Cette période de l'histoire italienne ainsi que ce sujet s'inscrivent dans deux préjugés historiographiques : la relecture de cette période comme celle de la fondation d'une tradition nationale et la vision d'une nation considérée comme inachevée, ne pouvant jamais aboutir. Le 14 mars 1861, Victor Emmanuel II est fait roi d'Italie par la « grâce de Dieu et la volonté de la nation ». 27 millions d'Italiens doivent apprendre à vivre ensemble et à dépasser le « campanilisme » pour former une nation.
Existence du royaume d'Italie peut relever du hasard. Pas ensemble national et territorial unitaire, la nation reste à construire. Le royaume du Piémont a su bénéficier du soutien des puissances étrangères pour chasser les occupants de la péninsule et des expéditions des patriotes et de Garibaldi qui n'étaient pas favorable à la solution piémontaise. Les annexions territoriales sont acceptées par plébiscite. Cet aboutissement n'était pas initialement prévu, le Piémont « d'un concours de circonstances favorables », selon Sergio Romano.
Anne-Marie Thiesse : « La nation nait d'un postulat d'une invention. Mais elle vit que par l'adhésion collective à cette fiction ». Identités nationales inventées. Langue commune, monuments, folklore, mais aussi mécanismes de socialisation et de politisation. Disposant d'une faible assise, le Royaume d'Italie doit donc mettre en place des mécanismes de participation et de représentation à la vie de la nation afin que les populations italiennes se sentent appartenir à la nation nouvellement conçue.
Si l'État développe une politique volontaire pour pallier ses faiblesses initiales, cela ne suffit pas à achever l'italianisation des populations italiennes. Pourtant, un puissant courant nationaliste émerge entrainant le pays dans la guerre.
Pourquoi le processus d'intégration des populations italiennes dans le Royaume d'Italie n'a pas suffi à achever l'appartenance de ces dernières à la nation italienne malgré l'apparition d'un vigoureux courant nationaliste ?
[...] Le nationalisme intellectuel. Le nationalisme intellectuel, il s'illustre par les références à la nation comme héritage naturel et une volonté de puissance de cette dernière. Le credo de ce mouvement est la formule latine de Crispi Natio quia nata nation parce que née. Ces thèses, notamment relayées par le journal de Crispi riforma- conçoivent une nation naturelle antérieure à l'unité. Le développement du nationalisme italien s'opère dans des milieux universitaires florentins marqués par la pensée irrationaliste, l'exaltation de l'individualisme et la volonté de puissance (revue il Leonardo de Giuseppe Prezzolini). [...]
[...] Cet urbanisme porte des éléments d'identification nationale : places Cavour et Risorgimento ; volonté de concurrence à l'égard du Vatican (construction du monumental palais de Justice, refus de construire des routes menant vers la basilique St Pierre, noms des rues émanant de l'univers païen) monuments nationaux sont ainsi construits à Rome. Constructions architecturales d'une monumentalité délirante Les hauts lieux de Rome incarnent cette identité nationale, en atteste l'inauguration en 1911 du grand monument consacré à Victor Emmanuel II, l'autel de la patrie il n'est pas forcément efficace. L'Etat reprend à son compte l'héritage risorgimental, même le plus radical. Inauguration de statues en l'honneur des pères du Risorgimento, Mazzini et Garibaldi. L'Etat insiste surtout sur leur patriotisme. Les cérémonies développent un lien émotionnel. [...]
[...] Un processus de politisation pour faire participer les Italiens à la vie de la nation 1. L'intégration des Italiens à une vie politique peu structurée. La faiblesse initiale de la classe politique. La base sociale et politique du royaume d'Italie est faible, la bourgeoisie est peu développée, le suffrage censitaire exclut les masses. En 1861 sont électeurs seuls les hommes de plus de 25 ans, disposant de titres universitaires ou étant membre des professions libérales supérieures ou payant plus de 40 lires d'impôts par an. La classe politique est des plus exigües. [...]
[...] Or en 1861, seuls de la population italienne utilise quotidiennement l'italien. Il s'agit d'unifier la langue. Pour Manzoni, cette unification doit être réalisée autour du Toscan, berceau de la langue italienne ; c'est la langue écrite des grands auteurs de la renaissance comme Dante Alighieri. Manzoni élabore pour le gouvernement un rapport sur L'unité de la langue et les moyens de la diffuser Pour Manzoni, la langue doit offrir les mêmes usages que les idiomes régionaux tout en incarnant la nation italienne. [...]
[...] La participation politique chute d'environ 10 points entre 1861 et 1871. L'extension du suffrage. Sous l'impulsion de Depretis est instaurée en 1882 une réforme électorale : abaissement de l'âge à 21 ans, division par deux du cens ; après un examen, tous les hommes lettrés obtiennent le droit de vote par capacité. Le nombre de votants représente alors de la population. La pratique électorale en lien avec l'alphabétisation, impose une drastique sélection. Le 30 juin 1912 est instauré le Suffrage Universel masculin : tous les hommes sont électeurs à 21 ans s'ils sont lettrés ou à 30 ans s'ils ont effectué leur service militaire. [...]
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