Qu'il soit remercié, soupçonné, voire critiqué, le juge demeure un personnage central d'un État de droit dont le statut pose de nombreuses questions. Cette figure de juge, qui représente toute juridiction ou tout organe doté du pouvoir de dire le droit ou de trancher un litige (pouvoir juridictionnel) a dès l'origine, de par sa fonction de contrôle de l'application de la Loi et de sanction de son non-respect conformément aux règles de droit, revêtu un rôle crucial pour maintenir la bonne marche des institutions. Toutefois, si ce rôle semblait clair et légitimé par la Loi, l'élargissement de la portée des pouvoirs du juge et sa possibilité de créer du droit n'ont fait qu'accentuer les réflexions portant sur la réelle légitimité de ce dernier. Effectivement, en observant l'évolution du métier de juge en France ou l'organisation de celui-ci en droit comparé, on constate que la légitimité, c'est-à-dire, ce qui est fondé en droit en justice et en équité et peut reposer sur des bases juridiques, éthiques ou encore morales, est en réalité multiple et varié. Dès lors, si les autres pouvoirs (législatif et judiciaire) semblent tirer principalement une légitimité claire du fait du suffrage universel, qu'en est-il de la légitimité du juge qui ne possède pas d'origine élective mais voit tout de même ses prérogatives s'accentuer ? Si une légitimité constitutionnelle et professionnelle est indéniable du fait de la Constitution ou de textes définissant et garantissant clairement le bien-fondé de cet organe (I), l'évolution de la profession a élargi cette légitimité menant à de nombreuses craintes ou interrogations (II).
[...] On pourrait constater ce type de formation pointue dans d'autres pays, l'Espagne l'Italie ou encore la Belgique ayant un système comparable au français tandis que l'Angleterre, les Pays-Bas ou encore le Pays de Galles ajoutent aux études un choix des individus parmi les meilleurs avocats et pour l'Angleterre, ayant acquis une expérience variant de sept à quinze ans pour devenir juge professionnel. Etudes et expériences sont donc requises afin de devenir juge, légitimant la position d'arbitre et de défenseur du droit qu'occupe ce dernier. [...]
[...] Ceci légitime la décision du juge auprès des justiciables et de la société en ce qu'elle paraît être obligatoirement prise dans le bon sens, le juge pouvant risquer des sanctions en cas d'erreurs. Toute cette procédure précise légitimant le juge va alors trouver une effectivité pouvant être renforcée par le rendu qu'il en est fait lors des audiences publiques ou par les médias. Si la légitimité du juge que nous venons de voir peut paraître très formelle et technique (Loi, profession, procédure), on entrevoit déjà au travers du dernier point l'importance d'une légitimité provenant de l'opinion publique. II/ Une légitimité qui évolue et sujette à interrogation Le rôle du juge a évolué. [...]
[...] Il en va de même d'autres juridictions comme le Conseil constitutionnel et même des juges nationaux. En effet, dans les pays membres de l'Union européenne, les juges nationaux se doivent de faire respecter le droit communautaire qui inclut la Convention européenne des Droits de l'Homme. Cette faculté de juger également les Etats et les particuliers lorsqu'ils empiètent sur des valeurs fondamentales est très importante afin de prouver leur indépendance vis-à-vis du domaine politique et de légitimer d'autant plus leur rôle. [...]
[...] Ce sont en effet des erreurs de procédures et un manque de recul et d'impartialité qui ont été dénoncés par cette affaire menant même le pouvoir politique à organiser une commission d'enquête parlementaire devant enquêter sur l'affaire et tenter de trouver des solutions pour empêcher que cela ne se reproduise. La méfiance de certains envers le juge s'est ainsi vue renforcée et l'on comprend alors comment la légitimité de cet organe peut sembler fragile lorsque sa source première provient de l'opinion publique et de la vision que celle-ci a du rendu de la justice. Des remises en causes sont alors possibles et des propositions sont étudiées comme la création d'un comité consultatif d'éthique judiciaire inspiré de ceux existants dans les pays de Common Law. [...]
[...] C'est le cas par exemple lorsque celui-ci émet des réserves d'interprétation et déclare une Loi conforme à la Constitution une fois que celle-ci aura été interprétée ou appliquée d'une façon indiquée par lui. On peut d'ailleurs observer ce système en dehors de celui propre au juge constitutionnel français. La légitimité du juge peut donc être souvent questionnée. Puisque non élu, l'interrogation quant à son pouvoir d'agir sur les normes qui sont, elles, réellement l'émanation des représentants élus pas le peuple fait bien souvent débat. [...]
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