La discrimination positive

Extraits

[...] La discrimination positive touche donc au principe même d'égalité républicaine. Le fait de rendre une ségrégation positive n'a jamais rendue la discrimination acceptable. Ce n'est pas une solution de corriger une injustice par une autre. Le modèle républicain et la séparation de l'Etat et de l'ethnicité interdisent toute reconnaissance juridique des groupes ethniques et toute référence à un critère ethnique en vue de l'attribution de droits, de ressources et d'obligations. L'Etat se veut neutre, aveugle aux différences, notamment à la couleur de peau des citoyens dont il a la charge (c'est ce qu'on appelle aux Etats-Unis le principe de color- blindness L'un des principes majeurs du républicanisme, c'est en effet celui d'indifférenciation du corps politique. [...]

[...] Discrimination positive : voilà une bien curieuse expression Un pur oxymore. Néanmoins, cette expression existe bel et bien et exprime un principe tangible bien que sujet à polémiques. Définition générale Revenons un instant sur cette expression. Dans Le Petit Robert (1996), la discrimination est l'action de discerner, de distinguer les choses les unes des autres avec précision, selon des critères définis. Mais dans le langage courant, la discrimination est aussi et surtout le fait de séparer un groupe social d'un autre en le traitant plus mal. [...]

[...] S'inscrivent également dans cette veine les politiques d'aménagement du territoire mises en place à partir des années 1980 : ZFU, ZRU, ZEP, la loi sur la parité homme-femme dans le cadre électoral, la récente Conventions-ZEP de l'IEP de Paris La discrimination positive a-t-elle sa place en France ? Notre pays étant de plus en plus conduit par des idées libérales, on pourrait penser que le temps de la discrimination positive est révolu. Pourtant, l'actualité laisse penser le contraire. Depuis 2-3 ans, la discrimination positive n'a jamais fait autant parler d'elle. [...]

[...] Enfin, lors de son passage à l'émission " 100 minutes pour convaincre " du 20/11/03 sur France le ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy avoua qu'il était favorable à " une discrimination positive " en faveur des musulmans, afin de rétablir une " égalité des chances " dont souffriraient les jeunes issus de l'immigration Ce débat autour de la discrimination positive est tout a fait d'actualité et semble important pour assurer la pérennité de notre démocratie. Il est difficile de dire si la discrimination positive va se développer ou au contraire être remise en cause. Le récent ouvrage d'Eric Keslassy, De la discrimination positive, peut sans doute permettre aux uns et aux autres de trouver un terrain d'entente pour lutter contre les inégalités et contre l'immobilisme. [...]

[...] Et sans doute est-il intéressant de parler de discrimination positive aujourd'hui parce que nous ne pouvons pas oublier le 21 avril et le passage au deuxième tour d'un candidat prônant la préférence nationale c'est-à-dire l'exact contraire de la discrimination positive Mais quelle est l'efficacité réelle des politiques de discrimination positive ? Le problème est de savoir si les effets pervers des programmes de discrimination positive ne sont pas pires que les problèmes qu'ils sont censés corriger. L'évaluation de ce point relève du bilan avantages/coûts à partir des données empiriques disponibles. Mais comme certaines de ces mesures sont toutes récentes (loi sur la parité il est encore très difficile d'en évaluer les retombées et de tirer des conclusions sur l'avenir. [...]