La Constitution de 1958 instaure un pouvoir gouvernemental dont le président de la République est l'autorité suprême. Or, le pouvoir exécutif devient alors bicéphale dyarchique, puisque composé du président de la République et d'un gouvernement avec comme chef de ce dernier, le premier ministre. Le président (élu au suffrage universel depuis 1962) nomme le gouvernement et le premier ministre qui doit jouir de la confiance de l'Assemblée nationale (elle aussi élue au suffrage universel).
Apparaît donc une association de deux chefs de l'exécutif. Le problème sera de savoir « qui portera l'autre » (de Gaulle) pour pouvoir assurer véritablement cette fonction d'impulsion animant et dirigeant l'Etat et la politique de la Nation. La réalité voulue par la pratique est différente, car nous constatons qu'il existe une domination du président de la République au sein du pouvoir gouvernemental lorsque les majorités à la chambre des députés et à la présidence s'accordent, et un affrontement lors des différentes cohabitations qui ont pu ponctuer la Ve République.
Nous verrons alors dans quelle mesure la Constitution de 1958, en faisant le choix original d'associer deux entités fortes à la tête de l'exécutif, permet une véritable cohérence et efficacité dans l'exercice du pouvoir gouvernemental.
[...] La cohabitation suppose un président de la République chef de l'opposition et le premier Ministre chef de la majorité gouvernementale. Apparaît alors une distribution horizontale du pouvoir et non plus verticale avec le président de la République ne subordonnant plus le premier ministre. Le Président de la République chef de l'opposition Durant la cohabitation, le président perd la primauté que nous avons caractérisée dans la première partie. La part du président est réduite au titre II de la constitution, évoqué précédemment avec les articles Il perd l'initiative, ne peut contraindre le premier ministre à démissionner, ne peut empiéter sur les compétences du chef du gouvernement qui sera le véritable maître de l‘action politique, avec un gouvernement, seul conducteur de la politique de la nation qu'inspirera le Parlement. [...]
[...] Nous avons évoqué la prédominance du président de la République lors de la concordance des majorités, il est donc logique que durant ces périodes, où une seule majorité détient les pouvoirs législatifs et exécutifs, le premier ministre soit plus effacé. Or les articles alinéa 1 évoqué précédemment, et 20 alinéa 1 qui disent : Le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation permettent d'affirmer une véritable compétence du gouvernement et du premier ministre. En fait cette compétence sera plus ou moins grande, surtout en ce qui concerne le premier ministre, selon les présidents plus ou moins présidentialistes et surtout s'il y a coïncidence des majorités. [...]
[...] Ici la majorité parlementaire attribue au président de la République un gain de légitimité pouvant expliquer le fait qu'il ait une place plus prépondérante que celle du premier ministre lors des décisions concernant le pouvoir exécutif. D'un point de vue de la constitution, ses prérogatives dispensées du contreseing impliquent un surplus de légitimité, ressentie lorsque le président nomme le premier ministre en vertu de l'article 8 alinéa 1 qui dit : Le Président de la République nomme le premier ministre Or un article qui, dans le cas de majorités concordantes, se voit interpréter d'une manière plus souple puisque quand l'article dit : Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du gouvernement. [...]
[...] Aussi le cercle de compétence s'élargit avec une nouvelle forme de président législateur car, en dehors de la cohabitation, il est inconcevable que le gouvernement dépose un projet de loi sans accord préalable du président, qui peut être à l'origine de projet de loi, notamment par le fait qu'il préside le conseil des ministres. Nous pouvons illustrer ces idées avec le mandat actuel du président de la République, qui par sa volonté de marquer rupture» devient un président qui gouverne avec une majorité, un premier ministre et gouvernement ne le remettant en aucun cas en question. En ce sens certains observateurs l'ont qualifié d' hyper-président puisque intervenant sur des questions bien plus concrètes et des thèmes plus diversifiés que le faisaient ses prédécesseurs. En cela il détermine et conduit la politique du gouvernement. [...]
[...] Ce sera la cohabitation A Les relations du président de la République et du premier ministre en période de cohabitation Jusqu'à présent, la Ve République n'a connu que trois cohabitations : La première cohabitation dura de mars 1986 à mai 1988 sous le gouvernement J. Chirac alors que le socialiste F. Mitterrand était président, la seconde de 1993 à 1995 avec F. Mitterrand président et E. Balladur chef du gouvernement, la troisième de 1997 à 2002, après la victoire de la Gauche plurielle lors des élections législatives anticipées provoquées par la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par J. [...]
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