La fin de l'été 1870 marque un tournant dans la vie politique et constitutionnelle de la France. En effet, la Guerre contre la Prusse, débutée le 19 juillet, installe dans le pays un climat d'incertitude politique et de désarroi qui atteint son apogée avec la défaite militaire de Sedan le 1er septembre 1870 suivit le 2 septembre de la capture de l'Empereur Napoléon III. C'est suite à ce dernier événement que le 4 septembre un groupe de députés républicains proclament la République au balcon de l'Hôtel de Ville de Paris.
Cette République nouvellement proclamée est d'abord une république de fait et non de droit puisqu'elle ne fait pas l'objet d'un quelconque texte constitutionnel. Cependant, la proclamation de la République ouvre la voie à l'élection d'une assemblée nationale constituante en mars 1871 qui sera composé en majorité de monarchistes n'ayant qu'une seule volonté : rétablir la monarchie (en mettant sur le trône le comte de Chambord ou le Comte de Paris).
Malgré cela, la république survivra et progressivement l'Assemblée Nationale Constituante dotera la France de divers textes organisant les pouvoirs publics, dont les 3 lois constitutionnelles. Deux seront votées les 24 et 25 février 1875 et l'autre le 16 juillet 1875, et à elles trois formeront réellement la constitution de la IIIème République. Ces 3 lois concernent respectivement l'organisation du sénat (loi du 24 février), l'organisation des pouvoirs publics ( loi du 25 février) et les rapports des pouvoirs publics ( loi du 16 juillet). De l'avis général, ce sont des lois simples, relativement claires, mais rédigées hâtivement. Par conséquent, elles peuvent nous paraître très incomplètes au regard des constitutions actuelles notamment parce qu'elles laissent certaines zones d'ombre quant à la compétence de chacun des pouvoirs.
Cependant, force est de constater que les lois constitutionnelles de 1875, bien qu'imparfaites, ont permis d'ancrer durablement la République en France puisqu'elle est encore en vigueur aujourd'hui.
A la naissance de la IIIème République, en 1870 et alors que les Lois constitutionnelles de 1875 n'ont pas encore été créées l'assemblée constituante qui doit s'efforcer d'organiser le pays désigne que l'exécutif sera confié à un président de la République en la personne de Thiers, homme politique célèbre de l'époque. Néanmoins, cette nomination ne contribue pas à créer réellement l'institution de présidence de la République dans le sens où elle est personnelle et non accompagné d'un texte qui fixerait l'étendue des pouvoirs du président, la durée de son mandat ou encore son rapport avec les autres pouvoirs. La nomination du Maréchal de Mac-Mahon comme Président de la République en 1873 ne changera pas la donne et il faudra attendre 1875 et les lois constitutionnelles pour voir apparaître l'institution de présidence de la République.
[...] II] Le pouvoir du président de la République dans les faits : un pouvoir progressivement affaibli et délégué. La partie précédente nous a amenés à montrer le pouvoir du président en droit c'est-à-dire en s'attachant à l'étude des Lois constitutionnelles de 1875 qui fondent réellement le régime politique de la IIIe République. Il nous faut maintenant montrer comment s'appliquent ces lois dans la pratique et nous allons voir que cette application dans le temps a considérablement affaibli le pouvoir du Président de la République. [...]
[...] Dans ce type de régime, le chef de l'état qu'il soit un monarque ou un président de la République ne gouverne pas, mais se contente d'exercer une fonction honorifique de garant de l'unité et de la stabilité du pays. Il possède également quelques prérogatives propres comme celle de chef des armées qui sont d'ailleurs souvent usurpées par le chef de gouvernement. De plus, ce chef de l'état est irresponsable politiquement ce qui signifie que le parlement ne peut le renverser. C'est par exemple le cas en Grande- Bretagne, ou le monarque, en l'occurrence la reine d'Angleterre, n'a plus qu'un pouvoir honorifique et est irresponsable politiquement. [...]
[...] Ainsi, nous pourrons nous demander quelle est l'étendue réelle du pouvoir du Président de la République sous la IIIe République. Pour tenter de trouver une réponse à cette question, il faudra d'abord voir que le pouvoir du Président de la République sous la IIIe République est constitutionnellement plus important que celui d'un chef de l'état dans un régime parlementaire classique mais que dans les faits, le pouvoir du président de la République a été affaibli et délégué par la pratique. [...]
[...] Ensuite, le droit de dissolution du Président de la République n'est délégué à aucun autre organe et disparaît définitivement de la pratique. D'autre part, le régime d'assemblée est d'autant plus renforcé par le fait que la Chambre des Députés exprime la volonté nationale et qu'elle est par conséquent légitime pour légiférer dans tous les domaines, on assiste alors à une montée en puissance du légicentrisme en France. Il faut également préciser que le Sénat se renforce puisqu'il obtient le droit de contrôler, avec la chambre des Députés, le gouvernement. [...]
[...] De plus, ce même article dispose que les envoyés et les ambassadeurs des puissances étrangères sont accrédités auprès de lui ce qui confirme la prérogative du chef de l'état en matière de diplomatie et d'affaires étrangères. À ce stade, le Président de la République apparaît donc comme un chef de l'état qui ne gouverne pas. Un élément vient renforcer cette supposition : il n'est pas responsable politiquement. Deux éléments constitutionnels nous le montrent. Tout d'abord l'article 3 évoqué précédemment affirme que Chacun des actes du président de la République doit être contresigné par un ministre ce qui laisse penser implicitement que le président n'est pas responsable puisqu'il ne peut prendre de décisions seul. [...]
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