Contrairement aux régimes précédents (les IIIe et IVe Républiques), la Ve n'est pas un régime né de compromis entre tendances ou partis politiques. La Constitution de la Ve est l'oeuvre d'un seul homme, le général de Gaulle, écrite par ses fidèles partisans comme M. Debré. C'est pourquoi elle est fondée sur une logique et un système juridiques tout à fait cohérents et originaux. Ce système se justifie par une finalité très claire, très simple: donner enfin à la France un véritable régime de séparations des pouvoirs adapté à sa mentalité, à sa culture et ses moeurs politiques. Si ce but est atteint, alors seront construits sur des bases solides des pouvoirs exécutifs et législatifs forts, équilibrés et légitimes. Surtout, on en finira avec les précédents régimes qui selon M. Debré "ont donné en droit en et en fait la totalité du pouvoir d'Etat au Parlement"; ce qui aboutissait à "un système dangereux et impraticable" qualifié par lui d"impossible régime d'assemblée".
Le but étant connu, pour comprendre les moyens que le général de Gaulle va imaginer et mettre en place, il faut revenir sur l'analyse qu'il fait de la politique française. C'est cela qui explique réellement la nature profonde de notre régime. Ce diagnostic est donné très tôt par le général de Gaulle, notamment dans le discours de Bayeux du 16 juin 1946. Pour le général de Gaulle, il y a un "mal français" que les précédents constituants n'ont pas perçu ou ignoré. Ce mal, c'est "notre vieille propension gauloise aux divisions des querelles". Par nature ou tempérament, les Français sont portés à se diviser et oublier les intérêts supérieurs du pays. Les conséquences au niveau politique sont la division du suffrage (en courants d'opinions irréductibles), la multiplication et la rivalité des partis ainsi que l'instabilité gouvernementale et institutionnelle
[...] Elle entendait également rompre avec le régime d'assemblée. Il s'agissait d'éviter l'instabilité ministérielle et de préserver le Gouvernement d'un accroissement des prérogatives du Parlement à son détriment. Pour ce faire, la Constitution a strictement encadré les prérogatives de législation et de contrôle des deux chambres composant le Parlement au profit du Gouvernement. Dans sa conférence de presse du 31 janvier 1964, le Général de Gaulle a précisé sa conception respective de la fonction présidentielle et celle du Premier ministre: "il est normal chez nous que le Président de la République et le Premier ministre ne soient pas un seul et même homme. [...]
[...] Les cohabitations: un retour au régime parlementaire? L'absence de coïncidence entre la durée du mandat présidentiel et celle de l'Assemblée nationale, avant la révision constitutionnelle relative au quinquennat, est venue remettre en cause cet équilibre institutionnel. La défaite de la majorité présidentielle aux élections législatives de et 1997 a ainsi eu pour conséquence le retour à un fonctionnement parlementaire du régime. En effet, si le Président de la République est désavoué aux élections législatives et ne démissionne pas, il ne peut nommer un Premier ministre dépourvu de majorité parlementaire. [...]
[...] La nature véritable du régime mis en place, défini par la Constitution de 1958, est bien un régime parlementaire. En effet l'article 50 pose clairement le principe de la responsabilité devant l'Assemblée nationale. Il impose sa démission en cas d'adoption d'une motion de censure ou de vote négatif sur son programme ou sur une déclaration de politique générale. De plus, le texte ne prévoit pas de séparation stricte des pouvoirs: le Gouvernement dispose de l'initiative législative; l'Assemblée nationale peut renverser le Gouvernement; le Chef de l'Etat dispose du pouvoir de dissoudre cette chambre. [...]
[...] Or, il apparaît aujourd'hui que le régime a su résister à cette épreuve et n'a pas sombré à l'instabilité. Mais cela suppose que le Président tienne ici scrupuleusement son rôle d'arbitre. Il existe aussi le fait que le pouvoir législatif ne doit plus être souverain. En conséquence, les autres pouvoirs exécutifs et judiciaires ne doivent plus procéder de lui. La Constitution de la Vème République exclut le régime d'assemblée pour au moins deux raisons juridiques: d'une part parce qu'au dessus du Parlement, il y a maintenant le Président de la République dont émane le Gouvernement. [...]
[...] Ce fut le cas pour la démission de Michel Debré en avril 1962, celle de Jacques Chaban-Delmas en juillet 1972, celle de Pierre Mauroy en juillet 1984, celle de Michel Rocard en mai 1991 et celle d'Édith Cresson en avril 1992. Cette responsabilité du Gouvernement devant le Chef de l'État constitue l'une des caractéristiques du fonctionnement de la Vème République. Dans ce contexte, le caractère parlementaire du régime est devenu moins important. En effet, le Président de la République apparaît comme un véritable chef de l'exécutif mais n'est pas responsable devant le Parlement. [...]
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