En 1958, la mission des constituants était très claire : mettre fin à l'instabilité gouvernementale due à une trop forte hégémonie du pouvoir législatif. Pour se faire ils vont donc renforcer le pouvoir de l'exécutif et surtout ceux du Président de la République et du Premier Ministre. Ce dernier succède d'ailleurs à la fonction de Président du Conseil comme pour mieux signifier sa subordination envers le Président de la République.
L'un, à savoir le Président se devait d'être l'arbitre et le garant de la Constitution, l'homme au dessus des partis comme l'avait voulu De Gaulle et c'est pourquoi son mandat était plus long que celui des législateurs et le second se devait d'être celui qui détermine et conduit la politique de la nation. Les deux pouvoirs instituaient donc un bicéphalisme (c'est-à-dire deux tête à l'exécutif) dyarchique (c'est-à-dire d'égale importance).
Mais l'élection au suffrage universel directe du Président de la République, l'apparition du fait majoritaire, l'apparition de la cohabitation allaient modifier en pratique le rôle du Premier Ministre sous la Ve République pour l'éloigner ou le rapprocher de manière plus ou moins importante en fonction des contextes de son rôle originel. En effet, aujourd'hui après 50 ans passé d'exercice de la Constitution, peut-on encore dire que le Premier Ministre dirige l'action du gouvernement (art.21) ou encore qu'il est le véritable chef du gouvernement ?
[...] Lorsque l'impopularité est trop élevée, on change alors de premier ministre, il saute alors comme un fusible préservant le Chef de l'Etat. Cette répartition des rôles n'a jamais été aussi accusée que durant les trois dernières années du gouvernement Barre, on l'a retrouvé avec Raffarin qui a subi directement et personnellement le non des Français au référendum sur la Constitution européenne où il assura alors le rôle de catalyseur du mécontentement, comme il le reconnaissait lui-même quelque temps après: le premier ministre dure et endure, dans le poste le plus exposé celui qui demande le plus d'abnégation Dans la pratique, il est fréquent que le premier ministre apparaisse comme le chef naturel de la majorité parlementaire (sinon c'est une majorité présidentielle jusqu'en 1986 de 1995 à 1997 et à partir de juin 2002). [...]
[...] En effet, la Constitution ne donnait pas expressément au Président le droit de le révoquer : art.8 Il (le Président) met fin à ses fonctions (celles du premier ministre) sur la présentation par celui-ci de la démission de gouvernement ce qui signifie qu'en cas de conflit, il aurait pu, avec l'appui du parlement braver l'autorité du Président en ne présentant pas sa démission. De plus, grâce à l'exigence du contreseing, le premier ministre peut paralyser la puissance du Président en l'empêchant de gouverner seul. Mais la pratique, nous le verrons par la suite, modifiera cette hiérarchie entre allégeance ou partage strict des compétences en fonction du contexte politique. [...]
[...] Le premier ministre doit assurer son autorité sur elle pour maintenir sa cohésion. Mais ce principe a connu des exceptions. Tous les premiers ministres ne sont pas parvenus à se faire reconnaitre comme chef de la majorité, c'est le cas de Couve de Murville, Mesmer, Barre, Fabius, Rocard, Cresson ou encore Villepin par rapport à Sarkozy. Lorsqu'il ne joue pas ce rôle c'est la fidélité au président qui apparaît comme le ciment de la majorité, mais alors le Président devient, qu'il le veuille ou non, chef de majorité. [...]
[...] Mais l'action du premier ministre est l'exercice précaire d'une délégation tacite qui peut être remise à tout moment. A un De Gaulle campant sur les hauteurs succédera un Pompidou se mêlant de tout, élargissant et approfondissant son champ d'intervention, un Valery Giscard D'Estaing plus ponctuel et intermittent, Un François Mitterrand assez lointain tout d'abord laissant à son premier ministre s'exposer pour monter ensuite en première ligne lorsque le besoin s'en fait sentir. De Gaulle disait : le premier ministre participe à la conception ; organise la préparation et dirige l'exécution Ici De Gaulle sous-entend donc qu'il n'est pas seul à concevoir, d'ailleurs il ne fait qu'y participer, il ne décide pas. [...]
[...] Le rôle du premier ministre sous la Vème République En 1958, la mission des constituants était très claire : mettre fin à l'instabilité gouvernementale due à une trop forte hégémonie du pouvoir législatif. Pour se faire ils vont donc renforcer le pouvoir de l'exécutif et surtout ceux du Président de la République et du premier ministre. Ce dernier succède d'ailleurs à la fonction de Président du Conseil comme pour mieux signifier sa subordination envers le Président de la République. L'un, à savoir le Président se devait d'être l'arbitre et le garant de la Constitution, l'homme au dessus des partis comme l'avait voulu De Gaulle et c'est pourquoi son mandat était plus long que celui des législateurs et le second se devait d'être celui qui détermine et conduit la politique de la nation. [...]
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