Dans quelle mesure le régime parlementaire constitue-t-il un succès dans le contexte de la Troisième République ?

Extraits

[...] Ainsi, l'exécutif perd sans le vouloir de son pouvoir d'action, et demeure passif face à un Parlement invasif. Les conséquences d'un tel déséquilibre Le parlement devient alors décisionnaire, et l'exécutif presque invisible. Ce régime parlementaire tend vers un régime de parlementarisme absolue, dans laquelle la balance des pouvoirs penche trop vers le législatif. Ce déséquilibre est la conséquence directe, comme l'explique R. Carré de Malberg, de la forme organique de ce régime parlementaire tel qu'il a été prévu en 1875 : cette fin semblait donc prévisible et surtout inévitable. [...]

[...] En abusant relativement de leur puissance, le Parlement aux partis multiples n'hésite pas à retirer sa confiance aux gouvernements en vigueur qui s'enchainent : 104 gouvernements défilent en 70 ans de République. Un exécutif passif Par ailleurs, depuis la crise de 1877, si le Président a en principe, la possibilité de dissoudre l'assemblée, il serait trop risqué de s'y essayer, les conséquences d'une nouvelle crise pouvant être fatal pour la République. Jules Grévy, élu président de la République en 1879, éprouve de la difficulté à s'opposer à un Parlement qui « exprime la volonté générale du peuple » : c'est le début de l'effacement du président dans ce régime parlementaire. [...]

[...] Dans quelle mesure le régime parlementaire constitue-t-il un succès dans le contexte de la Troisième République ? Le comte de Gobineau, diplomate français du XIXe siècle, disait que « la république en France, a ceci de particulier que personne n'en veut et que tout le monde y tient ». Et en effet, après deux tentatives échouées, la France tente une nouvelle fois, le 4 septembre 1870, d'instaurer une République durable, c'est-à-dire une organisation politique dans laquelle le pouvoir ne se transmet pas par l'hérédité. [...]

[...] Ce régime est également conçu dans la lignée d'une idéologie républicaine émergente en France. Une cohérence du régime parlementaire et de l'idéologie républicaine Un idéal républicain La naissance de ce régime parlementaire s'inscrit dans le développement des idées républicaines, et sera ainsi construit dans cette idéologie. En effet, un enchainement de lois importantes sont votées des 1880 : l'école est rendue laïque et obligatoire, la liberté d'association, de syndicat, de la presse sont promulguées. Le Parlement à majorité républicaine profite ainsi de ses prérogatives pour imposer son idéologie par de nombreuses mesures sociales. [...]

[...] Si des modèles de régimes parlementaires ont déjà vu le jour en Grande-Bretagne depuis plusieurs années, la France n'en a jamais connu : c'est un tout nouveau système qui voit le jour. Cette troisième république française s'installe donc dans un contexte critique, mais rime avec une volonté grandissante de changements, qui portera le système pendant près de 70 ans, en faisant la plus longue République jamais connue en France. A première vue, cette longévité semble inévitablement liée à un système politique stable et équilibré. Pour autant, il n'est si certain que le régime parlementaire institué sous la Troisième République ait été bâti de telle sorte à assurer une pérennité. [...]