Si les années 1860 marquent bien un tournant dans l'ouverture libérale du régime, cette libéralisation résulte en grande partie d'une nécessité pour le régime de s'appuyer sur de nouvelles bases. Cette situation a donc instauré un régime ambivalent et des mesures nécessairement incomplètes.
) Aussitôt après 1852, le bonapartisme, rallié par les notables au moment où le « parti de l'ordre » avait choisi de soutenir la candidature de Louis Napoléon Bonaparte, affirme son autonomie face à sa composante sociale « bourgeoise ». Symboliquement, l'empereur confisque par décret la fortune de la famille d'Orléans et reverse le bénéfice de sa vente à des institutions de bienfaisance.
L'empereur, par ses nouveaux pouvoirs en matière de traité commercial, s'attire vite les réticences des manufacturiers protectionnistes, celles des propriétaires de Paris devant les bouleversements de la ville, ou encore celle des notables dont le pouvoir auprès de la paysannerie est contesté par le candidat officiel et le préfet. Les grands de l'orléanisme, Guizot, Thiers, Rémusat... trouvent un refuge dans les débats de l'Institut et dans leurs recherches historiques. Les principaux ouvrages de doctrine politique sont alors l'œuvre de penseurs républicains : La Démocratie de Vacherot, La Liberté de Jules Simon dont se nourrit, aux environs de 1860, une génération d'étudiants violemment antibonapartistes et antireligieux.
[...] L'empereur constitue donc un nouveau gouvernement. Le 11 janvier 1864, Thiers fixe les conditions de son ralliement au régime et réclame les libertés nécessaires : liberté individuelle (contre la loi de sûreté générale), liberté de la presse, liberté électorale (suppression de la candidature officielle), liberté de représentation nationale (droit d'interpellation), liberté de la majorité (responsabilité ministérielle) L'empire recherche une issue à gauche, en tentant de s'appuyer sur l'essor d'une tendance proudhonienne. Proudhon prône, à l'écart du Républicanisme politique, un projet d'organisation ouvrière fondé sur un réseau d'associations mutuelles et une action réformiste. [...]
[...] Ce retard révèle que le régime fonctionne mal parce qu'il est difficile de mélanger deux pouvoirs d'essence différente, le gouvernement personnel et le parlementarisme. D'autre part, si Ollivier, ancien Républicain rallié au régime, est un vrai libéral aux idées larges et souvent novatrices, il ne correspond pas réellement à la majorité des élections de 1869, qui est bien plus conservatrice que lui : le système qui s'installe, plutôt qu'un empire libéral et parlementariste, est donc avant tout un empire conservateur. [...]
[...] Pie IX ne mourra qu'en 1878 et entre-temps il faudra que Napoléon III lui envoie des troupes, en 1867, pour arrêter une nouvelle tentative garibaldienne à Mentana. Le Mexique stagne dans une anarchie endémique depuis qu'il s'est libéré de la domination espagnole. Les conservateurs cléricaux y disputent le pouvoir aux démocrates anticléricaux. Juarez, chef de ces derniers, suspend en 1860 le règlement des dettes extérieures. La France, l'Espagne et l'Angleterre décident une intervention commune. L'Angleterre voudrait se saisir des douanes, et l'Espagne installer un Bourbon à Mexico. [...]
[...] L'empereur doit donc libéraliser son régime et tenter de diviser la bourgeoisie. Abandonnant les Républicains et les libéraux irréductibles, qui réclament la liberté sans l'empire, il va se tourner vers ceux qu'on commence à appeler le tiers parti ce groupe de bonapartistes, constitué à partir de 1864 au sein du Corps législatif, et qui réclame la liberté avec l'empire. Le 19 janvier 1867, une lettre de l'empereur à Rouher, parue dans le moniteur, annonce une série de réformes libérales : droit d'interpellation pour les députés et les sénateurs (à la place de la simple Adresse), libéralisation de la presse, plus grande liberté de réunion. [...]
[...] C'est pourquoi le nouveau système qui naît d'une libéralisation du régime mêle monarchie parlementaire et gouvernement plébiscitaire. Un libéralisme mis en œuvre dans une optique différente que celle des régimes parlementaires comme l'Angleterre Soucieux de reconstituer un consensus profond entre les français, l'empire incarne la conviction que le retour à l'ordre passe par un développement rapide de la France, donc d'un certain productivisme économique –celui de Jean Baptiste Say et des Saint Simoniens-. Mais cette volonté de modernisation économique et le libéralisme défendus par le régime relèvent davantage d'une conception selon laquelle Révolution et contre-révolution sont les fruits du sous-développement français dont les atermoiements du parlementarisme conservateur sont largement responsables. [...]
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