L'objectif du constituant de 1946 est alors d'appliquer des mécanismes visant à freiner l'instabilité ministérielle et d'encadrer par des textes constitutionnels ces techniques. La Constitution de la IVe République renforce donc le pouvoir exécutif et essaye de favoriser l'émergence de majorités parlementaires pouvant soutenir le gouvernement afin de remédier à l'instabilité ministérielle.
Toutefois, la IVe République ne durera que douze ans durant lesquels se succèderont une vingtaine de gouvernements prouvant que la tentative de rationalisation du parlementarisme a échoué. Nous pouvons donc nous demander comment, alors que des mécanismes ont été mis en place exprès pour lutter contre l'instabilité ministérielle, la rationalisation du parlementarisme échoue au cours de la IVe République.
[...] Cependant si en 1947, Paul Ramadier arrive à obtenir une majorité grâce au tripartisme : le Parti Communiste, la SFIO et les républicains avec le MRP, c'est aussi la date qui marque le début de la Guerre Froide. Les alliances avec le PCF deviennent alors impossibles. De plus, d'autres partis vont se créer et à la place du tripartisme c'est le multipartisme qui succède à l'Assemblée. Les alliances pour former une majorité ne reposent donc sur au minimum quatre partis qui ne peuvent avoir les mêmes idées politiques. [...]
[...] Mais outre le fait que la fonction acquière une importance qu'elle n'avait pas sous la IIIe République, le constituant de 1946 apporte un principe nouveau : l'investiture du président du Conseil. C'est un principe qui permet au chef de l'exécutif d'obtenir une majorité à l'assemblée qui lui sera nécessaire pour gouverner. En effet, pour qu'un président du Conseil puisse être nommé à ses fonctions, il doit passer devant l'assemblée pour obtenir un vote de confiance. Mais ce qui est intéressant c'est que ce n'est pas seulement la personne qui est approuvée par l'assemblée mais aussi son programme politique qu'il présente en même temps. [...]
[...] Cependant que peut faire un gouvernement qui voit un texte de loi sur lequel il s'est engagé se faire rejeter ? Il se voit obliger de démissionner alors que constitutionnellement il n'y est pas tenu. La Constitution aurait dû prévoir que si la question de confiance n'était pas adoptée à la majorité absolue, le texte sur lequel était posée la question était adopté automatiquement. On a donc dévié vers une utilisation de la question de confiance à la majorité simple facilitant ainsi le renversement des gouvernements. [...]
[...] Les objectifs ne sont donc pas les mêmes, la cohésion gouvernementale ne peut que diminuer et conclusion de tout cela : l'exécutif est une fois de plus affaibli. Tout comme les déviations des pratiques constitutionnelles, le contexte politique qui empêche au président l'obtention d'une majorité stable va donc être un obstacle à la rationalisation du parlementarisme. [...]
[...] Il est à noter que malgré une tentative de réforme constitutionnelle en 1954, il est déjà trop tard. C'est un échec. De même, il est intéressant de voir que les conditions d'utilisation du pouvoir de dissolution sont tellement complexes selon l'article 51 qu'il ne peut être utilisé pour contrer l'action de l'Assemblée. Enfin, la rationalisation du parlementarisme qui visait à interdire la pratique des décrets-lois comme le dispose l'article 13 ne sera pas non plus respectée puisque dès 1948, on revient à cette pratique de l'exécutif dans tous les domaines. [...]
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