« Rien que la Constitution mais toute la Constitution » annonçait François Mitterrand dans un message adressé aux chambres le 8 avril 1986, aux prémices de la première cohabitation française. La cohabitation est souvent présentée comme étant un danger pour le régime mais elle permet tout de même une meilleure application du texte constitutionnel, jusque-là malmené du fait de la dérive « présidentialiste ».
Ce phénomène de cohabitation, spécificité française, peut être défini comme étant une période au cours de laquelle coexistent au sommet de l'exécutif un chef de l'Etat et un chef de gouvernement issus de majorités politiques opposées. Le Président se maintient alors à l'Elysée face à un premier ministre soutenu par l'Assemblée Nationale et ne devant rendre de comptes qu'à celle-ci. Le premier ministre est alors en quelque sorte le représentant de la chambre basse au sein de l'exécutif, du fait de leur appartenance au même parti politique.
La cohabitation s'oppose aux périodes de fait majoritaire, expression qui désigne la présence, dans une assemblée parlementaire d'une majorité d'élus appartenant au même parti ou à une coalition de partis et se comportant alors de manière disciplinée.
[...] Par exemple, en 1986, tout autre choix que celui du chef de gouvernement (qui est Jacques Chirac à ce moment-là) courrait le risque d'une censure parlementaire. Le premier ministre dispose en effet de la plénitude de ses compétences constitutionnelles, et étant soutenu par la majorité parlementaire, il dirige librement l'action du gouvernement conduisant et déterminant la politique de la Nation. Le président ne peut exercer seul les pouvoirs, ceux-ci étant soumis au contreseing ministériel. La division des tâches entre le chef de l'Etat et le chef du gouvernement en période de cohabitation ne coïncide pas vraiment avec le partage initialement prévu par la Constitution. [...]
[...] Peu à peu, le domaine réservé n'est plus hors d'atteinte du premier ministre, qui travaille avec le Président en matière européenne et gère avec lui la guerre du Kosovo. A partir de 2000, la cohabitation devient une campagne électorale faite de surenchères par le premier ministre et le Président. Des premières manifestations de blocage du pouvoir de révision constitutionnelle entraînent le retrait de la convocation du Congrès initialement prévue le 24 janvier 2000. Peu de temps après, le Président a refusé d'inscrire à l'ordre du jour le projet de loi concernant la Corse. Ainsi, le Président cherche à montrer son importance et sa prépondérance sur des pouvoirs fondamentaux. [...]
[...] Concernant celui-ci, il joue un rôle particulièrement actif en période de cohabitation, essentiellement dans le domaine de la politique intérieure. Il occupe alors le rôle de véritable chef du gouvernement et est en mesure d'appliquer le programme de la coalition politique ayant permis son accession au pouvoir. Il est donc le chef de la majorité parlementaire et dispose de tous les moyens lui permettant de déterminer et conduire la politique de la Nation (article 20 de la Constitution de 1958). [...]
[...] Une exception est à remarquer parmi les cohabitations : la seconde (de 1993 à 1995). En effet, la cohabitation n'est pas obligatoirement un conflit. Cette cohabitation fut la plus sereine des trois. Cela a pour origine le fait que le Président de la République, François Mitterrand, était malade et n'était pas en lice pour une nouvelle campagne électorale. Par ailleurs, la cohabitation est plus calme du fait que le Président ne pouvait compter que sur un parti socialiste, lui étant favorable, très affaibli par l'écrasante majorité. [...]
[...] Bien que la position d'arbitre du Président disparaisse durant les périodes de cohabitation, celui-ci essaye tout de même de défendre les intérêts de l'Etat. Le fait que le président ne puisse pas veiller en toute neutralité sur le bon fonctionnement des pouvoirs et des institutions a pour conséquence de multiples conflits entre le président et son premier ministre, sans que ceux-ci soient résolus. B. Les cohabitations ayant souvent pour issue un conflit permanent Le vote en faveur d'une nouvelle majorité à l'Assemblée apparait comme étant une sanction vis-à-vis de la précédente majorité mais aussi vis-à-vis du Président, qui s'appuyait sur la politique suivie. [...]
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