Le Président de la République reste certainement la figure à laquelle les Français sont le plus attachés. Personnalisation de l'Etat et de la Nation, il en est le représentant, en France et à l'étranger, le garant de l'ordre et d'une tradition républicaine née de la Révolution. C'est « le Président de tous les Français », et surtout, depuis 1962, l'élu de tous les Français grâce au suffrage universel. Fruit du consensus dans notre démocratie majoritaire, se devant d'être détaché de toute considération partisane, cet « arbitre suprême » tel qu'il a été conçu par la Vème république s'est révélé en fait un personnage engagé dans le débat politique. Notre démocratie française ‘césaro-papiste' comme la qualifie Olivier Duhamel semblerait attachée non pas à un garant de l'équilibre des pouvoirs mais plutôt à un véritable leader politisé et directif si nécessaire.
Ce surprenant constat ne l'est pas tant que cela au regard de l'histoire constitutionnelle : tantôt trop fort, tantôt trop faible, le Président de la République peine à trouver un compromis entre neutralité de sa fonction et représentation nationale forte. Dans ce contexte, la Vème république a tenté de trouver un équilibre entre les deux tendances. Peut-on dire actuellement que la fonction de Président de la République Française actuellement a réussi cette synthèse ? Est-il arbitre et capitaine, ou bien tantôt arbitre, tantôt capitaine ? Comment définir et améliorer son rôle au sein des institutions ?
Le chef de l'Etat arbitre effectivement les conflits par la neutralité que l'on attend de lui et qui est garantie par la Constitution, mais dans les faits, il est très difficile d'accéder à cette neutralité. Ce constat pose alors le Président de la République comme le capitaine des institutions et de la vie politique française, bien qu'un certain nombre de contre-pouvoirs s'opposent à son omnipotence.
[...] Le Président : un capitaine présidentialiste et critiquable ? La direction présidentialiste affirmée sous la République Une prégnance incontestable au sein de l'Exécutif Le Président de la République semble donc ne pas être l'arbitre totalement neutre que la Constitution semble a priori envisager. Cependant est-il tout à fait certain que le texte constitutionnel de 1958 cantonne le Chef de l'Etat dans ce strict rôle d'arbitrage ? Il apparaît plutôt que la place qui est attribuée à celui-ci n'est pas uniquement celle de l'arbitre du régime parlementaire (que cette mission soit réalisable ou non) mais bel et bien celle de leader de la nation, faisant ainsi de notre République sinon un authentique présidentialisme, du moins un régime à direction présidentielle marquée. [...]
[...] Les nominations exclusivement effectuées par le Président sont en fait pour la majorité des grades, ceci afin de récompenser en fonction du mérite. En revanche, lorsqu'il s'agit de la nomination pour des emplois, elle nécessite une proposition du Gouvernement puisque cette nomination influence directement le bon fonctionnement des institutions Une répartition stricte des rôles en apparence Les missions conférées au chef de l'Etat sont donc neutres : elles n'impliquent pas véritablement d'engagement politique de sa part. Celui qui mène la politique de la nation est le Premier ministre (article 20 de la Constitution) : au Président le rôle de garant et d'arbitre, au Gouvernement le rôle de capitaine, de ceux qui doivent mettre en application les décisions. [...]
[...] En effet, le Président de la République est élu sur un programme, lequel est ensuite la plupart du temps repris par la majorité présidentielle. Ainsi le Chef de l'Etat français est aussi le leader officiel ou officieux de son parti, et ne peut donc rester neutre à l'égard des partis et de la vie politique du pays. On constate en effet qu'avec cette révision constitutionnelle et après le Général De Gaulle, la notion de légitimité présidentielle, qui était avec lui charismatique, devient partisane. [...]
[...] Ainsi la Présidence de la Ve République oscille-t-elle entre logiques césariennes et monarchie, ce qui peut, dans une certaine mesure, être considéré comme dangereux pour la démocratie. En effet, incapable de rester prisonnier des textes, le général de Gaulle a non seulement utilisé les pouvoirs propres qui lui étaient conférés par la Constitution, mais il a également interprété celle-ci de façon à construire sa primauté dans l'exercice des pouvoirs partagés, et est même allé jusqu'à violer la Constitution, de même que ses successeurs, pratique qui n'aurait jamais acceptée dans un autre pays européen où le Chef de l'Etat n'est pas aussi puissant qu'en France. [...]
[...] Cette mutation de la Présidence n'est en rien atténuée par l'alternance de 1981, l'hostilité de François Mitterrand pour la Ve République et son premier Président s'étant atténuée depuis la publication du Coup d'Etat permanent en 1964. Les différentes cohabitations n'ont pas non plus, nous l'avons vu, atténué cette mutation. Ainsi le Président demeure-t-il très puissant, et notamment en ce qui concerne l'application de l'article 16, qui peut être très large. Le Président se voit en effet conférer des pouvoirs très importants alors que les conditions de mise en œuvre sont larges (mais cumulatives). [...]
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