La mission générale du Président de la Ve République est d'abord donnée par l'article 5 de la Constitution, qui constitue un exposé général du pouvoir présidentiel, « Le président de la République veille au respect de la Constitution, il assure par son arbitrage le fonctionnement régulier des pouvoirs publics, ainsi que la continuité de l'Etat. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire, du respect des accords de Communauté et des traités ».
Or il existe deux façons de concevoir cet article, soit qu'on se situe dans une optique parlementaire, soit qu'on se positionne dans une perspective présidentielle. Autrement dit, soit qu'on se contente d'une application littérale du texte, soit que l'on envisage la pratique qui découle de son exécution.
Ainsi, la question est de savoir en quoi l'élection du président de la République au suffrage universel direct a constitué une rupture avec le texte constitutionnel et a contribué à renforcer les pouvoirs du chef d'État.
[...] L'élection et les pouvoirs du président de la République Des intentions à la réalité, qu'est-il advenu de cette démocratie bien ordonnée ? Formule de Raymond Aron. Rarement, en effet, un régime sera à ce point infidèle à sa Constitution. Ainsi, on ne saurait comprendre la réalité du fonctionnement de l'exécutif sous la Vème République - et principalement celui du chef de l'état - en se tenant à une approche textuelle. Selon la loi du 3 juin 1958, la Constitution établit un régime parlementaire rénové (Michel Debré). [...]
[...] Elle consiste à ne voir en l'article 5 qu'un énoncé général sans valeur limitative auquel s'ajouteraient d'autres pouvoirs présidentiels, qui ne seraient pas ceux-là, des pouvoirs d'arbitrage et auxquels le contreseing ministériel n'apporterait aucune amputation. Une telle interprétation n'est évidemment pas logique dans la mesure où elle conduit à confier au seul chef de l'État une mission d'arbitre et de direction des affaires. Soit un arbitre actif. La pratique constitutionnelle nous démontre que le président provoque la démission de son premier ministre, et en même temps de son gouvernement. [...]
[...] Le collège ainsi formé comprenait environ 80000 personnes parmi lesquelles les parlementaires n'étaient plus qu'une minorité. Ce système correspondait parfaitement à la conception d'un président arbitre, placé au-dessus et donc hors des partis, garant de la Constitution, de la tradition nationale et républicaine et de la continuité de l'Etat. En somme, un monarque républicain incarnant la France profonde en harmonie parfaite avec le texte constitutionnel. I. La révision constitutionnelle de 1962 et la pratique présidentielle, consacrent un président moteur de la vie politique La Constitution de 1958, révisée en 1962, marque une rupture dans l'histoire des institutions françaises. [...]
[...] Loin de constituer le pouvoir neutre, consistant à faire arbitrer par le peuple un différend entre le gouvernement et l'assemblée, elle s'est transformée en moyen pour le chef de l'état de lui-même d'obtenir ou de ressouder une majorité favorable à l'Assemblée nationale. La dissolution est ainsi devenue dans les faits une arme au profit d'un président capitaine engagé dans l'arène politique. Pour les pouvoirs endossés, il convient de rappeler que dans un véritable régime parlementaire ceux-ci seraient purement théoriques, car ils appartiendraient au gouvernement, la signature du président demeurant obligatoire. Dans la pratique de la Ve il est tout autre. [...]
[...] Le projet reposait donc sur la volonté d'assurer la pérennité du régime en renforçant le rôle présidentiel. En effet, la stabilité du régime assurée jusque-là par la légitimité historique dont jouissait le General, ne semblait plus l'être après l'attentat échoué du petit Clamart. Il apparaît alors nécessaire de doter ses successeurs d'une légitimité démocratique qui leur permet d'assumer leur rôle. Le projet de révision constitutionnelle est alors adopté par la voie de referendum -biais qui sera beaucoup contesté- le 28 octobre 1962 à 62% des suffrages exprimés et promulgué le 6 novembre. [...]
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