En 1998, Lionel Jospin, alors qu'il est premier ministre, déclare qu'il considère le Sénat comme une « anomalie démocratique » qui n'aurait donc pas sa place dans le système politique français de la Ve République. De Gaulle, avant lui, critiquait déjà cette institution, essayant même de la supprimer par référendum, en 1969. Le Sénat est donc très critiqué, et ce depuis longtemps, puisqu'il a été crée en 1795, alors sous la forme d'un « Conseil des Anciens ». Cependant, on remarque que le Sénat subsiste encore aujourd'hui, et que malgré quelques épisodes historiques où il a
été supprimé, la Constitution de 1958 l'a conservé, de même que l'Assemblée Nationale, fondant ainsi un bicamérisme globalement égalitaire. Dans l'idée d'atteindre une meilleure démocratie, les constituants se sont attachés à séparer les pouvoirs entre eux, mais aussi en leur sein, d'où le fait que le pouvoir législatif soit aujourd'hui partagé entre deux assemblées. Ce bicamérisme est pourtant assez atypique, puisqu'il ne correspond ni à une exigence concernant le régime républicain, ni à la forme de l'Etat, unitaire, qui n'exige donc pas une double représentation d'un Etat fédéral et d'Etats fédérés.
Ainsi, la doctrine a beaucoup critiqué le Sénat : les critiques ont porté d'une part sur sa légitimité, et donc sur le scrutin qui mène à l'élection des sénateurs, et d'autre part sur son efficacité et son utilité, c'est-à-dire sur le but de créer une deuxième chambre en France, dans un Etat non fédéral.
[...] Le Sénat se place donc à la fois en contrepoids de l'assemblée nationale, et en organe de contrôle du gouvernement : il est nécessaire au système politique français, en tant que garant de l'équilibre du système politique. B. Le Sénat a su se réformer Si le Sénat n'a pas disparu, c'est qu'il a su adapter ses rôles et compétences aux situations politiques des différents régimes, mais aussi, pendant la Vème République elle-même, en faisant l'objet de plusieurs révisions constitutionnelles ou lois organiques, notamment, pour les plus récentes, celles de et 2011. [...]
[...] D'une part, les mandats de député et de sénateur ne sont pas les mêmes : le premier est de cinq ans, le second de six ans. De plus, on a vu que le Sénat donnait une plus large place aux praticiens c'est-à-dire à ceux qui sont plus proches d'un électorat local. Ainsi, l'équilibre est garanti entre des professionnels de la rédaction de la loi d'un côté, et ceux qui vont l'appliquer, de l'autre. Cette dualité de points de vue ne peut être que bénéfique à la démocratie française, puisque la loi sera débattue de deux manières différentes, ce qui ne peut que lui être profitable. [...]
[...] D'une part, l'âge minimum d'un sénateur est abaissé de 35 à 30 ans, et d'autre part, la durée du mandat est elle aussi abaissée, de neuf ans à six ans. En 2008, lors de la révision constitutionnelle, le Parlement dans son ensemble est soumis à de plus profonds changements : on reconnaît par exemple à soixante sénateurs et au président du Sénat le droit de saisir le Conseil Constitutionnel pour déterminer si les conditions d'exercice des pouvoirs exceptionnels du président de la République sont toujours réunis 30 jours après leur déclenchement. [...]
[...] Ce mode d'élection est critiqué, puisque contraire à la démocratie, qui suppose l'égale participation de tous au pouvoir (isocratia). Ce conservatisme est par ailleurs voulu par la Constitution, qui dispose en son article 26 que le Sénat assure la représentation des collectivités territoriales de la République Par comparaison avec l'Assemblée Nationale, le Sénat est donc moins démocratique, et représente les collectivités territoriales et non les citoyens, cela pouvant aboutir à ce qu'un sénateur puisse représenter 50.000 citoyens alors qu'un autre en représente c'est-à-dire le triple. [...]
[...] Enfin, la limite d'âge pour être sénateur a longtemps été très élevée : il fallait au minimum 35 ans pour être élu sénateur avant 2003, puis 30 ans entre 2003 et 2008, et enfin ans depuis la loi organique du 14 avril 2011. Tous ces facteurs font que le Sénat est souvent considéré comme trop conservateur. B Une efficacité contestée Le Sénat est aujourd'hui aussi contesté parce que les buts qu'il devait remplir à l'origine ne sont plus les mêmes aujourd'hui, ce qui conduit certains à penser que la création du Sénat, si elle a pu être motivée par certains objectifs, ceux-ci n'existant plus aujourd'hui, le Sénat doit en subir les conséquences. [...]
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