Peut-on parler d'un déclin du Parlement sous la Ve République ?

Extraits

[...] En effet, il n'y a rien de mieux et de plus reconnu que de faire ses déclarations les plus importantes via le JT de 20 heures, le Premier Ministre l'a en tout cas compris. De plus, via la presse, les sondages semblent proposer des représentations de l'opinion plus fidèles, plus souvent, et plus fiables que celle d'un Parlement issu, tous les cinq ans, du scrutin majoritaire. (c.f inconvénients du scrutin majoritaire) _ Les juges et notamment le juge constitutionnel semblent également concurrencer le Parlement dans la garantie de l'Etat de droit et dans la vérification de la conformité à la Constitution des lois qu'il a votées. [...]

[...] Face à cette évolution du parlementarisme français, le Parlement serait-il devenu une simple chambre d'enregistrement ? _ De surcroît, en plus de l'initiative gouvernementale écrasante, les exécutifs disposent également de la législation déléguée confirmant leur emprise législative au détriment du Parlement. Cela se manifeste par le biais du domaine limité de la loi en vertu de l'article 34 de la Constitution et par l'intermédiaire de la législation par ordonnance prévue à l'article 38 du même texte / Des fonctions secondaires, également en perte de contrôle _ Le Parlement remplit moins sa fonction de représentation du corps électoral que par le passé, cela s'explique par la généralisation des modes de scrutin majoritaire. [...]

[...] En effet, quand d'autres affirment que les médias constituent une concurrence nuisible au Parlement, certains déclarent qu'ils ne constituent que des relais et qui, ainsi, participent au rôle politique du Parlement. _ De plus, le travail gouvernemental qui, apparaissait comme sapant la légitimité parlementaire au sein même de sa fonction décisionnelle, ne peut se légitimer qu'à travers le Parlement, même si ce point apparaît plus fort chez nos voisins, qu'en France. _ Qu'importe l'évolution, la vie du Parlement est connue pour rythmer le calendrier politique national et perdure à la rythmer. [...]

[...] _ Enfin, le Parlement semble surtout concurrencer par le peuple lui-même. Ce dernier qui n'a rien à voir avec celui d'antan, qui par son manque d'instruction, justifiait le système représentatif d'auparavant, est une population plus intellectuelle, plus réfléchie et qui peut contester à tout moment le fait que l'élite parlementaire traite des questions d'envergure sans lui et ceci d'une manière considérable. (c.f actualités _ Cette concurrence est à relier avec la pratique des parlementaires qui participe elle-même au déclin de son institution en renvoyant une image incompétente, lamentable et néfaste du Parlement à l'opinion : le cumul des mandats qui démontrent des parlementaires absents et indifférents, entraînant des conflits d'intérêts dans lesquels l'élu sera tenté de faire prévaloir l'intérêt de sa circonscription sur celui de la nation. [...]

[...] Ainsi, il y eut un déclassement du Parlement par rapport aux III et IVe Républiques, et plus particulièrement de l'Assemblée Nationale. _ Mais l'une des premières causes se trouve dans le renforcement naturel de l'Exécutif. Etant donné la complexification des domaines d'intervention de l'État pour lesquels le gouvernement, disposant de l'administration, l'exécutif agit plus efficacement que le Parlement. De plus, en raison du phénomène de la personnalisation du pouvoir (une tendance des gouvernés à s'identifier à un homme ou une équipe restreinte on donne primauté à l'Exécutif au détriment du Parlement, ce qui entraîne naturellement une moindre importance de ce dernier, aux pouvoirs réduits et à la légitimité atomisée. [...]