à départager les candidats à une élection. Le scrutin majoritaire est un scrutin où tous les sièges sont attribués aux candidats ayant obtenu la majorité des voix : il peut être uninominal ou plurinominal, à un ou deux tours. Dans le cadre du scrutin uninominal les électeurs votent pour un candidat ; dans le cas d'un scrutin plurinominal les électeurs votent pour plusieurs personnes (liste).
Alors quelles conséquences sur la représentation « réelle » des formations politiques ? Le scrutin majoritaire est-il en cause ? On parle volontiers d'une crise de la représentation, et l'on peut donc légitimement s'interroger sur les effets du mode de scrutin majoritaire et son impact sur la représentation nationale. Notre propos se limitera à l'étude du mode de scrutin majoritaire sous la Ve république.
[...] La question du mode de scrutin alimente encore des débats. La commission Balladur, créée en 2007, fût chargée de faire des propositions sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions de la Ve république. Sans remettre en cause le scrutin uninominal, cette commission avait fait des propositions concrètes sur l'évolution du mode de scrutin en envisageant d'instaurer une dose de proportionnelle pour les élections législatives. Après de vives discussions, cette proposition n'a pas été retenue. Finalement, pour les partis au pouvoir, le meilleur mode de scrutin reste celui qui leur garantit le plus d'élus. [...]
[...] Ce scrutin de liste et pour la moitié des sièges restent à scrutin majoritaire et pour l'autre moitié des sièges à scrutin proportionnel. Chaque électeur vote pour la liste de son choix, celle qui obtient la majorité des voix récolte la moitié des sièges et l'autre moitié des sièges est alors attribuée selon le système proportionnel (en fonction du nombre de voix obtenues). Ce mode de scrutin et plus respectueux des petites formations et ouvre la voie à l'opposition tout en conservant une majorité pour gouverner. [...]
[...] Ce choix n'est pas le fait du hasard, et l'objectif est d'assurer une majorité stable au Parlement, afin que l'exécutif puisse conduire les réformes attendues. Les différentes élections (présidentielles et législatives) qui eurent lieu sous la Ve République montrent à l'évidence l'influence du mode de scrutin majoritaire sur la vie politique française. Dès 1965, lors de la première élection du Président de la République au suffrage universel direct et les élections législatives qui suivirent ont donné à l'exécutif une majorité stable à l'assemblée. [...]
[...] Le scrutin majoritaire sous la Ve République Un mode de scrutin malsain c'est ainsi que Thomas Philippon qualifie le scrutin majoritaire dans un article du monde daté du 22 mai 2002. D'autres le comparent volontiers à une sorte de caricature, un miroir brisé ou déformant de la réalité politique Le mode de scrutin désigne les règles techniques destinées à départager les candidats à une élection. Le scrutin majoritaire est un scrutin où tous les sièges sont attribués aux candidats ayant obtenu la majorité des voix : il peut être uninominal ou plurinominal, à un ou deux tours. [...]
[...] Cependant en 1986, alors que tous les spécialistes s'accordaient pour dire que la droite de Jacques Chirac allait massivement remporter les élections législatives, le Président François Mitterrand décida de changer le mode de scrutin pour le remplacer par la proportionnelle dans le but avoué de limiter la victoire annoncée de la droite. En effet, la droite n'obtient qu'une majorité relative, et les petits partis font leur entrée dans l'hémicycle. Sans majorité absolue, le champ d'intervention du gouvernement s'en est trouvé restreint (cf le refus du Président de la République de signer des ordonnances concernant la privatisation de certains pans de notre économie). Le mode de scrutin proportionnel aurait pu dès lors générer un blocage des institutions. [...]
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