On ne peut pas se contenter d'appréhender la Révolution de 1979 comme une simple tentative autoritaire de mise en place d'une dictature de quelques-uns uns sous couvert de la religion. La Constitution de 1979, approuvée à une écrasante majorité par la population, a tenté de concilier la volonté du peuple et la garantie de ses droits avec une conception théologique dynamique du pouvoir. Ce concept, déjà ambigu à l'échelle des normes institutionnelles, s'est cependant révélé totalement irréaliste en pratique. Cohabitation d'ordres politique et religieux distincts au sein des institutions iraniennes, telle est la contradiction à la base même du régime et qui remet en question toute possibilité de transition politique pacifique aujourd'hui en Iran
[...] De plus, les médias audiovisuels sont eux complètement aux mains du pouvoir religieux. Il est cependant également à noter que, fait important, le régime iranien vit depuis 1997 au rythme d'élections démocratiques (présidentielles, législatives, municipales en 1999) qui, en rassemblant à chaque fois plus de 70% de la population, témoignent de la confiance du corps électoral dans la capacité du régime à se transformer. Conservatisme et opacité du système judiciaire En matière de droits de l'Homme, le constat ne peut cependant que rester pessimiste. [...]
[...] Une conciliation impossible du politique et du religieux ? En dépit de violents bouleversements révolutionnaires, d'une guerre longue et sanglante contre l'Irak et de nombreuses luttes d'influence internes parmi les élites au pouvoir, la République Islamique iranienne a non seulement survécu depuis sa proclamation suite à la Révolution de 1979, mais est surtout parvenue à maintenir jusqu'à récemment un degré considérable de stabilité politique, au prix il est vrai de bien des expédients. Les bouleversements de la donne politique intervenus depuis 1997 avec l'arrivée d'un courant réformateur à la Présidence de la République et, plus récemment, la mise en place d'une nouvelle majorité au Parlement, semblent cependant devoir amener à une révision de ce constat, tant les blocages institutionnels qui en ont immédiatement découlé mettent aujourd'hui en pleine lumière les contradictions inhérentes à un régime ayant voulu concilier l'inconciliable : théocratie et démocratie, souveraineté de droit divin et appel au suffrage populaire. [...]
[...] LES BLOCAGES DU SYSTEME : UNE TRANSITION POLITIQUE EN QUESTION En pratique, les institutions iraniennes ont engendré un conservatisme religieux conforté par une interprétation extensive voire totalement abusive de la constitution, avant de confiner récemment au blocage institutionnel. La transition politique en Iran, amorcée et rendue nécessaire par les mutations importantes de la société civile, en est directement mise en cause. Pire, c'est même simplement l'application de la Constitution et d'elle seule programme du Président Khatami, élu en 1997 et réélu en 2001- qui se trouve entravée du fait du noyautage de l'appareil de l'état par des groupes islamique conservateurs. [...]
[...] Sur un plan plus politique, libéralisation relative de la vie publique dans le cadre d'un régime toujours intolérant et répressif. L'émergence d'une vie publique Les seuls résultats probants et concrets du premier mandat du Président Khatami résultent dans la libéralisation de la presse écrite, et plus généralement dans le développement de la culture et des arts. Le ministère de la culture et de l'orientation islamique a engagé une politique plus souple, en particulier en matière de censure, qui a favorisé la multiplication des journaux. En trois ans, essor considérable de la presse écrite : 57 titre nationaux aujourd'hui. [...]
[...] - Un Président populaire, des institutions bloquées, Farhad KHOSROKHAVAR, Géopolitique janvier 1999. Presse - Khatami encerclé, Ehsan NARAGHI, Libération 27/10/1999. - L'Iran bloqué par un impossible duo au sommet de l'Etat, Mouna NAIM, Le Monde 23/12/2000. - Le président iranien n'a qu'une arme, la parole, Mouna NAIM, Le Monde 16/05/2001. - On ne peut plus revenir en arrière, Fariba ADELKHAH, Le Figaro 08/06/2001. - La crise politique en Iran provoque le report de la cérémonie d'investiture du président Khatami, Mouna NAIM, Le Monde 06/08/2001. [...]
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