Président de la République, IIIe République, 1877, 1875, lois constitutionnelles, 16 Mai 1877, pratique coutumière
"La vie m'a appris qu'il y a deux choses dont on peut très bien se passer : la Présidence de la République et la prostate." Ce trait acerbe de Georges Clémenceau (†1929) traduit plus que la simple amertume d'un vieil homme qui avait alors échoué à se hisser à la Présidence de la IIIe République. Clemenceau exprime ici avec tout le sarcasme qui était le sien une vérité générale, une image d'Epinal que partageaient alors beaucoup de Français : le Président de la République au sommet de l'Etat ne semblait pas très utile.
[...] La Pratique coutumière de la Présidence de la République La Présidence de la République puissante avait vécu et les nouvelles logiques du régime s'étaient imposées. Une fois Mac-Mahon parti, les chambres se réunirent en Assemblée nationale conformément à l'article 3 de la loi constitutionnelle du 16 juillet 1875 pour élire un nouveau Président. Les groupes républicains lors d'une réunion préparatoire fixèrent leur choix sur Jules Grévy, un choix de la sécurité et du consensus. Jules Grévy était en effet un farouche opposant de la Présidence République de 1848 et sa figure de provincial bonhomme rassurait. [...]
[...] Un Président de la République siège à la tête de l'exécutif de ce régime qui fut parlementaire. C'est un dieu terne comme le voyait Anatole France dont le rôle, finalement peu politique, se bornait aux quelques prérogatives que la pratique avait bien voulu lui laisser. Ainsi aux yeux des Français, s'était imposée l'image d'un Président qui surtout inaugure les chrysanthèmes et mène les cérémonies. La fonction semblait quasi honorifique et elle fut souvent accordée comme telle. Pourtant, les lois constitutionnelles de 1875 confiaient au Président des pouvoirs et des prérogatives qui auraient dû lui permettre de tenir les premiers rôles dans le régime. [...]
[...] Les républicains et plus encore les parlementaires étaient les maîtres du régime. Le Président de la République aux si larges pouvoirs en apparence était en position de faiblesse face à la Chambre des députés. Son mode d'élection, choisi en réaction au stigmate césarien de 1848, ne lui permettait pas d'avoir une légitimité populaire et le plaçait de fait sous la coupe de l'Assemblée nationale. Dès lors son droit de dissolution devenait inutile, ne pouvant pas faire appel à un peuple qui l'aurait élu et qui pourrait lui rendre une majorité. [...]
[...] Le texte reprend et semble vouloir rappeler que le Président de la République est placé sous l'autorité de l'Assemblée nationale. De plus, il est rendu responsable devant l'Assemblée au même titre que ses ministres et sa capacité d'intervenir dans les débats était aussi quelque peu limitée. La fonction présidentielle était donc créée, mais était confiée à un homme qui dominait les débats. Cette Constitution Rivet ne limita en rien l'empire qu'avait le premier Président de la IIIe République sur le Parlement et il fallut donc voter une seconde loi, la loi de Broglie. [...]
[...] Ce fut d'abord le scandale Wilson qui toucha Jules Grévy et qui le poussa à démissionner et puis s'en suivirent bien d'autres. Si bien qu'à partir de 1921, après la présidence avortée de Millerand, la Présidence de la IIIe République n'est plus alors qu'un rôle de figuration accordée comme honneur à un grand serviteur discret de la République. [...]
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