Les débats sur le rôle et le pouvoir de chacun des acteurs de notre système institutionnel consistent, dans le fond, en une seule et même problématique : si les textes définissent – la plupart du temps – clairement le rôle de chacun, comment expliquer une répartition des pouvoirs qui diffère de ces textes ? L'éternel débat sur la différence entre théorie et pratique anime tout particulièrement la question des pouvoirs du premier ministre.
Son rôle fut d'abord pratique : la IIIe République lui reconnaît une utilité modeste en assurant sa dépendance envers l'assemblée. Ensuite, le premier ministre fait son apparition dans la théorie avec la Constitution de la IVe République : son rôle y est primordial, à l'époque nommé « chef du conseil », il assure l'intégralité du rôle exécutif. En ce qui concerne la Vème République, il faut reconnaître que l'ambiguïté est de mise car elle a fait ses preuves par une adaptabilité aux événements les plus imprévus, grâce aux frontières, parfois floues, entre les pouvoirs du président et ceux du premier ministre.
Quel est son rôle au sein de notre système institutionnel ? A quoi sert-il théoriquement et quelle importance a-t-il réellement dans la pratique ?
[...] À quoi sert-il théoriquement et quelle importance a-t-il réellement dans la pratique ? Il faut d'abord d'expliquer quels pouvoirs lui sont reconnus par la Constitution, car ils font de lui un décideur, mais aussi un arbitre. Pas seulement chef de gouvernement, il dispose de pouvoirs législatifs, même s'ils sont parfois limités par des facteurs tels que la légitimité du président et la théorie du domaine réservé. Enfin, on distinguera plusieurs temps dans l'histoire de la Vème République (les temps de cohabitation et ceux de fait majoritaire) pour réfléchir à ce décalage entre théorie et pratique, qui fait du premier ministre tour à tour une alternative au président ou le relais de celui-ci. [...]
[...] Il peut enfin prendre des initiatives personnelles qui sont parfois à l'origine de conflits entre le président et le premier ministre comme le prouve cette intervention de Jacques Chirac en 1997 : La Constitution prévoit des choses, et ces choses donnent, notamment une prééminence, et je dirai, donnent un peu le dernier mot au président de la République à laquelle L. Jospin répond deux jours plus tard : Il n'y a pas de domaine de la politique française où le président aurait le dernier mot On peut donner raison à Lionel Jospin, mais seulement en ce qui concerne les trois périodes de cohabitation que nous avons connu. En période de fait majoritaire, le premier ministre n'est plus une alternative au président, il est le relais du président. [...]
[...] Pour ce qui est du Parlement, il peut convoquer une commission mixte paritaire. Son travail législatif complète ainsi son travail à la tête du gouvernement. B Les facteurs de limitation du pouvoir du premier ministre Comme dans tous les systèmes démocratiques, lorsqu'un acteur politique possède des pouvoirs, on s'assure que ces pouvoirs possèdent bien des limites et le premier ministre ne déroge pas à cette règle. En théorie d'abord, son influence est limitée par les pouvoirs de l'homme avec lequel il doit sans cesse s'accorder : le Président de la République. [...]
[...] tout ce qui va mal est la faute de Matignon». Si l'expression clé de voûte fut utilisée par le général de Gaulle et Michel Debré concernant le Président de la République, elle peut être utilisée pour qualifier le premier ministre. En effet, une clé de voûte est un élément unique qui permet de maintenir la cohésion des multiples éléments l'entourant (Petit Larousse). Le premier ministre est unique, la création de sa fonction est liée au fait que la République avait besoin d'associer au Président, un homme compétent qui coordonne l'action du gouvernement. [...]
[...] Son intervention devient importante lors de la procédure de vote bloqué en cas d'obstruction parlementaire. Toutes ces prérogatives font du premier ministre, un décideur. Il joue un autre rôle déterminant : c'est un arbitre à plusieurs niveaux, d'abord il gère les conflits concernant les ministres sur lesquels il a autorité puis tente de résoudre ceux entre l'Assemblée et le Sénat. En ce qui concerne les ministres, il tranche clairement le conflit en faisant valoir sa décision qui prime sur celle du ministre avec lequel il a un différend. [...]
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