Lorsque Michel Debré, fidèle gaulliste, et ses collaborateurs rédigent la constitution de la Vème République en 1958 les directives sont claires : il s'agit de redonner au Président de la République un prestige et une autorité qu'il n'a jamais eue auparavant.
Quant au premier ministre, il s'agit du chef du gouvernement, et fait le lien entre l'exécutif et le Parlement devant lequel il est responsable mais n'a aucune autorité constitutionnelle.
Une relation originale s'établit entre le Président de la République et le premier ministre en temps de cohabitation, c'est-à-dire lorsque le Président de la République n'a plus de majorité parlementaire et qu'il doit nommer un premier ministre d'un autre bord politique que le sien.
La relation du Président de la République et du premier ministre s'inscrit-elle dans une logique de collaboration ou dans un antagonisme formel ? Dans une logique de subordination ou d'égalité ?
[...] Le Président de la République doit donc se satisfaire de sa fonction d'arbitre face à un gouvernement et à une majorité parlementaire qui lui sont politiquement hostiles. En période de cohabitation, c'est donc une nouvelle interprétation de la Constitution qui se dessine, car le Président très actif devient un président-arbitre passif. François Fillon regrettera cette conception de la présidence à la fin du second mandat de Jacques Chirac : Il a poussé très loin, trop loin à mes yeux ce rôle d'arbitre comme si lui-même, au fond n'était pas engagé par les politiques que conduisait son gouvernement. [...]
[...] Cette prépondérance se manifeste en premier lieu par la subordination du gouvernement au Président de la République. La Constitution prévoit que c'est au Président de nommer le premier ministre et les autres membres du gouvernement : dès lors, dès son investiture, le premier ministre se positionne tel un subordonné à son chef. La pratique politique des premières années n'offre aucun soutien au premier ministre (pas même celui de la majorité parlementaire qui n'a alors aucune existence politique) qui est dans l'entière dépendance du Président de la République. [...]
[...] La Constitution offre au Président un statut particulier de président- arbitre, mais c'est surtout la présidence du Général de Gaulle qui imprime cette indépendance et prééminence du Président de la République dans le jeu politique. Toutefois, on ne peut nier le rôle du premier ministre qui se conçoit tout d'abord comme un allié du Président de la République. Un exercice conjoint du pouvoir gouvernemental dans la pratique La constitution de 1958 confère tout de même au premier ministre une place de choix dans les institutions : en effet, celui-ci fait le lien entre le Président de la République, premier personnage de l'État, et le Parlement, organe représentatif du corps électoral. [...]
[...] Trois fonctions principales incombent au Président de la République : il est gardien de la Constitution, arbitre et garant des grands intérêts nationaux. Quant au premier ministre, il s'agit du chef du gouvernement, il est désigné par le chef de l'État à partir de 1958, il fait le lien entre l'exécutif et le Parlement devant lequel il est responsable, mais n'a aucune autorité constitutionnelle. Il est parfois considéré comme la créature du chef de l'État qui est en fait le chef réel de l'exécutif, car le représentant de la majorité parlementaire (au début du moins). [...]
[...] Ce n'était pas sain et cela explique une partie de l'immobilisme en France Nicolas Sarkozy quant à lui a voulu introduire une rupture avec le dernier mandat de Jacques Chirac et a tenté d'imposer sa conception hyperactive de la présidence lors de la réforme constitutionnelle de juillet 2008 en souhaitant modifier l'article 8 de la Constitution, en vain. [...]
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